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Côte d'Ivoire

Vers un nouveau report de la présidentielle

Le représentant de l'ONU en Côte d'Ivoire, Pierre Schori, veut éviter de mettre de l’huile sur le feu.  

		(Photo: AFP)
Le représentant de l'ONU en Côte d'Ivoire, Pierre Schori, veut éviter de mettre de l’huile sur le feu.
(Photo: AFP)
Pierre Schori, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire émet des doutes, sur la tenue de l’élection présidentielle à quelque deux mois de l’échéance fixée par le Conseil de sécurité.

Comme si tout le monde attendait cela ! Dès que Pierre Schori le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies a déclaré que toutes les conditions n’étaient pas réunies pour la tenue de l’élection présidentielle à la date butoir du 31 octobre fixée par le Conseil de sécurité , les langues se sont déliées. Tous les partis politiques y vont de leurs commentaires et naturellement tout le monde pense détenir la bonne solution pour résoudre le problème. Pour Pierre Schori, «il  faut une volonté politique positive pour avancer vers la sortie de crise». Ce qui n’est pas actuellement le cas, faute de listes électorales, et de conditions suffisantes pour la tenue d’une consultation normale, ce qu’il impute au manque de volonté politique voire une stratégie de pourrissement entretenue par les uns et par les autres. 

Avant la tenue de prochaine réunion de l’ONU sur la Côte d’Ivoire, qui doit se tenir à la mi-septembre à New York, Pierre Schori a engagé cette semaine des rencontres avec tous les protagonistes de la crise ivoirienne. Après avoir été reçu par le président Laurent Gbagbo, et le Premier ministre, Charles Konan Banny, il a tenu à préciser que les consultations onusiennes n’avaient pas pour objet de décider du départ ou du maintien à son poste du président de la République. «Cette réunion permettra d’évaluer le progrès fait dans le processus de paix et si possible de donner un coup d’accélérateur à la feuille de route, si des blocages sont constatés», a-t-il déclaré. Pour le représentant de l’ONU les «blocages» qui empêchent la poursuite régulière du processus électoral sont peut-être aussi à rechercher en dehors du «manque de volonté politique» des partenaires ivoiriens. Visiblement, Pierre Schori veut éviter de mettre de l’huile sur le feu.

A chacun sa raison

«Il n’est pas possible techniquement» d’organiser l’élection présidentielle avant le 31 octobre, précise Pierre Schori qui se garde d’évoquer clairement les raisons qui ont entraîné le retard observé dans l’établissement des listes électorales et l’identification des électeurs. Tous les protagonistes de la crise ivoirienne ont leurs raisons pour contester la conduite des opérations. «Comment peut-on normalement établir des listes électorales dans les régions militairement occupées par des rebelles», disent les uns et «quelle confiance peut-on placer dans des agents en service commandé par le pouvoir et qui établissent des listes auxquelles nous ne sommes pas associés ?», rétorquent les autres. Le président de la République, en l’occurrence Laurent Gbagbo, dans l’exercice de ses prérogatives, prend des initiatives «pour faire avancer les choses», mais il est immédiatement soupçonné d’arrières pensées par l’opposition. Selon celle-ci, les conditions de naturalisation et de reconnaissance de la nationalité ivoirienne et du fonctionnement de la Commission électorale indépendante (CEI) «limitent le renouvellement des listes électorales et les droits de l’opposition».

L’opposition, regroupée au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et les Forces nouvelles exigent aujourd’hui le départ du président Laurent Gbagbo dont le mandat a été prorogé d’un an par la résolution 1633 du Conseil de sécurité. Elles réclament par ailleurs et après le 31 octobre, l’instauration d’une nouvelle transition sans Laurent Gbagbo, ce qu’elles n’avaient pas pu obtenir lors du premier report électoral, l’année dernière. Bien évidemment Laurent Gbagbo n’a pas la même lecture des textes et entend se maintenir au pouvoir jusqu’à l’organisation d’élection présidentielle «conformément aux dispositions de la constitution ivoirienne», précise Pascal Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti présidentiel.  

    

par Didier  Samson

Article publié le 24/08/2006 Dernière mise à jour le 24/08/2006 à 18:18 TU

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Boris Fleuranceau

Journaliste au service Afrique de RFI

«Pour organiser l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, il faut désarmer les combattants, et procéder à un recensement pour pouvoir ensuite établir des listes électorales. Ces conditions n'ont pas été remplies pour l'instant.»

[24/08/2006]

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