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Colombie

Otages : déclarations encourageantes

Depuis quelques jours les déclarations visant à établir un climat propice à la négociation se multiplient, tant du côté de la guérilla que des autorités. Ces signes relancent un espoir d’échange de prisonniers et notamment de libération des otages captifs des Farc.

De notre correspondante à Bogota

Les portraits d'otages détenus par les Farc sont brandis au Parlement colombien par des élus de l'opposition, le 7 août 2006 à Bogota. 

		(Photo: AFP)
Les portraits d'otages détenus par les Farc sont brandis au Parlement colombien par des élus de l'opposition, le 7 août 2006 à Bogota.
(Photo: AFP)

Les familles des 58 otages aux mains de la guérilla colombienne se prennent à espérer. Yolanda Pulecio, la mère d’Ingrid Betancourt, a retrouvé un fragile sourire. Sa fille, enlevée alors qu’elle était en campagne présidentielle, est en captivité depuis 56 mois. Mais Yolanda veut croire qu’un «accord humanitaire  est désormais possible». Depuis une semaine, communiqués vont et déclarations viennent à un rythme inhabituel, entre le gouvernement d’Alvaro Uribe et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la dernière grande guérilla marxiste d’Amérique latine. Les deux camps se disent prêts à s’asseoir immédiatement à la table des négociations, pour la première fois depuis quatre ans. Mardi matin, dans une interview à la radio, le président Uribe est allé plus loin: il s’est déclaré prêt à rencontrer personnellement l’état-major des Farc pour signer un accord de paix définitif. «Si cela est nécessaire pour parvenir à la paix, ou pour progresser vers la paix, je le ferai, n’en doutez pas», a déclaré le chef de l’Etat.

C’est dire si le ton a changé. Elu en 2002, et réélu en mai dernier, ce président à poigne avait juré de ne jamais céder aux exigences des Farc. Il a créé la surprise, mercredi 27 septembre, en acceptant de  démilitariser un «zone de rencontre» de 800 Km2, autour des villages de Pradera et Florida dans le sud-ouest du pays. Dans une interview publiée quatre jours plus tard, le porte-parole de l’organisation armée, Raul Reyes déclarait que les Farc étaient prêtes à négocier «au plus tôt» un échange de prisonniers. Outre Ingrid Betancourt, les rebelles détiennent  une trentaine de policiers et de soldats capturés au combat, des élus locaux et trois mercenaires américains. Pour libérer ces «otages politiques», les Farc exigent la remise en liberté des quelque 400 guérilleros actuellement sous les verrous.

Surenchère

Lundi matin, nouveau communiqué et surenchère: les Farc présentent cet éventuel échange humanitaire comme une première étape sur le chemin de la paix. Pour mettre un terme à un demi-siècle de conflit armé, les guérilleros posent évidemment très haut la barre de leurs exigences. Les rebelles demandent la démilitarisation de deux départements, soit un territoire de 113 000 Km2, le cinquième de la France! Une condition inacceptable pour le gouvernement qui se félicite toutefois de l’«ouverture» de la guérilla. Les irréductibles guérilleros avaient, eux aussi, juré de ne jamais dialoguer avec un président qualifié tour à tour de «fasciste», de «paramilitaire» et de «laquais de l’impérialisme américain».

«Les guérilleros proposent le plus pour avoir le moins. A court terme, leur objectif est d’obtenir que l’armée se retire effectivement de Florida et Pradera. Cette première concession serait une grande victoire pour une guérilla que le gouvernement disait très affaiblie militairement», juge l’analyste Alfredo Rangel. Selon lui, les chances de voir les otages rapidement libérés sont minces. «La guérilla veut surtout montrer qu’elle existe, faire parler d’elle dans les médias et récupérer l’espace politique perdu depuis 4 ans», explique-t-il.

A la tête d’une association de familles d’otages, Marleny Orjuela a du mal, elle aussi, à cacher son scepticisme. Sur le terrain, rien n’a changé. A Pradera et Florida, les combats sporadiques continuent. «Le président n’a pas encore donné ordre à l’armée de quitter la zone de Pradera et Florida. Il reste très évasif sur les conditions de ce repli», pointe Marleny. La semaine dernière, le ministre de la Défense indiquait que les guérilleros devaient eux aussi céder le terrain pour laisser place aux négociateurs. Or, les Farc ont toujours exigé d’assurer la sécurité de leurs émissaires. «Tant que les pourparlers n’ont pas commencé, il est difficile de croire qu’ils puissent aboutir», soupire Marleny. Seul espoir de voir les négociations enfin débuter: «le gouvernement ne peut plus faire marche arrière. Personne ne comprendrait une nouvelle reculade». De là à la libération des otages…



par Marie-Eve  Detoeuf

Article publié le 04/10/2006 Dernière mise à jour le 04/10/2006 à 08:04 TU

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