Coupe du monde 2006
La finale pour les adieux de Zidane
(Photo : AFP)
Composition des équipes sans surprise de part et d’autre. Raymond Domenech aligne son équipe-type, la même pour la troisième fois consécutive (ce qui, dit-on, ne s’était jamais produit depuis 1958) avec un seul joueur en pointe, Thierry Henry. Chez les Portugais, Luis Felipe Scolari a récupéré Deco et Costinha, suspendus contre l’Angleterre. Cristiano Ronaldo et le capitaine Figo, un moment incertains, sont également présents. La promesse d’un beau spectacle en principe et d’un duel acharné entre deux formations très proches l’une de l’autre qui offrent la particularité d’avoir à peu prés le même système de jeu. Pas de favori à Munich pour cette deuxième demi-finale un peu comme la veille à Dortmund entre Allemands et Italiens. Et les derniers matches des deux équipes n’ont pas éclairé la lanterne des plus fins analystes. Un bon cinquante –cinquante.
Dominés dans le jeu, les Français mènent pourtant à la mi-temps
Les premières minutes de la rencontre confirment l’équilibre du pronostic, même si le milieu de terrain portugais animé par Deco et l’insaisissable Cristiano Ronaldo ne cesse d’avoir le pied sur l’accélérateur poussant la défense française à des sauvetages in extremis, comme sur cette frappe de Deco difficilement reprise par Barthez. Dans le même temps les Bleus paraissent plus lents, moins collectifs dans leur approche de la zone de vérité des Lusitaniens.. premier quart d’heure à l’avantage des partenaires de Luis Figo, dominateurs au milieu de terrain. Zidane est en train de réorganiser le jeu sur le terrain, de replacer ses camarades. Les Français se parlent pour retrouver le tempo du match précédent contre le Brésil. Trois tirs dont deux cadrés pour les Rouges, un seul pour les Bleus. Incontestablement les Français ne sont pas dans le bon rythme, peut-être parce que les Portugais ont bien enfermé Zizou le maestro.Le jeu français manque de fluidité et de profondeur.
31e minute : les Bleus obtiennent un penalty pour une légère faute de Carvalho sur Thierry Henry. Zidane à l’exécution. Et 1-0 pour la France. Le capitaine des Bleus a placé le ballon sur la droite de Ricardo pourtant parti du bon côté. Voilà qui change brusquement les données de la rencontre et qui doit obliger les Portugais à, sans doute, s’avancer davantage encore. Les minutes qui suivent sont difficiles pour les Bleus pressés aux abords de leur surface et sous la menace des accélérations de Ronaldo qui a souvent tendance à en rajouter un peu. Mais Barthez veille au grain et le tandem Thuram – Gallas laisse passer l’orage. Le sort au terme de la première période a été favorable a l’équipe de France devant une équipe mieux en jambes et beaucoup plus offensive.
Crispation à tous les étages
Laconique tout autant que réaliste au retour des vestiaires, Raymond Domenech analyse « on a su résister ». Tout juste. On n’aurait pas dit mieux que le sélectionneur. Tout est loin d’être fait même si les Portugais ont paru payer en toute fin de première période commencer à payer leurs efforts. Coup sur coup Henry puis Ribéry mettent en difficulté Ricardo. Plutôt bon signe pour la suite de la partie. Le faux rythme imposé par les Bleus semble payant, d’autant que Deco n’a plus curieusement la verve qu’il affichait au début de la rencontre. Cette deuxième mi-temps sent la fin de la compétition. La fatigue est visible comme elle l’a été la veille du côté des Allemands à bout de souffle. Et les Portugais n’ont pas été avares d’efforts quand les Français se sont ménagés, attendant l’opportunité de placer quelques contre-attaques. C’est leur plus sûr atout. Après tout ce sont eux qui sont qualifiés à moins d’une demi-heure de la fin de la partie.. Changements : Pauleta laisse sa place à Simao et Malouda à Wiltord. Les nerfs des supporteurs sont soumis à rude épreuve. Le chasseur portugais ne trouve pas le bon angle de tir. A son tour Ribéry quitte le terrain au profit de Sidney Govou et Costinha l’imite en laissant sa place à Helder Postiga. Tous les Français, Henry compris jouent dans leur moitié de terrain. Stratégie de repli. Résister, encore résister à une équipe de moins en moins vaillante. Soixante-dix septième minute, Barthez, sur un coup franc de Ronaldo, frise la correctionnelle en relâchant le ballon devant Figo qui met au-dessus. Ultime changement chez les Français, Louis Saha prend le relais de Thierry Henry. Tiens les mêmes changements que contre le Brésil ! La fin de match est poignante alors que la Marseillaise résonne à pleins poumons dans les tribunes.Les Français sont à la limite de l’épuisement et leurs rivaux ne valent pas mieux. Quatre minutes de temps additionnel. Que c’est long pour tout le monde. Une grosse frappe de Fernando Meira met en alerte Barthez. Au dessus et à côté. Sur le dernier corner Ricardo a totalement déserté sa cage pour venir dans la surface de Barthez. Energie du désespoir. Trop tard. L’Uruguayen Jorge Larrionda siffle la fin de la rencontre. Les Français sont en finale.
Huit ans après le 12 juillet 1998 la France jouera la seconde finale de son histoire avec l’espoir de faire, contre les Italiens, la même chose que face aux Brésiliens. Ce sera dur, très dur. Encore plus dur que face aux Portugais qui quittent la pelouse avec une besace pleine de regrets. Ils ont plus tenté que les Français mais, aux portes du bonheur, les Français auront été de magnifiques résistants.
La fiche technique
France - Portugal 1 - 0 (1-0)
5 juillet, Munich, Allianz Arena
Spectateurs: 66.000
Arbitre: Jorge Larrionda (Uruguay)
But: Zidane (33 sur penalty.) pour la France
Avertissements: Louis Saha (87) pour la France; Ricardo Carvalho (82) pour le Portugal
Les équipes:
France: Barthez - Sagnol, Thuram, Gallas, Abidal - Makelele, Vieira - Ribéry (Govou 72), Zidane (cap), Malouda (Wiltord 69) - Henry (Saha 85). Entraîneur: Raymond Domenech
Portugal: Ricardo - Miguel (Paulo Ferreira 63), Fernando Meira, Ricardo Carvalho, Nuno Valente - Costinha (Helder Postiga 75), Maniche - Figo (cap), Deco, Cristiano Ronaldo - Pauleta (Simao Sabrosa 68). Entraîneur: Luiz Felipe Scolari (Brésil)
par Gérard Dreyfus
Article publié le 05/07/2006Dernière mise à jour le 05/07/2006 à TU