Mali - Burkina
Bamako et Ouaga jouent l’apaisement malgré 9 morts
(Carte : RFI)
De notre correspondant au Burkina Faso
C’est par un communiqué de presse signé du ministre burkinabè de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément Sawadogo, que l’opinion a été informée lundi soir des affrontements entre populations maliennes et burkinabè à la frontière des deux pays. Selon les correspondants régionaux de l’Agence d’information du Burkina (AIB), tout serait parti d’une dispute autour d’un lopin de terre le 29 juin dernier entre deux paysans : l’un malien du village de Wanian dans la commune rurale de Mafouné (région de Ségou) au Mali et l’autre burkinabè du village de Ouoronkuy dans le département de Djibasso (région du Mouhoun, ex- Volta) au Burkina.
Cette dispute a été sans doute la goutte d’eau qui a fait déborder le vase entre les deux villages distants seulement de
Le village s’est vidé de ses habitants
Cette fois, après la dispute entre les deux paysans le 29 juin, les habitants de Wanian et d’autres villages maliens auraient, selon la version de la presse locale, organisé une expédition punitive le lendemain contre Ouoronkuy. Les assaillants auraient tout détruit sur leur passage : greniers, bétail, maisons. Ils auraient même emporté des vélos et lynchés plusieurs personnes. Pour les habitants de Ouoronkuy blessés dans leur amour propre, c’était le déshonneur. Ils décidèrent à leur tour de laver l’affront. Et c’est en pénétrant sur le territoire malien qu’ils allaient tomber dans une embuscade. Suit alors un affrontement violent soldé par 9 morts et de nombreux blessés côté burkinabè et une dizaine de blessés côté malien. La plupart des victimes ont été tuées à coup de fusils avant d’être mutilées.
Alerté, le haut-commissaire de la province de la Kossi dont relève la zone de conflit s’est rendu le 1er juillet à Ouoronkuy. Mais il ne trouvera personne. Le village s’était vidé de ses habitants (un millier environ) qui ont fui pour se réfugier à Djibasso situé à
Eviter à tout prix une escalade
La mission du haut-commissaire de la Kossi a néanmoins continué en territoire malien pour ramasser les corps des victimes avant d’appeler la population au calme. Le 4 juillet, ce fut le tour du gouverneur de la région du Mouhoun pascal Bénon de se rendre sur place à Djibasso et dans le village frontalier. Au cours d’un rassemblement avec les populations de Ouoronkuy et des villages voisins, il a exhorté les villageois à faire preuve de retenue. Il les a informées des dispositions prises par le gouvernement burkinabè à savoir le renforcement de la surveillance du territoire et une aide d’urgence pour ceux qui ont perdu leurs récoltes au cours des violences du 30 juin. Parallèlement au gouverneur de région, le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation a lancé un appel au calme et à la retenue.
A Bamako et à Ouagadougou, on ne veut pas perdre de temps pour circonscrire le problème. Les souvenirs des deux guerres (1974, 1985) ne sont pas loin. Les deux pays s’étaient affrontés à deux reprises à la suite d’un différend frontalier avant de le trancher
Ce samedi, les ministres chargés de l’Administration territoriale des deux pays devraient se rencontrer dans la zone pour tenter de réconcilier les deux parties. Selon les témoignages de burkinabè, les terres agricoles en cause sont administrativement situées en territoire malien. Mais selon le droit coutumier, elles appartiendraient au village de Ouoronkuy situé en territoire burkinabè. Un litige donc que le simple bornage de la frontière ne suffit pas à trancher.
par Alpha Barry
Article publié le 07/07/2006Dernière mise à jour le 07/07/2006 à TU