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Espagne

Les Catalans de plus en plus autonomes

Le président socialiste du gouvernement catalan, Pasqual Maragall, s'est félicité des résultats obtenus lors du vote en faveur de l'élargissment de l'autonomie de la Catalogne. 

		(Photo: AFP)
Le président socialiste du gouvernement catalan, Pasqual Maragall, s'est félicité des résultats obtenus lors du vote en faveur de l'élargissment de l'autonomie de la Catalogne.
(Photo: AFP)
Les électeurs de la Catalogne ont voté à une écrasante majorité pour le nouveau statut d’autonomie élargie de la région. Le Premier ministre socialiste Zapatero qui défend une «Espagne plurielle» s’est félicité des résultats, et se prépare à attaquer le difficile processus du Pays basque. L’opposition de droite s’insurge contre la «balkanisation» du pays et dénonce la faible participation des électeurs catalans.

«Sí inapelable» : «  le oui sans appel ». Ainsi titrait lundi à Barcelone le quotidien La Vanguardia. En effet, 73,9 % des électeurs catalans se sont prononcés dimanche pour le nouveau statut de leur région qui est la plus riche de l’Espagne. Mais cette victoire incontestable de l’alliance entre les socialistes et les démocrates-chrétiens nationalistes catalans a été ternie par une faible participation. En effet seulement 49,4 % des cinq millions d’électeurs inscrits se sont donnés la peine de participer au référendum, tandis que 50,6 % ont sûrement préféré passer le dimanche à la plage… En 1978, après la chute du franquisme, la participation avait été largement supérieure lors de l’approbation de la nouvelle Constitution espagnole qui accorda à la Catalogne son autonomie politique et qui rétablit la Generalitat, le gouvernement régional.

La faible participation de dimanche a été largement soulignée par l’opposition de droite, le Parti Populaire (PP), lequel a garanti que «deux catalans sur trois» n’ont pas soutenu le projet du Premier ministre José Luis Zapatero. Le PP a additionné l’abstention aux 20,7 % de votes négatifs et aux 5,3 % de nuls ce qui permis à son dirigeant, Mariano Rajoy, de déclarer que seulement «un catalan sur trois a donné son appui explicite» au nouveau statut de la région. Rajoy a aussi demandé à Zapatero de mettre fin à cette «opération de liquidation de l’Espagne constitutionnelle». Il faut noter que, outre le PP, la gauche indépendantiste catalane (ERC) s’était aussi prononcée pour le non au référendum considérant que le nouveau statut ne reconnaissait pas suffisamment l’identité nationale de la Catalogne, ce qui a provoqué une rupture au sein de la coalition à la tête de la Generalitat.   

Le chef du gouvernement de Madrid, qui s’était profondément engagé en faveur du referendum, avait souligné jeudi que le nouveau statut allait renforcer l’identité de la Catalogne, lui conférant un meilleur instrument pour son développement, dans le cadre de la progression de l’Espagne autonomiste «dans la normalité institutionnelle propre aux démocraties».

Le nouveau statut va augmenter les compétences locales et les impôts

Avec le nouveau statut, les 6,8 millions de catalans vont bénéficier d’un vaste ensemble de mesures qui élargissent considérablement les compétences fiscales, judiciaires, culturelles et administratives de cette région qui est la plus riche de l’Espagne, avec ses quelque 32 000 kilomètres carrés (6 % du territoire national du pays). La Catalogne représente 18,8 % du PIB et 26,7 % des exportations espagnoles. Dorénavant les institutions catalanes, notamment la Generalitat, vont pouvoir aussi contrôler les infrastructures régionales en matière de transports routiers et ferroviaires. Elles pourront aussi nommer ses magistrats et délivrer des permis de travail aux immigrés, sans passer par le gouvernement central de Madrid. La Catalogne va aussi récupérer une partie plus importante de ses impôts et pourra augmenter ses dépenses.

Le nouveau Estatut prévoit aussi le renforcement de la langue catalane qui deviendra prioritaire dans l’administration, l’enseignement et les médias. L’Espagnol (castillan) se transformera ainsi en une sorte de langue étrangère, même s’il est actuellement parlé par plus de 94 % de la population de la Catalogne.

Le résultat du référendum de dimanche est contraignant et définitif, ce qui a provoque des appréhensions dans la classe politique espagnole, étant donné que 54 % des Espagnols s’étaient prononcés contre le statut d’autonomie élargie des Catalans, selon un sondage publié fin mai par le quotidien El Mundo. Outre le PP qui a combattu le nouveau statut de la Catalogne, des divergences ont aussi surgi à ce sujet au sein du parti socialiste, PSOE, au pouvoir à Madrid. 

Après la Catalogne, le Pays basque

Le Premier ministre espagnol José Luis Zapatero se prépare maintenant à s’attaquer au dossier délicat du Pays basque, où les sentiments indépendantistes sont encore plus importants que chez les Catalans. Le victoire du « oui » au référendum de dimanche est un atout important pour le chef du gouvernement de Madrid qui avait repoussé l’ouverture des délicates  négociations avec les extrémistes basques de l’ETA, responsables de la mort de 800 personnes depuis 38 ans, mais qui ont décrété une cessez-le-feu permanent depuis le 24 mars. Ces négociations, vivement contestées par la droite qui ne veut pas discuter avec des «terroristes», devront commencer cet été. Zapatero qui est à mi-chemin de son mandat va ainsi jouer sa réélection. 

L’Espagne compte un total de 17 régions où les sentiments autonomistes sont plus ou moins prononcés, la Catalogne et le Pays basque étant considérés comme les cas plus les difficiles à l’échelle nationale. Mais l’Andalousie, pourtant très proche de la Castille centralisatrice, va proposer un projet qui fait aussi référence à son identité nationale, tandis que les îles Baléares souhaiteraient bénéficier de 50 % de ses recettes fiscales, au lieu des 30 % actuels. Le nouveau Estatut de la Catalogne a donné des idées à d’autres régions espagnoles.



par Antonio  Garcia

Article publié le 19/06/2006Dernière mise à jour le 19/06/2006 à TU