Madagascar
Pierrot Rajaonarivelo évincé de la course présidentielle
De notre correspondante à Antanarivo
(Photo: www.pierrot-rajaonarivelo.org)
Après deux semaines de rebondissements c’est peut-être l’épilogue du feuilleton «Pierrot». Car l’ancien vice-Premier ministre de l’ex-président Didier Ratsiraka n’a pas réussi à franchir la barrière des 9 juges de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) pour s’aligner dans la course à la présidentielle. Ce n’est pas la question de son lieu de résidence qui a posé problème, ni celle des procédures judiciaires et du mandat d’arrêt dont il fait l’objet. C’est tout simplement un vice de forme qui a contraint la HCC à disqualifier l’opposant.
Sur sa déclaration de candidature, la signature de Pierrot Rajaonarivelo a été légalisée par le maire de sa commune et non par un chef de district, comme l’exigent les textes, et en particulier la Loi organique relative à l’élection présidentielle. Les juges affirment qu’ils n’ont subi aucune pression. Selon eux les textes sont formels et la candidature de l’opposant n’est donc absolument pas recevable. Pour le camp de Pierrot Rajaonarivelo, ce vice de forme est au contraire un prétexte.
L’Arema, le parti du candidat évincé, dénonce une décision politique de la HCC, destinée à éliminer un candidat dangereux pour la réélection du chef de l’Etat. Selon le sénateur Arema, Adolphe Ramasy, «désormais, la HCC n’est plus crédible, elle a ouvertement pris partie pour le président Marc Ravalomanana» avec ce rejet de la candidature de Pierrot Rajaonarivelo. Et selon le parti de l’ancien vice-Premier ministre, les résultats que la HCC proclamera après le premier tour de scrutin seront forcément truqués.
Succès médiatique pour l’Arema
Toujours bloqué à l’Ile Maurice, Pierrot Rajaonarivelo a déclaré qu’il n’était «pas surpris» par l’invalidation de sa candidature. Il a aussi lancé un appel à la communauté internationale «pour qu’une issue soit trouvée à ce processus électoral qui tourne à la farce». Reste à savoir maintenant si Pierrot Rajaonarivelo et son parti vont soutenir un autre candidat ou se désintéresser de ce scrutin. Quoi qu’il en soit cette candidature avortée, ainsi que les deux tentatives ratées pour atterrir sur le territoire malgache auront permis à l’opposant exilé de revenir sur le devant de la scène politique.
A moins de deux mois de la présidentielle, le chef de l’Arema aura ainsi complètement éclipsé les autres leaders d’opposition, en monopolisant l’attention des médias et en apparaissant comme le challenger majeur de Marc Ravalomanana. Mais mercredi, Pierrot Rajaonarivelo n’est pas le seul à avoir été invalidé. Trois autres candidats ont été recalés, notamment pour n’avoir pas versé les 125 millions de francs malgaches (10 000 euros) de caution au Trésor public. Ils seront donc 14 à en découdre le 3 décembre, contre 6 lors du précédent scrutin en 2001. C’est un nombre record en 46 ans d’indépendance.
par Stéphanie Pailler
Article publié le 19/10/2006 Dernière mise à jour le 19/10/2006 à 15:35 TU