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Togo

Ils ont tous signé !

Blaise Compaoré au moment de la signature de l'Accord de Ouagadougou. 

		(Photo : Alpha Barry / RFI)
Blaise Compaoré au moment de la signature de l'Accord de Ouagadougou.
(Photo : Alpha Barry / RFI)
C’est fait. Le Togo s’engage dans la voie de la réconciliation. Tous les principaux acteurs du dialogue national ont signé l’accord qui était attendu par tous pour remettre le Togo sur la voie de la démocratie avec la participation de tous. La cérémonie de signature s’est déroulée dimanche 20 août à Lomé.

De notre envoyé spécial à Lomé

Il y avait un air de fête dimanche à Lomé. En effet, tous les acteurs de la crise togolaise avaient rendez-vous pour signer un «Accord politique global» conclu vendredi à Ouagadougou sous la médiation du président du Burkina, Blaise Compaoré, après plus de 10 jours de consultations bilatérales et de négociations en plénière dans la capitale burkinabè. Cet accord devrait permettre de mettre en place un gouvernement d’union nationale ouvert à tous les partis politiques et aboutir à l’organisation d’élections législatives «justes, transparentes et démocratiques».

Gilchrist Olympio n'a pas fait le déplacement

Jusqu’au bout, de nombreux Togolais ne croyaient pas à la signature d’un  accord entre opposition et pouvoir, tant les positions étaient tranchées depuis notamment la présidentielle d’avril 2005 qui s’est soldée par de nombreux morts et réfugiés. La cérémonie de signature était donc plus qu’importante pour chacun des acteurs. Elle a duré près de deux heures avec de nombreux symboles dans une ambiance de musique religieuse distillée par deux chorales. Elle s’est voulue solennelle avec la présence des présidents togolais, Faure Gnassingbé, et burkinabè, Blaise Compaoré. Les trois autres chefs d’Etat de la région (Bénin, Ghana et Niger) se sont faits représenter. L’opposant historique Gilchrist Olympio qui vit en France et qui avait été reçu le 12 août par Compaoré à Ouagadougou n’a pas fait le déplacement comme le souhaitait la médiation burkinabè. Mais il n’empêche son parti était bien représenté par son conseiller Eric Armerding, le vice-président du parti Patrick Lawson et le secrétaire général Jean-Pierre Fabre. Tous ont pris place aux côtés des délégués du Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti au pouvoir.

Chahuts, plaisanteries, rigolades… l’ambiance était bon enfant entre ceux qui apparaissaient il y a encore quelques temps comme des ennemis jurés. On se souvient qu’avant l’ouverture des pourparlers, les délégués de la CDPA et de l’UFC avaient refusé de voyager à bord de l’avion présidentiel togolais affrété spécialement pour la circonstance. Toute cette méfiance semble appartenir désormais au passé. Et les nombreux Togolais qui étaient encore sceptiques ont pu voir en direct à la télévision chacun des leaders politiques apposer sa signature sur le document final de l’Accord sous les applaudissements de la salle Concorde de l’Hôtel-du-2-février qui a eu du mal à contenir tous les invités. Dans son discours, Blaise Compaoré a parlé d'une nouvelle page pour le Togo.

«Aujourd’hui, la république togolaise est prête dans sa raison comme dans son cœur à engager l’ensemble de ses filles et de ses fils pour  l’écriture d’une nouvelle page de son histoire», a-t-il déclaré au début de son intervention entrecoupée de tonnerres d’applaudissements.    «En ce jour mémorable, le Togo a décidé d’offrir à l’Afrique l’image d’une nation réconciliée avec elle-même», a ajouté le président burkinabè. Très satisfait des résultats de l’Accord de Ouagadougou, le président togolais Faure Gnassingbé a demandé à toute la salle de se lever pour acclamer son homologue burkinabè pour son rôle joué dans la réconciliation des acteurs de la crise. Il a parlé d’un esprit nouveau qui souffle sur le Togo. Il s’est engagé à mettre en œuvre intégralement les accords et a invité chacun des signataires à respecter les engagements pris.

Les fonds européens vont être dégelés

Le respect des engagements demeure la principale préoccupation des Togolais qui ont déjà été témoins de nombreux accords signés qui se sont soldés par des échecs. La cérémonie s’est achevée par une photo de famille avec tous les leaders politiques et les deux chefs d’Etat. Sur la photo Faure Gnassingbé et le représentant d’Olympio sont côte à côte. Tout un symbole comme celui par lequel la cérémonie avait débuté, à savoir la signature d’un accord de financement entre le Togo et l’Union européenne. Cet accord signé publiquement porte sur des fonds correspondant à la période 1990/94. Ils étaient gelés à cause de la suspension de la coopération européenne intervenue depuis 1993 pour «déficit démocratique» constaté au Togo. Conformément aux 22 engagements signés par le gouvernement togolais et Bruxelles, la reprise du dialogue inter-togolais a contribué à une reprise graduelle de l’aide selon Filiberto Ceriani Sebregondi, ambassadeur de l’Union européenne auprès du Togo.

«La décision a été prise d’inclure le Togo dans la programmation du 10è FED [Fonds européen de développement], a précisé le représentant de l’Europe. Maintenant, il reste les fonds du 9è FED qui concerne les années passées. Ils seront débloqués lorsqu’un calendrier électoral sera fixé et lorsque de nouvelles élections seront organisées». Selon l’Union européenne, l’accord signé devrait accélérer le processus de normalisation avec Lomé. Le facilitateur Blaise Compaoré a quant à lui a appelé la communauté internationale à une reprise rapide de la coopération avec le Togo. Il s’est proposé pour assister les protagonistes de la scène politique pour la mise en œuvre des accords.



par Alpha  Barry

Article publié le 21/08/2006 Dernière mise à jour le 21/08/2006 à 16:08 TU