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Aviation

A380 : retard à l’allumage

Airbus a informé ses clients d’un nouveau retard dans la livraison des premiers A380. Des problèmes dans la fabrication et l’installation des systèmes électriques sont à l’origine de ce nouveau report de la mise en service de cet avion, le plus gros jamais construit. Les compagnies aériennes clientes seront dédommagées. Ce nouveau contretemps est un coup dur pour la compagnie aéronautique européenne en concurrence avec l’américain Boeing.
Les retards s'accumulent pour l'Airbus A-380, ici au décollage sur la piste du Bourget en juin 2005. 

		(Photo: Marc Verney/RFI)
Les retards s'accumulent pour l'Airbus A380, ici au décollage sur la piste du Bourget en juin 2005.
(Photo: Marc Verney/RFI)

Airbus en a informé les compagnies aériennes qui ont commandé des A380 : il y aura des retards de livraison. La compagnie aéronautique européenne parle « d’un recalage nécessaire des livraisons prévues, de 6 à 7 mois, (…) qui devrait limiter à 9 le nombre d’appareils livrés en 2007 ». Il était prévu de livrer l’année prochaine 20 à 25 exemplaires de ce nouvel appareil unique au monde. Le communiqué diffusé par Airbus prend soin d’expliquer que « ces nouveaux retards sont purement dus à des problèmes de production, non pas à des problèmes de certification ou de poids. Ils sont essentiellement dus à des difficultés dans la fabrication et l’installation des systèmes électriques ».  

La nouveauté de l’A380 sera son double pont (un étage). Il lui donnera une capacité de remplissage exceptionnelle. Le futur gros porteur pourra embarquer de 555 à 840 passagers selon les versions. L’A380 pourra également parcourir de longues distances comme Londres-Sidney sans escale. Côté réglementation, l’A380 devrait être certifié d’ici la fin de l’année et obtenir ainsi toutes les autorisations nécessaires pour voler et se poser sur les aéroports qui voudront bien l’accueillir malgré son poids et sa voilure : le gros porteur demandera plus d’espace au sol que les autres.

Des compagnies handicapées

Singapore Airlines ne recevra donc qu’un des deux A380 sur lesquels la compagnie aérienne comptait en 2007. Elle devrait pourtant être la première à commercialiser des vols sur ce nouvel appareil. Elle s’est dit « déçue » de ce nouveau retard. « Nous allons travailler avec Airbus pour réduire le plus possible les retards et leur impact », a indiqué un porte-parole de Singapore Airlines. Il a précisé qu’un certains nombres de « points » étaient « à l’étude » avec la compagnie aéronautique au sujet de compensations pour le retard. EADS, la compagnie mère d’Airbus, a reconnu que le groupe pourrait être amené à verser des indemnités aux compagnies qui attendent des appareils.

Une autre compagnie aérienne, Dubaï Emirates, va être handicapée dans ses plans d’expansion par ces retards de livraison. C’est ce qu’a indiqué la compagnie. Avec 43 commandes, elle est le plus gros client d’Airbus pour ce futur gros porteur ce qui représente le tiers des achats programmés. « Cela va évidemment retarder les plans de développement et affecter nos futurs revenus potentiels », indique-t-on au siège de la compagnie. « Nous avons un contrat et chaque partie a certaines obligations. Si il y a un retard de leur part, il y aura des pénalités qu’ils devront verser, et vice-versa si le retard venait de notre part ».

Dubaï Emirates devait réceptionner ses premiers A380 en avril 2007. Ces livraisons sont désormais  reportées à octobre puisque Airbus les a décalées « de six à sept mois ». C’est la seconde fois que la fabrication prend du retard. Dès décembre dernier, le président de Dubaï Emirates avait prévenu qu’un nouveau délai de 6 à 12 mois poserait de sérieux problèmes à sa compagnie car les plans de développement seraient retardés. Dubaï Emirates est contrôlé par le gouvernement de l’émirat qui investit des dizaines de milliards de dollars pour augmenter la flotte de sa compagnie. Les capacités du principal aéroport de Dubaï sont en train d’être augmentées et un deuxième aéroport est en cours de construction à Jebel Ali. Dubaï mise sur le tourisme et veut tripler le nombre de voyageurs accueillis d’ici 2010. Dubaï Emirates, en novembre 2005, a également commandé 42 Boeing 777.

La question nouvelle du kérosène

Boeing, la compagnie américaine concurrente d’Airbus, ne s’est pas lancée sur ce marché de l’avion géant. En revanche, avec son futur Boeing 787, l’américaine fait mieux que l’européenne et son A350, actuellement en cours de modifications. Jusqu’à présent, la compagnie russe Aeroflot semblait privilégier la version nouvelle de l’Airbus A350. Finalement, l’Aeroflot pourrait partager sa commande entre les deux avionneurs : la moitié pour le nouveau Boeing dont l’entrée en service est prévue pour 2008 et la moitié pour le nouvel A350 qui soit sortir en 2012.

Airbus le challenger

Par Daniel Desesquelle

«Airbus court après Boeing en matière d'innovation.»

Ces mauvaises nouvelles concernant l’A380 et l’A350 ont fait plonger l’action d’EADS, le groupe auquel appartient Airbus. Mercredi matin, le titre a perdu près du tiers de sa valeur alors qu’il avait déjà chuté au début de l’année. Les spécialistes de l’aéronautique se demandent si Airbus a fait le bon choix en se lançant dans la fabrication d’un avion gros porteur. Avec l’augmentation du prix du baril de pétrole, le kérosène pèse de plus en plus dans les coûts des compagnies. Elles sont demandeuses de moteurs plus économes en carburant. L’A380 a été mis au point à un moment où la réduction de la consommation n’était pas une préoccupation. Le Dreamliner, le nouveau modèle de Boeing sera équipé de deux moteurs au lieu de quatre et c’est un atout auprès des compagnies clientes qui cherchent à faire des économies sur tous les postes de dépenses. Et c'est au lendemain de l'annonce du retard pris par Airbus sur la mise en service de l'A380 que Boeing a choisi d'annoncer la commande de 20 Dreamliners par Singapour Airlines. 



par Colette  Thomas

Article publié le 14/06/2006Dernière mise à jour le 14/06/2006 à TU

Audio

Frédérique Tissandier

Journaliste à RFI

«Rien ne va plus pour Airbus...»

[14/06/2006]

Pierre Condon

Directeur de la rédaction de la revue «Air et Cosmos»

«Les conséquences commerciales sont relativement faibles (…) mais effectivement il y a un impact important au niveau financier.»

[14/06/2006]

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