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Mexique

Présidentielle : pas de résultat avant plusieurs jours

Felipe Calderon (G), le candidat de droite, et Andres Manuel Lopez Obrador, celui de gauche, tous deux crient victoire à l'élection présidentielle. Les résultats officiels seront communiqués le mercredi 5 juillet. 

		(Photo : AFP)
Felipe Calderon (G), le candidat de droite, et Andres Manuel Lopez Obrador, celui de gauche, tous deux crient victoire à l'élection présidentielle. Les résultats officiels seront communiqués le mercredi 5 juillet.
(Photo : AFP)
Bien que les autorités électorales se soient refusées à déclarer le gagnant des élections présidentielles, les deux principaux candidats n’ont pas voulu attendre et se sont déclarés vainqueurs.

De notre correspondant à Mexico

Confusion absolue et situation totalement inédite. L’IFE, l’Institut fédéral électoral a refusé d’annoncer quel était le gagnant de l’élection présidentielle. Trois heures après la fermeture des bureaux de vote, Carlos Ugalde, le président de l’autorité électorale a expliqué que les résultats entre les deux candidats de droite et de gauche étaient si serrés que les enquêtes réalisées à la sortie des urnes ne pouvaient être fiables et qu’il ne servait à rien d’attendre la fin du décompte des votes car il fallait recompter les voix, district par district, et que cette opération ne pourrait commencer que mercredi prochain.

A cette déclaration qui a surpris tous les Mexicains s’est ajoutée celle du président Vicente Fox. Celui-ci semblait lire un discours bien peu spontané qui donnait l’impression d’avoir été préparé de longue date et qui demandait aux Mexicains de confirmer, par leur patience, leurs sentiments civiques et démocratiques en acceptant la décision de l’IFE de ne proclamer les résultats que dans quelques jours.

Aussitôt, le candidat de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador a donné une conférence de presse, déterminé à ne pas se faire voler la victoire. Il s’est donc déclaré vainqueur, signalant qu’il avait 2% d’avance, plus de 500 000 voix, sur son adversaire Felipe Calderon. Devant ses partisans réunis sur la place de la Constitution, et sous une pluie battante, il a déclaré : « J’exige, je demande aux autorités électorales que soient respectés nos résultats. Nous avons triomphé, nous avons gagné et je remercie la majorité des Mexicains de leur appui. Je remercie beaucoup les gens pauvres, les gens simples car notre victoire est irréversible ».

En réaction, Felipe Calderon, comme excédé par la déclaration de Lopez Obrador, s’est lui aussi déclaré le vrai vainqueur avec 4 points d’avance, présentant les résultats de plusieurs enquêtes de sortie des urnes. « Nous avons 38,3 % des voix contre seulement 35,7 % pour le PRD. Avec un tel résultat, mes amis, il n’y a aucun doute que nous avons remporté les élections. »

Doute sur l’impartialité de la commission électorale

Les résultats annoncés par les 2 candidats démontrent donc qu’il existe une différence suffisante entre eux pour que l’Institut électoral fédéral puisse proclamer les résultats. Cette position de Carlos Ugalde, le président de l’IFE, met effet en doute son impartialité. Depuis quelques semaines, plusieurs journaux ainsi que des parlementaires ont questionné cet institut sur sa lenteur à vérifier certains faits troublants. A tel point que certains ont commencé à parler de fraudes possibles. En effet, après une campagne électorale négative, basée sur la peur et orchestrée par le candidat de droite, Felipe Calderon, le PAN, le parti au pouvoir a engrangé des voix dans une série de sondages d’opinion que les médias ont repris sans chercher à vérifier le bien fondé de leurs résultats.

A cela se sont ajoutées des manipulations des listes électorales, toujours de la part du PAN, sans que l’IFE n’intervienne rapidement. Enfin, le beau-frère de Felipe Calderon a été mêlé, de près ou de loin, aux sociétés chargées du comptage informatique des votes. Ces incongruités électorales ont jeté un doute sur la partialité de l’IFE qui, curieusement, a fait pendant un mois une campagne sur le thème de la nouvelle démocratie mexicaine engageant les électeurs à accepter les résultats que Carlos Ugalde proclamerait  le soir des élections. Les Mexicains sont donc dans l’expectative.

La chute du PRI

Hormis les craintes d’une fraude, ces élections ont démontré un effondrement du PRI, le parti de l’ancien régime dont le candidat Roberto Madrazo se retrouve en troisième position à environ 10 points de distance. Il pourrait bien perdre sa position dominante au Parlement. C’est peut-être justement le report des voix du PRI sur les deux autres candidats qui pourrait expliquer la situation de match nul entre les deux premiers candidats, ce que les enquêtes n’avaient pas pu constater.

Parallèlement à l’élection présidentielle se déroulaient 3 élections de gouverneurs. Le PAN a confirmé son hégémonie dans les Etats de Guanajuato et de Jalisco qu’il détenait déjà. Dans la ville de Mexico, le PRD, avec Marcelo Ebrard, a remporté une nouvelle fois la mairie avec plus de 50% des suffrages.



par Patrice  Gouy

Article publié le 03/07/2006Dernière mise à jour le 03/07/2006 à TU

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Jean-Pierre Boris

Journaliste à RFI

«C'est le tribunal électoral qui devra trancher, en fonction des résultats qui lui auront été communiqués mais aussi des contestations éventuelles.»

[03/07/2006]

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