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Côte d'Ivoire

Comment relancer le processus de paix ?

Charles Konan Banny a demandé aux principaux acteurs de la vie politique ivoirienne de se retrouver autour de lui à Yamoussoukro pour débattre de l’avenir de leurs pays. Le président Laurent Gbagbo, dont le mandat est arrivé à terme en octobre 2005 s’est vu octroyer un an supplémentaire dans le fauteuil présidentiel par le Conseil de sécurité de l’Onu. Un an plus tard, le Premier ministre désigné, Charles Konan Banny et la communauté internationale se sont rendu comptes de l’impossibilité de respecter le calendrier initialement prévu.
Guillaume Soro (FN), Charles Konan Banny (Premier ministre), Laurent Gbagbo (président), Henri Konan Bédié (PDCI-RDA), et Alassane Dramane Ouattara (RDR),  le 5 septembre 2006 à Yamoussoukro en Côte d'Ivoire. 

		(Photo: AFP)
Guillaume Soro (FN), Charles Konan Banny (Premier ministre), Laurent Gbagbo (président), Henri Konan Bédié (PDCI-RDA), et Alassane Dramane Ouattara (RDR), le 5 septembre 2006 à Yamoussoukro en Côte d'Ivoire.
(Photo: AFP)

C’est pour aplanir les divergences qui bloquent le processus de paix que le Premier ministre a invité Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Alassane Dramane Ouattara président du Rassemblement des républicains (RDR), Guillaume Soro, chef de la rébellion des Forces nouvelles (FN) à Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire. De nombreux détails techniques et de sécurité ont retardé le début des travaux. Il a fallu, par exemple, déterminer d’abord qui devrait assurer la sécurité de la salle de réunion, la zone rouge ; cette charge a finalement été dévolue aux soldats de l’Onuci. Autour de cette zone, un autre périmètre, la zone verte est réservée aux conseillers des leaders invités. Enfin, plus loin la zone jaune réservée à la presse.  

A cette réunion qui a démarré en milieu d’après-midi, tous les invités étaient présents. On note tout de même que le Premier ministre n’a pas jugé nécessaire d’associer à cette rencontre, Pascal Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti présidentiel. Ce dernier ne s’en est pas offusqué, et dans une interview accordée au journal Notre Voie, il estime que le forum convoqué par Charles Konan Banny, n’est «ni qualifié ni compétent» pour traiter de la question de fin mandat du président de la République. Néanmoins, il attend de cette réunion «la remise sur les rails du processus de désarmement, de réunification du pays et de préparation des élections».

Le mandat présidentiel en question

Depuis quelques mois, le processus de paix a connu un coup d’arrêt. Les «audiences foraines» pour la validation des certificats de nationalité, l’établissement des listes électorales, le désarmement surtout dans les régions du nord sous contrôle des Forces nouvelles n’ont pu être sainement accomplis. A un moment ou à un autre tous les groupes politiques ont manifesté des désaccords sur la conduite du processus électoral, occasionnant des blocages. Toutes ces difficultés accumulées ont ramené la Côte d’Ivoire à la situation politique d’octobre 2005 : faut-il, oui ou non, proroger le mandat présidentiel ?

Cette même question se pose aujourd’hui avec acuité, puisque rien n’est prévu sur le plan national par les acteurs politiques pour y répondre. Chaque groupe politique se tourne vers les siens pour asséner des certitudes aux antipodes de celles de l’adversaire. Pour l’opposition, les Forces nouvelles et le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le mandat du Président Laurent Gbagbo ne devrait pas être à nouveau prorogé. Le camp présidentiel pense évidemment tout le contraire et plaide pour le maintien du chef de l’Etat en place et ce jusqu’à la tenue d’une élection présidentielle. Pour Henri Konan Bédié, président du (PDCI) et Alassane Dramane Ouattara (RDR), la fin du mois d’octobre 2006 serait cruciale. Même son de cloche du côté des Forces nouvelles qui se sont retranchées dans la moitié nord en attendant cette échéance.

Le partage du pouvoir

Cette situation de blocage a laissé le terrain libre aux déclarations diverses, telles que celles du président Omar Bongo du Gabon qui suggère une transition de 24 mois avec Laurent Gbagbo maintenu dans son fauteuil présidentiel, flanqué d’un vice-président en la personne d’Alassane Dramane Ouattara, d’un Premier ministre, Guillaume Soro, et d’un président d’une Assemblée constituante, Henri Konan Bédié. Dans la transition selon Bongo, exit donc Charles Konan Banny. Un autre scénario «à la Congolaise» est aussi évoqué dans lequel les trois leaders de l’opposition, Soro, Bédié et Ouattara seraient nommés vice-présidents. Mais avant d’envisager des solutions de remplacement de la situation actuelle, Pierre Schori, le représentant des Nations unies en Côte d’Ivoire, souhaite que «les cinq parties trouvent, entre hommes responsables, des solutions pour sortir de la crise».

Les résultats de la rencontre de Yamoussoukro donneront du grain à moudre au Groupe de travail international (GTI), chargé de suivre le processus de paix, qui se réunira à Abidjan le 8 septembre prochain en prélude à la réunion des Nations unies sur la Côte d’Ivoire le 20 septembre prochain.



par Didier  Samson

Article publié le 05/09/2006 Dernière mise à jour le 05/09/2006 à 18:30 TU