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Brésil - Inde - Afrique du Sud

Sommet Sud-Sud à Brasilia

<p>Les présidents sud-africain Thabo Mbeki (à gauche) et brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (au centre) ainsi que le Premier ministre indien Manmohan Singh à droite ont concrétisé l'alliance de leurs trois pays lors du sommet de Brasilia.</p> 

		(Photo : AFP)

Les présidents sud-africain Thabo Mbeki (à gauche) et brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (au centre) ainsi que le Premier ministre indien Manmohan Singh à droite ont concrétisé l'alliance de leurs trois pays lors du sommet de Brasilia.


(Photo : AFP)
Les chefs d´Etat et de gouvernement des trois grandes démocraties en voie de développement, se sont retrouvés pour la première fois pour un sommet au Brésil. C´était la concrétisation de la déclaration diplomatique de juin 2003 à Brasilia, lorsque Inde-Brésil-Afrique du Sud (IBAS) avaient dévoilé leur intention de défendre ensemble leurs intérêts communs sur la scène internationale.

De notre correspondante au Brésil

Ce sommet représente, selon Luiz Inacio Lula da Silva, «l´affirmation publique que nous croyons aux relations Sud-Sud». Le président brésilien, hôte de la rencontre inédite, a déclaré qu´il n´est jamais trop tard pour changer la géographie économique et commerciale du monde.

Malgré leurs intérêts parfois divergents, en matière agricole ou industrielle, et leur importance inégale sur la scène internationale, ces trois «géants» sur leurs continents respectifs ont relevé le défi d´amplifier la coopération Sud-Sud. De fait, depuis que leur alliance a été scellée, les trois pays ont fait preuve de solidarité dans plusieurs forums internationaux, rappelée hier dans le communiqué final. Par exemple pour demander la réforme du Conseil de sécurité de l´Onu, pour s´opposer aux barrières agricoles imposées par les pays riches et réclamer la reprise des négocations à l´OMC. Ou encore pour lutter contre la faim et la misère, et encourager les échanges de médicaments contre le Sida, la tuberculose et la malaria. Les membres de l´IBAS défendent ici le recours aux produits génériques, qu´ils fabriquent.

Et la solidarité diplomatique et politique commence, timidement, à se prolonger sur le plan économique. Les relations sont encore débutantes, mais depuis 2003 elles ont augmenté; de plus de 75%, par exemple entre Brasilia et New-Delhi. L´ambition est donc de doubler, dès 2007, les échanges commerciaux triangulaires, pour les porter à 10 milliards de dollars.

Biocarburants et marchés communs

Les accords signés entre les gouvernements devraient inciter les milieux économiques, méfiants ou peu connaisseurs. L´IBAS veut par exemple promouvoir l´utilisation des biocombustibles, chers au Brésil. Et notamment l´éthanol, énergie renouvelable élaborée avec la canne à sucre, que le Brésil et l´Inde cultivent en grande quantité. Choix de la complémentarité plutôt que la concurence.

Les présidents et Premier ministre ont aussi lancé les bases d´un projet ambitieux : la création d´une zone de libre-échange autour de leur trois pays. Ou au moins d´un marché à tarifs préférentiels, qui unit déjà pour certains produits le Mercosur sud-américain et l´Inde, et le Mercosur et l´Union douanière d´Afrique australe (Sacu). La zone commerciale relierait 11 pays sur 3 continents. Le désir concret d´aller au-delà du rapprochement politique.

Mais l´élan donné par les dirigeants est parfois difficile à concrétiser. Pour preuve, la récente fermeture de la Chambre de commerce et d´industrie Brésil-Inde à Rio de Janeiro. Des lignes aériennes reliant directement les capitales, séparées par des océans, pourraient faciliter les relations nouvelles.

Lula, candidat à sa propre succession

L´organisation de ce sommet s´inscrit indéniablement dans l´effort du Brésil d´établir des liens plus tangibles dans l´hémisphère sud où il se situe géographiquement, même si les deux tiers de son commerce se font encore avec le trio Etats-Unis - Union européenne - Japon. Il entre également dans le cadre de la croisade du président Lula, au pouvoir depuis janvier 2003, et candidat à sa propre succession le 1er octobre prochain, pour le multilatéralisme. Une vision qui l´a conduit à organiser le premier sommet Amérique du Sud - Pays arabes, à renforcer le G20 des puissances agricoles émergentes, et à effectuer plusieurs voyages en Afrique.

Le premier ministre indien a adressé des éloges à Luiz Inacio Lula da Silva, l´assurant que «le Brésil est source de force pour tous les pays en voie de développement», et qu´il espérait poursuivre avec lui le dialogue engagé.



par Annie  Gasnier

Article publié le 14/09/2006 Dernière mise à jour le 14/09/2006 à 08:02 TU