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Territoires palestiniens

Blog-notes de Ramallah (3)

Derrière le mur : chroniques de la vie quotidienne dans les Territoires palestiniens, par Karim Lebhour.

Jeudi 26 octobre
Devine qui vient dîner ce soir ?

«Ils ont tout détruit !». Rajaa, journaliste et traducteur à Gaza (cf post du 7 août Blog-notes 1) est amer. Il y a une dizaine de jours, une cinquantaine de soldats israéliens ont fait irruption dans la maison familiale de Khan Younès où vivent sa mère et quatre de ses sœurs, dans le sud de la bande de Gaza. La maison surplombe la frontière avec Israël et offre une vue dégagée sur tous les environs. Un avant-poste militaire idéal. Les soldats ont dit être à la recherche de combattants, d’armes, de tunnels et de renseignements sur Gilad Shalit.   Après avoir fouillé toutes les habitations, ils ont pris leurs quartiers dans la maison de Rajaa. Pendant trois jours, les quatre femmes ont été retenues sous leur propre toit «sans doute pour dissuader les combattants d’attaquer la maison», confinées dans une pièce, avec l’obligation de demander l’autorisation et d’être accompagnées de deux hommes pour se rendre à la cuisine ou aux toilettes. Pendant ce temps, à l’extérieur, Rajaa essayait, en vain, d’obtenir que sa mère puisse sortir pour raisons médicales.

On imagine sans peine les dégâts que peuvent occasionner une cinquantaine de militaires stationnés dans une maison d’habitation. «Il a fallu trois jours pour nettoyer la maison et la rendre de nouveau habitable». Le pire pour Rajaa, ce sont les quelques dizaines d’arbres qui ont été arrachés : «Des oliviers, des pommiers, des orangers. Certains avaient plus de quarante ans. Tout notre patrimoine ! Ils ont dit que les combattants pouvaient s’y cacher». Deux téléphones portables et les bijoux que l’une des sœurs avait reçus comme dot en vue d’un prochain mariage ont également disparu. «Après le passage des soldats, les gens du Hamas sont venus. Ils ont donné de l’argent aux habitants affiliés Hamas pour les destructions». Rajaa n’est pas Hamas. Il n’a rien eu, si ce n’est un coup de fil de l’armée israélienne l’informant qu’il pourra récupérer les téléphones portables «une fois que nous aurons fini les vérifications sur les numéros».


Samedi 21 octobre
Al-Aqsa « la lointaine »

Un Palestinien tente de convaincre un soldat israélien de le laisser passer à Jérusalem. 

		(Photo: Karim Lebhour/RFI)
Un Palestinien tente de convaincre un soldat israélien de le laisser passer à Jérusalem.
(Photo: Karim Lebhour/RFI)

8 h. Des centaines de personnes se pressent contre les barrières érigées avant le point de passage de Qalandia. C’est un vendredi à haut risque, le dernier du mois de ramadan, «El-Yatimi» le vendredi «orphelin» et plus de 250 000 personnes sont attendus pour la prière à la mosquée d’Al-Aqsa de Jérusalem. La semaine dernière au même endroit, des affrontements ont opposé les soldats israéliens et les Palestiniens qui tentaient de passer. Cette fois, les barrages autour des villes palestiniennes ont été resserrés. Quelqu’un dit avoir franchi six check points depuis Naplouse. Tapis de prière à la main, Abdelilah a quitté son village dans les environs de Ramallah à 5 h du matin. Depuis, il attend ici. Les soldats ne laissent passer que les femmes et les hommes de plus de 45 ans. Il n’aura 45 ans que dans deux mois.

9 h. La tension monte. Les Palestiniens agitent leur carte d’identité sous le nez des soldats et poussent les barrières. Certains parviennent à se faufiler, mais ils se retrouvent coincés à l’intérieur du point de passage. Roni, une Israélienne de Mahsum Watch (surveillance des check points) observe la scène. « En tant qu’Israélienne, j’ai honte. Le droit de chacun à exercer librement sa religion est inscrit dans la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël de 1948. Nous qui sommes si sensibles à la liberté de culte, voilà ce que nous faisons. » Un homme intervient: «Nous ne sommes pas des touristes. On veut seulement aller prier». La foule qui se masse contre les grilles commence à gronder. Un policier lance en hébreu: «Dispersez-les ! Utilisez la force !» Ils se contentent de taper avec leurs bâtons sur les portes en fer. On recule.

11 h. Autre check point, à Ram. Deux policiers à cheval barrent le passage. L’heure tourne. La prière est à midi, mais quelques dizaines de personnes restent dans l’espoir d’un assouplissement au dernier moment. Naïm, 45 ans moins un mois, arrive de Hébron. Il a essayé de passer par Bethléem et Abou Dis (faubourg de Jérusalem). Sans succès. Il se doute bien qu’il ne passera pas. « On restera jusqu’à la dernière minute. Si on ne passe pas, mais que l’on fait de notre mieux, alors ce ne sera pas un péché ». Soudain, les deux policiers à cheval chargent. Tout le monde se met à courir. J’ai le temps de voir un projectile lancé dans notre direction. «Bang!» C’était une grenade sonore. Inutile de s’attarder. Les agences de presse rapporteront des incidents similaires en plusieurs endroits autour de Jérusalem. Sans gravité. 

11 h 15. Le passeport français nous ouvre la route de Jérusalem. On prend un bus. Là encore, à l’entrée de  la ville, un barrage volant a été mis en place. Un  autre conducteur interpelle notre chauffeur par la fenêtre: «On peut passer par French Hill?» Quelqu’un dans le bus lance: « Seulement en volant, tu peux y aller!» Mieux vaut terminer à pied.

12 h. Dans la  vieille ville. Un flot continu de fidèles converge vers l’esplanade des Mosquées. Sans trop savoir pourquoi, on se laisse porter par la foule, jusqu’à se retrouver sur l’esplanade. Un homme explique avoir dormi ici pendant deux jours pour être sûr d’être présent. La prière commence. A peine quelques minutes pour lesquelles des dizaines, peut-être des centaines de milliers de personnes ont tenté par tous les moyens de franchir les quelques kilomètres qui les séparent de la mosquée d’Al-Aqsa, « la lointaine » en arabe.



Lundi 16 octobre
Un week-end en Jordanie

Des soldats arrêtent un jeune palestinien, vendredi, au checkpoint de Qalandia. 

		(Photo: Karim LEBHOUR/ RFI)
Des soldats arrêtent un jeune palestinien, vendredi, au checkpoint de Qalandia.
(Photo: Karim LEBHOUR/ RFI)

Vendredi midi, au point de passage de Qalandia entre Ramallah et Jérusalem. Il flotte une forte odeur de gaz lacrymogène et des soldats israéliens courent dans tous les sens. Derrière sa vitre blindée, le soldat de faction à qui je demande ce qui se passe lâche, laconique : «C’est Ramadan». Une Britannique qui passe avec moi s’emporte : «C’est Ramadan, alors il faut leur tirer dessus ?». Le soldat lève les yeux au ciel comme pour dire : «Mais qu’est-ce que j’y peux ? ». De l’autre côté, deux observateurs de Christian Peacemaker Teams, une organisation pacifiste, expliquent que plusieurs centaines de Palestiniens ont tenté de passer pour aller prier à Jérusalem. Les soldats ont tiré des balles caoutchoutées et des grenades sonores pour les disperser.

Porte de Damas, à l’entrée de la vieille ville de Jérusalem, je me faufile dans une cohue de dizaines de cars et de milliers de personnes qui sortent de la prière. Tout le monde n’a donc pas été bloqué. A la gare routière de Jérusalem (Ouest) une jeune femme explique, en Français, à une amie qu’elle a été retardée par les nombreuses forces de police autour de la partie arabe de la ville et conclut : «Il doit se passer quelque chose chez eux».

J’attends un bus pour la frontière jordanienne. Un «visa trip» (voir le post daté du 17 septembre) dont je me passerais bien. Je pensais naïvement que le bus pour Bet Shean, la ville la plus proche du poste frontière de Cheikh Hussein, contournerait la Cisjordanie pour rester en territoire israélien. En fait, le bus traverse en direction de Jéricho et remonte la vallée du Jourdain en déposant les passagers dans les nombreuses colonies. Nous roulons sur des routes réservées aux véhicules israéliens. La division mentale à laquelle nous sommes habituée en Europe, entre Cisjordanie d’un côté et Israël de l’autre, n’est pas opérante sur le terrain. J’y reviendrai.

Arrivé en Jordanie, difficile d’oublier le conflit israélo-palestinien. Tous les chauffeurs de taxi que je croise se disent «Palestiniens». De Hébron, de Tulkarem, de Naplouse… On estime qu’entre 50 et 80% des habitants de Jordanie sont d’origine palestinienne. L’un deux m’explique qu’il vient de Jaffa (port de pêche arabe prés de Tel Aviv) et commence à décrire la beauté des lieux, la mer, la maison familiale… Il a moins de 40 ans et je m’étonne qu’il puisse être né là-bas. «Non, mon père est parti en 1948. Moi, je suis né en Jordanie». Mais il dit être «de Jaffa». C’est l’un des nœuds de ce conflit. Les réfugiés palestiniens ont transmis à leurs enfants l’identité et la nostalgie de la Palestine, rendant tout compromis sur le «droit au retour» extrêmement difficile.

A Amman, un autre conflit occupe les esprits : l’Irak. Le prix de l’essence ne cesse de grimper depuis que l’Irak de Saddam Hussein a cessé de livrer gratuitement son pétrole à la Jordanie. «Un dinar le gallon, contre un demi-dinar l’année dernière», ronchonne un chauffeur de taxi. Nazim, le correspondant de RFI, décrit les tensions que font peser les centaines de milliers d’Irakiens qui viennent s’installer en Jordanie pour fuir les violences. Les prix immobiliers s’envolent et le ressentiment grandit dans la classe moyenne jordanienne contre ces Irakiens aisés, dont certains n’hésitent pas à verser 140 000 dollars pour acheter la nationalité jordanienne.

De retour dans les Territoires, j’en apprends un peu plus sur les heurts de vendredi. Les manifestants palestiniens ont tenté de prendre d’assaut une portion du mur un peu moins haute que les autres dans le quartier de Ram, à l’aide d’une échelle de pompiers. «C’est la même chose tous les ans, confie une journaliste palestinienne. Les Palestiniens de toute la Cisjordanie veulent aller prier à Jérusalem avant la fin du Ramadan. Le dernier vendredi est le pire. Les gens partent à 3 ou 4 h du matin pour essayer de passer». C’est vendredi prochain.


Jeudi 12 octobre
Les mésaventures du pigiste

Il y a quelques jours, un journal francophone égyptien, Al-Ahram Hebdo, m’a demandé une correspondance sur les violences entre le Hamas et le Fatah. J’avais travaillé avec ce journal quand j’étais coopérant au Caire. J’y ai gardé des amis et j’accepte volontiers d’écrire un article de 900 mots. En lisant le journal, hier, je constate que l’article a été modifié. Passons sur la réécriture de certaines phrases. C’est un peu frustrant quand on a l’impression que les changements alourdissent le texte, mais c’est la règle du jeu et le rôle des secrétaires de rédaction. Plus gênant, un passage entier a été ajouté, accusant Israël d’être derrière ces affrontements.

Là où j’avais écrit : «Si le Hamas et le Fatah ne cessent pas leurs invectives, il y aura inévitablement de nouveaux affrontements, ajoute le Dr Ali Jarbawi, professeur de sciences politiques à l’Université de Bir Zeit. Peut-être pas une guerre civile. Mais sans doute des assassinats ciblés parmi les responsables de chaque camp.»

Al-Ahram Hebdo a ajouté : «Un scénario que beaucoup de spécialistes avaient évoqué au lendemain de la victoire du Hamas aux législatives. Les Israéliens pousseront les Palestiniens à se battre entre eux, pour dire que ce n’est pas Israël qui provoque la crise. L’occupation n’y serait ainsi pour rien.»

D’abord, c’est mal écrit. Mais surtout, je n’aurais jamais écrit ça, parce que je n’ai aucun élément pour le faire. La responsabilité de la politique israélienne dans la rivalité Fatah-Hamas, les tensions provoquées par sept mois de salaires non payés et une situation de crise humanitaire, mérite sans aucun doute un autre article ou tout au moins d’être étayés par des faits précis. Mais en l’absence de sources, ce n’est pas une information, c’est un commentaire qui relève davantage de l’éditorial que du reportage.

Une mésaventure similaire, bien qu’involontaire, était arrivée à la correspondante de Libération en Egypte. Elle terminait son article sur des manifestations au Caire par : « (…) la tyrannie du régime d’Hosni Moubarak». Les guillemets avaient sauté à la mise en page, lui valant un coup de fil du bureau de presse des journalistes étrangers, où son explication n’avait qu’à moitié convaincu.


Mercredi 11 octobre
Naplouse : que fait la police ?

Posters à la gloire des «martyrs» sur les murs de Naplouse. 

		(Photo : Karim Lebhour/RFI)
Posters à la gloire des «martyrs» sur les murs de Naplouse.
(Photo : Karim Lebhour/RFI)

C’est un détail qu’on ne remarque pas tout de suite. A Naplouse, il n’y a pas de policiers dans les rues. L’explication se trouve dans la photo en médaillon que Do’a, 11 ans, porte autour du cou. Son frère ? «Non, c’est Fadi». Fadi Qafaishah, le chef des Brigades des martyrs d’al-Aqsa de Naplouse, tué par l’armée israélienne cet été. Naplouse appartient aux groupes armés et plus précisément aux «Brigades», comme en témoignent les murs tapissés d’affiches à la gloire des «martyrs».

Dans le confort de sa maison bourgeoise sur les hauteurs de la ville, Samir raconte le dernier fait divers. Quelques jours plus tôt, des garçons se montraient un peu trop pressants avec un groupe de filles. Les gens du quartier ont appelé les «Brigades». L’un des jeunes importuns a été tué. Je retrouve une journaliste suisse qui écrit un livre sur le camp de réfugiés de Balata, à la sortie de la ville. «Vous allez à Balata ?». Samir n’y mettra pas les pieds. Pour les gens de Naplouse, Balata est un repère de délinquants qu’il convient d’éviter. «Ils se croient tout permis. Si tu as un problème avec un gars de Balata, tout le camp te tombe dessus !».

Des enfants dans des ruelles du camp Balata. 

		(Photo : Karim Lebhour/RFI)
Des enfants dans des ruelles du camp Balata.
(Photo : Karim Lebhour/RFI)

Balata est aussi l’un des points névralgiques de l’Intifada. Les ruelles étroites du camp, sont le cauchemar des soldats israéliens et les affrontements sont quotidiens. Dans le camp, nous croisons surtout des groupes d’enfants surexcités par notre présence : «Tu veux voir des armes ?». «Pourquoi tu en as ?». «Mon père, il a des fusils. C’est pour tuer les Israéliens ?». «Les combattants sortent la nuit pour se poster sur les toits», précise notre contact dans le camp. Ils sont nombreux ? «Peut-être une vingtaine dans tout le camp, soutenus par des combattants occasionnels.» Vingt personnes ! On est loin du cliché de la nation en armes.

Matthew, un photographe américain, vient de passer trois mois à Balata pour monter un atelier photo avec les gamins du camp. Il n’a pas attendu d’avoir des subventions pour lancer son projet. Sans argent, avec seulement un appareil photo et une salle de cours, il explique les subtilités du cadrage, l’importance du premier plan, avec pour seul consigne de témoigner de leur entourage. Le résultat est étonnant. Une partie des photos est visible sur http://picturebalata.net. Le site de Matthew vaut également le coup d’œil.


Lundi 9 octobre
«Le doigt sur la gâchette»

On s’en étonnerait presque. Depuis plusieurs jours, pas un coup de feu dans les rues de Ramallah. Après une semaine pétaradante qui a laissé douze morts et plus d’une centaine de blessés dans les Territoires palestiniens, le calme semble être revenu. Vendredi, je suis allé prendre la température dans la mosquée Gamal Abdel Nasser, réputée proche du Hamas. L’iman avait choisi un sermon de circonstance : l’unité palestinienne. «Le Saint Coran dit que si deux musulmans se combattent, ils iront tous les deux en enfer !».

Si le Hamas est connu pour sa discipline, il n’en va pas de même pour les multiples factions qui gravitent autour du Fatah. «Le Fatah est dans un état de désorganisation. Il n’y a pas de décision centrale», confiait un responsable du parti de Mahmoud Abbas, qui blâme «les irresponsables des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa. Des adolescents, des chômeurs issus du sous-prolétariat des camps qui n’ont aucune culture démocratique et qui pensent que la violence peut régler toutes les contradictions politiques. Ils sont dans une logique de vendetta. Pour eux, il y a eu du sang et quelqu’un doit payer.» Sans compter qu’aucun des problèmes qui ont conduit à la poussée de fièvre de la semaine dernière ne sont réglés : les salaires des employés de l’Autorité ne sont toujours pas payés, la grève des profs et des fonctionnaires se poursuit et les efforts pour constituer un gouvernement d’union nationale sont toujours dans l’impasse.

Le discours hebdomadaire d’Ismaïl Haniyeh, vendredi à Gaza, n’était guère encourageant : «Nous resterons au gouvernement et nous ne reconnaîtrons pas Israël», martelait le premier ministre Hamas, dénonçant «une forme de mutinerie contre le gouvernement» de la part des forces de sécurité restées loyales au Fatah. Ce qui fait dire à un journaliste de Gaza : «C’est le calme avant la tempête. Ils ont tous le doigt sur la gâchette».


Mercredi 4 octobre
Gilad Shalit et la boule de cristal

Non, ce n’est pas un album de Tintin ! L’armée israélienne aurait eu recours à des voyants pour tenter de localiser le lieu de détention du soldat Gilad Shalit, enlevé par un commando palestinien à la fin du mois de juin dans la bande de Gaza. L’anecdote est rapportée par la chaîne israélienne Channel 2. Info ou intox ? Selon la chaîne, l’armée a présenté des cartes détaillées de la bande de Gaza à au moins deux voyants. La première  a pointé le camp de Nuseirat dans le centre de la bande de Gaza, décrivant une maison à deux pièces avec des orangers devant l’entrée. Consultés, les services de renseignements israéliens ont alors indiqué qu’il n’existait pas de maison répondant à ces critères dans le camp. Les militaires ne se sont pas découragés et ont consulté un autre voyant qui a indiqué un autre lieu. Sans grand succès, visiblement, puisque Gilad Shalit est toujours détenu et que les négociations pour sa libération traînent en longueur. D’ailleurs, les médiateurs égyptiens ont prévenu : si Gilad Shalit n’est pas libéré d’ici la fin du mois de Ramadan (le 22 octobre), Israël pourrait lancer une nouvelle opération militaire d’envergure à Gaza.


Lundi 2 octobre
«Attention, ce soir il y a du mouvement»

Tac-tac-tac-tac-tac… Le bruit des armes automatiques claque dans Ramallah. L’armée israélienne n’y est pour rien. Ce sont les vieux démons des affrontements interpalestiniens qui se réveillent. A Gaza, des heurts entre partisans du Fatah et du Hamas ont fait huit morts et plus d’une centaine de blessés. Sitôt la nouvelle connue à Ramallah, des centaines de militants pro-Fatah répondent par une manifestation au centre-ville au cri de «Hamas dehors !» et incendient les bureaux (vides) du Premier ministre Hamas, Ismaïl Haniyé.

A la nuit tombée, une étrange atmosphère s’empare de la ville. Les rumeurs courent : Le Hamas va répliquer. Ils vont organiser une contre-manifestation dans la soirée. Finalement, ce sont quelques dizaines qui manifestent «contre la violence» à l’appel du député indépendant Mustapha Barghouti. Mais les shebab, les jeunes partisans du Fatah sont surexcités et, ce soir, la ville leur appartient. Ils tournent en voiture, en tirant quelques rafales. Le mot circule : «Attention, ce soir il y a du mouvement. Mieux vaut ne pas sortir». Je vais quand même souhaiter un bon anniversaire à Benjamin, le correspondant du Monde. Un ami lui lance en plaisantant à moitié : «Tu t’en souviendras de ton anniversaire. Le premier jour de la guerre civile palestinienne !».

Vers deux heures du matin, le calme revient. Une heure plus tard, nouveau raffut : c’est le Msaharati qui roule du tambour pour réveiller les habitants du quartier à l’heure du sohour, le dernier repas avant l’aube et le début de la journée de jeûne.


Lire le précédent blog-notes : Ramallah (2)



par Karim  Lebhour

Article publié le 03/07/2006 Dernière mise à jour le 03/07/2006 à 14:52 TU