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Proche-Orient

Finul : les candidats attendent un mandat clair

Le gouvernement italien a donné son approbation pour déployer ses troupes au Liban mais le nombre de soldats n'a pas été encore décidé par Romano Prodi. 

		(Photo : AFP)
Le gouvernement italien a donné son approbation pour déployer ses troupes au Liban mais le nombre de soldats n'a pas été encore décidé par Romano Prodi.
(Photo : AFP)
L’Italie, sollicitée par Israël pour commander la nouvelle force de l’Onu au Liban, hésite à se substituer à la France, initialement pressentie. Rome consulte ses partenaires européens avant de connaître précisément les règles d’engagement de cette Finul élargie. Celles-ci devraient être finalisées cette semaine, selon les Nations unies qui espèrent que cela encouragera des candidats réticents à envoyer des troupes. A la demande de Paris, une réunion des Vingt-Cinq est prévue mercredi à Bruxelles pour tenter de coordonner les efforts dans ce sens.

Quelle sera la structure de la nouvelle Finul ? De quelles garanties de sécurité bénéficieront les casques bleus qui se déploieront au sud du Liban, entre un Hezbollah qui refuse de désarmer, des soldats israéliens sur le qui-vive et une armée libanaise aux capacités de contrôle incertaines ? Si une patrouille de la Finul croise des miliciens chiites transportant des roquettes, que devront faire les soldats onusiens ? C’est à ces questions, notamment, que doivent répondre cette semaine les Nations unies, afin de lever les incertitudes qui préoccupent les contributeurs potentiels.

Un proche de Kofi Annan a tenu à rassurer, dimanche à Beyrouth : « Les règles d'engagement sont presque finalisées », a promis Vijay Nambiar, conseiller spécial du secrétaire général de l'Onu. Selon lui, elles pourraient être connues « dans les prochains jours ». Le plus tôt sera le mieux, espère un autre collaborateur du secrétaire général, son adjoint Mark Malloch Brown, qui prévient que « chaque retard accroît le risque d'une reprise du conflit ».

La résolution 1701 du Conseil de sécurité a permis une trêve précaire, effective depuis le 14 août, sans toutefois que s’instaure un véritable cessez-le-feu. Mais ses autres dispositions essentielles ne sont toujours pas mises en œuvre, en particulier le désarmement du Hezbollah, la levée du blocus israélien sur le Liban et le déploiement d’une nouvelle force internationale avec des effectifs passant de 2000 à 15000 hommes et un mandat élargi.

Romano Prodi pressé d’accepter la tête de la Finul

Entre l’Onu et les pays contributeurs semble s’être établi une sorte de cercle vicieux du préalable : promettez-nous d’envoyer des troupes, s’impatiente la première ; dites-nous d’abord quelle sera la mission, demandent les seconds. Cette semaine devrait permettre de clarifier les choses. A la demande de la France, la présidence finlandaise de l'Union européenne (UE) va réunir mercredi ses partenaires européens qu'elle veut convaincre de contribuer plus généreusement à la force d'interposition internationale au Liban. Les Vingt-Cinq se rencontreront à Bruxelles au niveau du Comité politique et de sécurité de l'Union européenne (COPS). « La France, et quelques autres pays, ont estimé qu'une telle réunion était nécessaire à des fins de coordination », a précisé un haut responsable du ministère finlandais des Affaires étrangères.

Parmi ces « autres » pays figure, au premier chef, l’Italie. Dimanche, le Premier ministre israélien Ehud Olmert a souhaité que l’armée italienne joue un « rôle primordial » au sein de la Finul. Au cours d’un entretien téléphonique, il a explicitement demandé à son homologue Romano Prodi que l’Italie « guide la force internationale », et qu’elle « assure le contrôle des postes-frontières entre la Syrie et le Liban ». D’autres dirigeants ont également pressé Romano Prodi d’accepter cette responsabilité pour son pays, dont ses homologues libanais Fouad Siniora et britannique, Tony Blair, ainsi que la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice.

« La cible privilégiée d’attentats terroristes »

Réservant sa décision, le président du Conseil italien ne s’est pas formellement engagé. Selon un communiqué du cabinet israélien, Romano Prodi a répondu « qu'il avait l'intention d'envoyer un contingent conséquent afin qu'il puisse remplir sa mission et qu'il soumettrait au plus tôt la question au Parlement italien ». Selon la presse italienne, cette prudence s’explique par la crainte de voir l’Italie se retrouver seule en première ligne, suivie seulement par quelques maigres contingents européens. Des experts militaires italiens, cités par le quotidien Il Messaggero, estiment que « prendre la tête de la mission internationale au moment où d’autres pays se défilent pourrait exposer notre pays à des risques très graves et en faire la cible privilégiée d’attentats terroristes ».

Romano Prodi hésite également à prendre trop rapidement une place qui semblait dévolue à la France. Dans un premier temps, celle-ci avait été fortement pressentie par les Nations unies à cause de son rôle de premier plan dans le processus diplomatique. Mais en fin de semaine dernière, Paris a semblé hésiter, n’envoyant pour l’instant au Liban que 200 soldats et attendant, outre des précisions sur le mandat de la Finul, des engagements de ses partenaires européens.

Aussi Romano Prodi a-t-il téléphoné, dimanche soir, au président français Jacques Chirac. « Nous n’avons aucun problème avec la France, a cru devoir préciser à la presse le dirigeant italien. Chaque pays prendra sa décision et il n’y aura rien d’autre à faire qu’à en prendre acte ». Lundi, la plupart des acteurs internationaux s’impatientaient de voir la situation se débloquer. « Nous souhaitons que s’exprime le plus rapidement possible une solidarité européenne » concernant la Finul, a déclaré Philippe Douste-Blazy, le ministre français des Affaires étrangères.

Quant au président américain George W. Bush, lequel n’a pas prévu d’envoyer au Liban des soldats qui seraient de toute façon indésirables, il a affirmé « le besoin urgent » que la force internationale renforcée se déploie « aussi vite que possible », ajoutant : « La France a eu une relation très étroite avec le Liban. Des liens historiques existent avec le Liban. J'espère qu'ils engageront davantage de troupes ».



par Philippe  Quillerier

Article publié le 21/08/2006 Dernière mise à jour le 21/08/2006 à 17:10 TU