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France/Amérique latine

Chirac : du Brésil au Chili

Jacques Chirac a affiché son soutien à Luiz Inacio Lula da Silva, qui va bientôt entrer en campagne pour l’élection présidentielle du 1er octobre.(Photo : AFP)
Jacques Chirac a affiché son soutien à Luiz Inacio Lula da Silva, qui va bientôt entrer en campagne pour l’élection présidentielle du 1er octobre.
(Photo : AFP)
Le président français arrive au Chili où il doit rencontrer la présidente socialiste Michelle Bachelet, élue l’hiver dernier. Avant ce face-à-face inédit entre un vieux lion de la politique française –de droite- et l’une des rares femmes chefs d’Etat –de gauche-, Jacques Chirac a passé deux jours au Brésil. Pendant ce séjour, il a exhorté les entreprises françaises à investir dans le plus grand pays d’Amérique latine.

A l’occasion de l’étape brésilienne de son voyage en Amérique du Sud, le président Chirac a exhorté les entreprises françaises à investir dans l’un des pays « qui domineront l’économie mondiale en 2050. Autour de lui, se bâtit l’unité d’un continent appelé à devenir l’un des pôles de stabilité du monde ». Le président français a notamment proposé comme challenge de « doubler en dix ans », le volume des échanges franco-brésiliens, « dans tous les domaines ». Jacques Chirac a cité des projets dans le domaine spatial, dans l’aéronautique, les nouvelles énergies, les biotechnologies et les nanotechnologies.

« Aujourd’hui nous avons remboursé le Fonds monétaire international, nous avons payé nos dettes au Club de Paris, nous avons remboursé le moratoire de 1986 et il nous reste encore 61 milliards de dollars de réserves. Notre balance commerciale était déficitaire, elle est aujourd’hui excédentaire ». Dans une interview au quotidien français Le Monde, le président Lula avait expliqué, quelques heures avant l’arrivée de Jacques Chirac, à quel point les comptes de son pays se sont améliorés. Le contexte est donc favorable pour les entreprises qui veulent investir dans ce pays. 

Jacques Chirac, à l’issue de ses entretiens à Brasilia, a donc invité les entreprises françaises à se tourner vers le Brésil, pays de 185 millions d’habitants dont la croissance devrait, cette année, atteindre environ 5%. Pour le moment, la France ne représente que 3,7% des importations brésiliennes. Le chef de l’Etat français était accompagné d’une vingtaine de grands patrons. Trois d’entre eux ont signé, à l’occasion de ce voyage officiel, des contrats avec des partenaires brésiliens. L’un concerne la production de cellules (habitacles) d’hélicoptères en collaboration avec EADS ; un deuxième contrat, piloté par Thales, prévoit la fabrication de radars de longue portée destinés au marché mondial ; le dernier accord est signé par Ixis, une banque d’investissement française. Il concerne l’achat de crédit d’émissions de carbone dans le cadre du Protocole de Kyoto.

Les Français spécialisés dans le nucléaire se sont positionnés afin d’obtenir le marché et de terminer le réacteur nucléaire Angra 3. Sa construction avait été stoppée en 1986. Le président français a soutenu les industriels français dans leur démarche en déclarant que le nucléaire est « une énergie sûre, pas chère et que personne ne peut couper ». Jacques Chirac faisait allusion à la nationalisation des hydrocarbures en Bolivie et aux incertitudes qui pèsent sur l’approvisionnement en gaz du Brésil.

De l’éthanol pour le Sud

La France, pays très agricole, cherche à orienter une partie de son agriculture vers la production de cultures non alimentaires pour fabriquer des carburants verts. Le Brésil a de l’avance dans ce domaine car il produit depuis plusieurs décennies de l’éthanol, à partir de canne à sucre, à un niveau industriel. La France et le Brésil ont l’intention de proposer, au G8 de Saint-Pétersbourg, la création d’un Fonds international dédié à la production de biocombustibles, notamment de l’éthanol, dans les pays en développement.

Jacques Chirac, dont le mandat s’achève dans un an, a affiché son soutien à Luiz Inacio Lula da Silva. Ce dernier va bientôt entrer en campagne pour l’élection présidentielle du premier octobre. Les sondages lui sont pour le moment favorables. Le président français a également réaffirmé son soutien au chef de l’Etat brésilien dans sa tentative d’obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.

Les présidents français et brésilien ont discuté des négociations dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), bloquées en raison d’une impossible ouverture des marchés agricoles. Les deux chefs d’Etat n’ont pas trouvé la solution miracle. Jacques Chirac a estimé que la balle est dans le camp des Américains. Il a proposé au Brésil de « se liguer pour faire une amicale pression sur les Américains pour qu’ils deviennent plus raisonnables » sur leur soutien « tout à fait excessif » à leurs exportations agricoles. « Ce sont les Etats-Unis qui, en réalité, détiennent la clé du problème. La clé n’est ni en Europe, ni au Brésil, ni chez les pays émergents », a ajouté le président français. De son côté le président Lula a déclaré que « le Brésil et le G20 (groupe des pays émergents) sont prêts à faire des concessions pour qu’un accord soit possible ».     

Vendredi matin, le président Chirac a quitté Brasilia pour Santiago du Chili. L’étape chilienne de son voyage en Amérique latine est, elle aussi, destinée à dynamiser les investissements français. Mais les observateurs politiques attendent avec impatience la rencontre prévue entre le chef de l’Etat français et Michelle Bachelet, la jeune présidente d’un Chili en plein boum économique. Le Français et la Chilienne ne sont pas du même bord politique. Mais ils discuteront probablement de la prochaine élection présidentielle française, de la candidate favorite des Français : Ségolène Royal qui, l’hiver dernier, fut la seule membre du Parti socialiste français à avoir l’idée de venir au Chili soutenir Michelle Bachelet.


par Colette  Thomas

Article publié le 26/05/2006 Dernière mise à jour le 26/05/2006 à 17:04 TU