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Amérique latine

Le Mercosur renforcé après le sommet de Córdoba

Grâce à la bonne entente entre les présidents argentin et brésilien, le marché commun sud-américain est relancé. Kirchner et Lula ont su répondre aux revendications du Paraguay et de l’Uruguay, tout en évitant les dérapages annoncés en raison de la présence de Fidel Castro et Hugo Chávez.
Les présidents sud-américains Lula et Kirchner. 

		(Photo : AFP)
Les présidents sud-américains Lula et Kirchner.
(Photo : AFP)

De notre envoyé spécial à Córdoba

Le Mercosur s’est incontestablement renforcé à Córdoba, à l’occasion de son trentième sommet qui s’est tenu les 20 et 21 juillet dans cette ville du centre de l’Argentine. Ce n’était pas gagné d’avance, tant les risques de dérapage paraissaient importants. En raison, d’abord, de la présence du leader cubain Fidel Castro, invité pour parapher un accord commercial avec son pays. Mais aussi parce qu’il s’agissait de la première participation du Venezuela, représenté par son président Hugo Chávez, comme cinquième État membre du marché commun sud-américain, aux côtés des quatre fondateurs, Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay. Qui plus est, de nombreux contentieux bilatéraux opposaient plusieurs participants, qu’il s’agisse de membres à part entière ou de pays associés (Bolivie, Chili, Colombie, Équateur et Pérou).

Dans un premier temps, on a d’ailleurs craint le pire, Chávez proposant d’emblée, alors que l’on attendait encore Castro, une relance du Mercosur dans le cadre d’une stratégie de rupture avec les États-Unis et de la mondialisation d’inspiration « libérale ». Mais l’Argentin Néstor Kirchner et le Brésilien Luis Inacio Lula da Silva ont su rectifier le tir. De concert, celui qui était encore pour quelques heures le président en exercice du Mercosur et son successeur pour les six mois à venir, ont discrètement mais fermement rappelé au chef de l’État vénézuélien que l’objet de la réunion était l’intégration économique et que l’appartenance au bloc régional imposait le respect de règles communes.

Un marché de 250 millions d’habitants

Quant au chef de l’État cubain, il n’a pas eu droit a un traitement particulier, bien au contraire, Kirchner et Lula veillant, par ailleurs, à éviter de se trouver en tête à tête avec lui. Ils ont également tenu à limiter la portée politique de l’accord avec l’île, même s’il est vrai que celui-ci contribuera à alléger le poids du blocus économique imposé par les Etats-Unis et que c’est aussi une manière de préparer l’après-Castro. En ce sens, la démarche du Mercosur n’est pas sans rappeler celle mise en oeuvre vis-à-vis de Cuba par l’Union européenne depuis des années.

Toute équivoque étant ainsi levée, le sommet s'est mis au travail. S’adressant à l’Uruguayen Tabaré Vázquez et au Paraguayen Nicanor Duarte Frutos, les présidents argentin et brésilien ont promis que les attentes de leurs pays, aux dimensions plus modestes, seraient mieux prises en compte à l’avenir, répondant ainsi à des revendications exprimées depuis des années à Montevideo comme à Asunción. Un fonds et des mécanismes compensatoires seront mis en place dans les prochains mois afin d’aider l’Uruguay et le Paraguay.

Kirchner et Lula ont également précisé l’apport attendu du Venezuela, en tant que contributeur (avec l’Argentine et le Brésil), au capital de la Banque de développement du Mercosur, dont la création fut annoncée à Córdoba, comme pièce maîtresse du nouvel équilibre énergétique de l’Amérique du Sud. A cet égard, le « grand gazoduc du Sud » que Chávez souhaite faire construire pour alimenter les centres industriels argentins et brésiliens à partir des gisements vénézuéliens, a été amplifié : la Bolivie, deuxième exportateur de gaz de la région après le Venezuela, et pays associé au Mercosur, l’Uruguay et le Paraguay ont été intégrés au projet.

Réunissant les trois plus importantes économies sud-américaines, le Mercosur à cinq est un marché de 250 millions d’habitants dont le PIB dépasse 1 000 milliards de dollars (77 % de celui de la région). Avec les cinq pays associés, il rassemble la quasi totalité de l’Amérique du Sud et il a vocation a s’étendre vers le Nord (le Mexique est candidat à l’association), ainsi que l'a rappelé Lula dans son discours de clôture. Se félicitant des avancées de Córdoba, les présidents brésilien et argentin ont comparé le rôle de leurs pays dans la région à celui joué traditionnellement par la France et l’Allemagne en Europe. Non sans raison : s’il y a une leçon à tirer de ce sommet, c’est bien que l’intégration sud-américaine dépend beaucoup de l’entente entre le Brésil et l’Argentine.



par Jean-Louis  Buchet

Article publié le 23/07/2006Dernière mise à jour le 23/07/2006 à TU

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XXXe sommet du Mercosur

«La convergence idéologique facilite les choses, mais ce qui finalement compte ce sont les intérêts nationaux de chaque pays.»

[23/07/2006]

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