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Côte d'Ivoire

Pollution: comment s’en débarrasser ?

Ici, seuls le Premier ministre Charles Konan Banny (deuxième en partant de la droite), la ministre française déléguée à la Coopération Brigitte Girardin (à droite) et certains de leurs collaborateurs portent un masque. Les mesures de sécurité ne sont pas les mêmes pour tout le monde.  

		(Photo : AFP)
Ici, seuls le Premier ministre Charles Konan Banny (deuxième en partant de la droite), la ministre française déléguée à la Coopération Brigitte Girardin (à droite) et certains de leurs collaborateurs portent un masque. Les mesures de sécurité ne sont pas les mêmes pour tout le monde.
(Photo : AFP)
Une grande solidarité internationale s’est manifestée en faveur de la Côte d’Ivoire démunie face à une catastrophe écologique causée par le déchargement d’une cargaison toxique des soutes du «Probo Koala», le 19 août dernier. Les associations de quartier évoquent de plus en plus les moyens limités du dispositif sanitaire mis en place par l’Etat ivoirien. Et, malgré les appels au calme, nombreux sont les riverains de certains sites qui ont préféré déménager, surtout avec la persistance de certaines odeurs nauséabondes.

Le scandale des déchets toxiques déversés à Abidjan a mis toute la Côte d’Ivoire en émoi. Le gouvernement a été emporté  pour «négligence dans la gestion de crise», selon les propres termes de l’entourage du Premier ministre. Ce dernier à mis sur pied une commission d’enquête qui mène des investigations sur le plan administratif. Elle travaille avec un comité interministériel dirigé par le ministre du Plan «démissionné», Paul Bohoun Bouabré. En dehors de la recherche de défaillance ou de complicité supposée au Port autonome d’Abidjan, le comité dirigé par M. Bouabré veut également rechercher des responsabilités internationales. «La Côte d’Ivoire utilisera tous les textes internationaux à sa disposition pour obtenir réparation. Nous n’avons pas l’intention d’être la poubelle du monde», a-t-il déclaré.

Mais pour l’instant les produits incriminés gisent toujours dans une dizaine de décharges des communes d’Abidjan. Les riverains commencent par s’organiser en association pour défendre leurs intérêts et se plaignent notamment de manque de signalisation indiquant clairement les sites dangereux. Les cordons d’isolement ne seraient pas sécurisés et les périmètres de sécurité restent perméables. Seul le site Internet de l’ambassade de France à Abidjan prévient les populations du danger de s’approcher des «sites pollués à moins de 150 mètres».

Containers ou bunker pour stocker les déchets toxiques

Les analyses se poursuivent, mais les déchets liquides, boueux et solides ne sont toujours pas enlevés. Certaines autorités parlent de la construction d’un bunker pour stocker ces déchets dangereux. Cette hypothèse s’inscrit dans la durée, or il est urgent d’agir. Pour M. Bouabré une réponse immédiate à apporter au problème serait le stockage dans des containers, pour éventuellement un jour retourner ces déchets «à l’envoyeur». Pour cela, il s’appuie sur la convention de Bâle signée en 1989 qui sanctionne les expéditeurs en les obligeant à rependre «leurs déchets illégalement déversés dans un autre pays» et à supporter le coût de l’indemnisation et de la dépollution.

En plus de la dizaine d’experts français dépêchés en Côte d’Ivoire de nombreuses organisations internationales envoient aussi leurs spécialistes pour aider les autorités ivoiriennes. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a envoyé 3 experts qui seront chargés de la coordination technique et de la gestion de l’information relative aux déchets toxiques. L’Union européenne et la Suisse ont aussi envoyé à Abidjan leurs experts. L’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) a dépêché sur place un spécialiste en déchets toxiques qui travaillera sur la «décontamination». Il devra également rédiger un rapport à soumettre aux instances internationales spécialisées qui, à leur tour, étudieront la possibilité de débloquer en urgence des fonds pour le nettoyage des sites.  



par Didier  Samson

Article publié le 12/09/2006 Dernière mise à jour le 12/09/2006 à 17:53 TU