Allemagne-Afghanistan
La Bundeswehr face au choc des images
De notre correspondant à Berlin
Les photos choc ont provoqué des réactions nombreuses. Le ministre de la Défense, Franz-Josef Jung, a jugé les images «détestables et absolument incompréhensibles». Il estime que leurs responsables «n’avaient pas leur place au sein de l’armée allemande». La chancelière Merkel a parlé de son côté de photos «choquantes et affreuses».
Une enquête interne a été ouverte par le ministère de la Défense. Deux des soldats incriminés ont été identifiés car facilement reconnaissables sur les clichés ainsi que la plaque d’immatriculation de leur véhicule. Ceux qui sont encore membres de la Bundeswehr risquent d’en être exclus. Une procédure judiciaire a également été ouverte pour «trouble de la paix des morts», un chef d’accusation pouvant déboucher sur une peine de prison ferme de trois ans au plus.
Ces photos choc sont publiées à un mauvais moment pour la Bundeswehr. Mercredi matin, le ministre de la Défense allemand, qui a dû commenter les clichés, présentait les nouvelles orientations des forces armées qui prévoient un engagement à l’étranger dans le cadre de missions internationales avec un maximum de 14 000 hommes. Le conseil des ministres a également décidé de prolonger d’un an sa participation à l’opération anti-terroriste «enduring freedom», une décision que doit encore avaliser le Parlement. En septembre, c’est la participation allemande à l’ISAF, la force internationale déployée en Afghanistan qui a été prolongée.
Un accroc de plus dans l'image de la Bundeswehr
Les images choc du quotidien Bild Zeitung rappellent les brutalités commises par les soldats américains contre des Irakiens. Des experts n’excluent pas qu’elles donnent lieu à des violences anti-allemandes en Afghanistan. La Bundeswehr y est présente avec un contingent de 2 800 hommes dans le Nord du pays et à Kaboul. Les photos publiées pourraient réduire le soutien de la population allemande à de tels engagements internationaux. Elles s’ajoutent à d’autres accusations contre la Bundeswehr. Murat Kurnaz, un Allemand d’origine Turc, libéré cet été après avoir été interné durant quatre dans le camp américain de Guantanamo, reproche à un commando d’élite de l’armée allemande, le KSK, de l’avoir maltraité alors qu’il était détenu dans un camp américain au sud de l’Afghanistan début 2002. Le Parlement allemand va prochainement se pencher sur ces accusations.
L’engagement allemand en Afghanistan est plus que par le passé soumis à des critiques. Et ce, à un moment où Berlin doit faire face aux pressions de ses partenaires de l’Otan, à commencer par les Américains qui souhaitent que l’Allemagne s’engage également dans la partie sud de l’Afghanistan beaucoup plus instable. Une perspective qui n’enchante pas du tout Berlin.
par Pascal Thibaut
Article publié le 25/10/2006 Dernière mise à jour le 25/10/2006 à 18:17 TU