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Côte d'Ivoire

Echec de la médiation de l’Union africaine

Le président en exercice de l'Union africaine Denis Sassou Nguesso (à gauche), ici en compagnie du président ivoirien Laurent Gbagbo, repart d'Abidjan déçu de n'avoir pu obtenir la relance du processus de paix. 

		(Photo : AFP)
Le président en exercice de l'Union africaine Denis Sassou Nguesso (à gauche), ici en compagnie du président ivoirien Laurent Gbagbo, repart d'Abidjan déçu de n'avoir pu obtenir la relance du processus de paix.
(Photo : AFP)
L’intervention du président en exercice de l’Union africaine, Denis Sassou Nguesso pour relancer le processus électoral s’est soldée par un échec. La reconstitution d’une équipe gouvernementale semble être aussi un point de blocage dans la relance du processus de paix. Le Premier ministre Charles Konan Banny avait dissout son gouvernement, le 6 septembre dernier, suite au scandale des déchets toxiques.

Le président de la République du Congo et président en exercice de l’Union africaine (UA) a exprimé le 12 septembre à Abidjan son «regret» de n’avoir pas pu obtenir un accord qui agrée tous les protagonistes de la crise en Côte d’Ivoire. Avant la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU le 20 septembre prochain au sujet de la Côte d’Ivoire, il importait pour l’UA, de trouver un compromis pour la relance du processus de paix et de montrer à la communauté internationale sa capacité à résoudre les conflits sur le continent. La résolution 1633 du Conseil de sécurité qui avait prorogé exceptionnellement pour une durée d’un an le mandat du président de la République arrive à son terme. Le Premier ministre, Charles Konan Banny nommé pour conduire le processus électoral reconnaît que l’échéance du 30 octobre ne pourra pas être respectée.  

Charles Konan Banny avait déjà tenter de «débloquer» la situation en convoquant une conférence, le 5 septembre à Yamoussoukro, des principaux leaders politiques. Constatant les profondes divergences entre les différentes familles politiques, il avait cependant dit sa foi dans les discussions et rencontres de cette nature qui donneront un jour des résultats probants. Sauf que les délais sont courts et qu’il faut bien arriver à quelque chose avant le terme du 30 octobre fixé par l’ONU. «Il faut que quelque chose se passe», comme disent les Ivoiriens.

Car l’inconnu fait peur en Côte d’Ivoire. Charles Konan Banny avait saisi l’occasion du scandale des déchets toxiques déversés à Abidjan pour limoger tout son gouvernement. Il avait tenté quelque chose. Mais les effets ont été sans grandes conséquences sur la vie politique ivoirienne. La méthode du Premier ministre, «courageuse» pour certains, est qualifiée de «maladroite» par d’autres. Ces derniers, pour la plupart de l’opposition, refusent de prendre en considération la démission du gouvernement et certains ministres se considèrent toujours en poste. Pour eux, la maladresse de Charles Konan Banny commence par la remise de la démission de son gouvernement au Président Laurent Gbagbo, qui n’avait pas décidé de la nomination du gouvernement en décembre 2005. De nombreux ministres ont déclaré ne pas être concernés par l’acte du Premier et refusent a priori de reconnaître un nouveau gouvernement dont ils ne seraient pas membres.

Sassou Nguesso est reparti déçu

Toutes ces considérations n’ont pas échappé à Denis Sassou Nguesso, qui a réuni autour de lui les principaux leaders politiques, Henri Konan Bédié, Alassane Dramane Ouattara, Guillaume Soro, Laurent Gbagbo et Charles Konan Banny. Les discussions avaient abouti à la signature d’un texte commun dans lequel tous les protagonistes disent avoir «pris acte de la démission du gouvernement intervenue à la suite de ces faits (déversement des déchets toxiques à Abidjan) et de l’engagement du Premier ministre à constituer très rapidement une nouvelle équipe gouvernementale».

Dans le même texte, les signataires semblaient aussi être tombés d’accord pour relancer le processus électoral. Ils avaient prévu de déroger «de façon exceptionnelle et transitoire au code de la nationalité» pour favoriser la reprise des «audiences foraines» qui devraient déboucher sur la délivrance immédiate des certificats de nationalité. Les procédures simplifiées, sous l’autorité des magistrats désignés à cet effet, n’ont finalement pas convaincu Laurent Gbagbo. «Il n’y a pas eu de consensus autour du désarmement et des audiences foraines», a reconnu le président de l’UA. Il est reparti d’Abidjan déçu en indiquant, néanmoins que le Premier ministre Charles Konan Banny avait élaboré un nouveau plan de sortie de crise. La prochaine étape déterminante dans l’avenir immédiat de la Côte d’Ivoire est la réunion du Conseil de sécurité le 20 septembre à New York.



par Didier  Samson

Article publié le 13/09/2006 Dernière mise à jour le 13/09/2006 à 18:00 TU