Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France - Djibouti

Affaire Borrel: premiers mandats d’arrêts

En 1995, devant la juge Clément chargée de l'enquête sur l'assassinat du magistrat français Bernard Borrel, Mohamed Saleh Aloumékani, un ancien officier de la garde présidentielle avait clairement mis en cause le président Ismaïl Omar Guelleh (photo). 

		(Photo: AFP)
En 1995, devant la juge Clément chargée de l'enquête sur l'assassinat du magistrat français Bernard Borrel, Mohamed Saleh Aloumékani, un ancien officier de la garde présidentielle avait clairement mis en cause le président Ismaïl Omar Guelleh (photo).
(Photo: AFP)
Onze ans après, la justice française a lancé les deux premiers mandats d'arrêts. Ils visent deux personnalités très proches du président Djiboutien: le procureur de la république et le chef des services secrets djiboutiens. C'est une étape importante dans l'enquête sur l'assassinat du Juge Borrel. En octobre 1995, le corps de ce magistrat français avait été retrouvé dénudé et calciné à Djibouti.


Elisabeth Borrel

Veuve du magistrat Bernard Borrel

«Je veux identifier les auteurs de l'assassinat de mon mari.»

«Subornation de témoin», voilà de quoi sont accusés le procureur de la République de Djibouti et le chef des services secrets djiboutiens. Ces deux hommes sont soupçonnés d'avoir fait pression sur un témoin clef de l'affaire Borrel, Mohamed Saleh Aloumékani. Devant la juge Clément, chargée de l'enquête sur l'assassinat du magistrat français, en 1995, cet ancien officier de la garde présidentielle avait clairement mis en cause le président Ismaïl Omar Guelleh. Un témoignage capital, que le procureur et le chef des services secrets djiboutien ont tenté de transformer, puis de discréditer. Avant finalement d'essayer d'acheter le témoin. Il y a un an, les deux hommes avaient été appelés à s'expliquer devant la justice française. Ils n'étaient jamais venus.

Ces deux mandats d'arrêt seront peut-être suivis par deux autres: la juge Clément espère obtenir deux mandats contre deux hommes, un Djiboutien et un Tunisien, soupçonnés d'être les assassins du juge Borel. S'ils étaient arrêtés, la science pourrait alors les confondre, ou les innocenter: Les enquêteurs ont en effet découvert des traces d'ADN sur le short du juge assassiné. Un ADN qui appartient très certainement aux meurtriers.

Mise en cause du président djiboutien

«Djibouti ne se pliera jamais au bon vouloir de la justice française», déclare le chef des services secrets djiboutiens. Et Hassan Saïd ajoute: «Cette justice n'inspire d'ailleurs plus aucune confiance à mon pays». Il n'empêche, pour les défenseurs de la veuve du juge Borrel ces deux mandats sont un grand pas en avant. Il faut savoir qu'ils ont valeur de mise en examen. Ce qui signifie que, pour la première fois, la justice française met clairement en cause des proches du président djiboutien.

Le chef des services secrets djiboutiens affirme aussi que c'est à la Cour internationale de justice de se prononcer sur cette affaire. En janvier dernier, Djibouti a saisi la CIJ contre la France. Les magistrats français avaient en effet refusé de transmettre le dossier Borrel à la justice djiboutienne, de peur que le dossier ne soit enterré. On voit mal aujourd'hui le procureur de la république de Djibouti venir à La Haye défendre sa cause avec un mandat d'arrêt, exécutoire sur le territoire européen, lancé contre lui.



par Boris  Fleuranceau

Article publié le 02/10/2006 Dernière mise à jour le 02/10/2006 à 16:39 TU