Territoires palestiniens
Opération israélienne meurtrière à Gaza
(Photo: AFP)
C’est la première fois depuis son entrée officielle au gouvernement israélien, en début de semaine, que l’ultra nationaliste Avigdor Lieberman, ministre des Affaires stratégiques, participait, mercredi, à une réunion du cabinet de sécurité. Fidèle à sa réputation, cet adepte de la manière forte a suggéré, selon le site internet du journal Haaretz, d’adopter dans la bande de Gaza les méthodes utilisées par l’armée russe en Tchétchénie. Il n’est pas parvenu, à tout le moins, à faire pencher la balance du côté des partisans d’une opération d’envergure, comme le Premier ministre, Ehud Olmert, en avait émis l’idée au cours du week-end.
« La réunion s'est achevée sans qu'une décision ait été prise sur une expansion des opérations en cours, conformément aux recommandations du ministre de la Défense, Amir Peretz », a déclaré à l'AFP un haut responsable israélien. Plus tôt dans la matinée, en effet, le ministre de la Défense, effectuant une tournée dans les unités postées près de la bande de Gaza, s’était prononcé pour une opération limitée. Au cours de la réunion, il s’est ensuite opposé à des plans, présentés par l’état-major, prévoyant le lancement d’opérations de grande envergure. Celles-ci auraient visé, notamment, à mettre fin à la contrebande d’armes en provenance d’Egypte via des tunnels sous la frontière. Les ministres n’ont, toutefois, pas exclu une prochaine opération plus importante, si nécessaire.
L’objectif de l’offensive lancée ce matin par l’armée israélienne, et baptisée « Nuages d’automne », est, selon un communiqué publié à l'issue de la réunion du cabinet, d’« accroître la pression sur le Hamas et sur les autres organisations terroristes pour éviter qu'elles se renforcent et pour mettre un terme aux tirs de roquettes contre le territoire israélien ». Le vice-ministre de la Défense, Ephraïm Sneh, a précisé à la radio israélienne : « Nous n’avons pas l’intention de reconquérir Gaza. Notre intention est de frapper les terroristes ».
Des maisons rasées par des bulldozers
Peu avant l’aube, des troupes israéliennes d’infanterie ont pénétré dans le nord du territoire israélien. Appuyées par l’aviation et des blindés, elles ont investi la ville de Beit Hanoun. Sept Palestiniens ont trouvé la mort dans les combats, dont des membres de la branche armée du Hamas, le mouvement islamiste qui domine le gouvernement palestinien. Selon des sources médicales palestiniennes, l’un d’eux, âgé de 23 ans, était le garde du corps d’un ministre palestinien. On dénombre aussi une quarantaine de blessés. La chaîne du Qatar, Al-Jazira, a fait état d’un soldat israélien tué, ce qu’a confirmé un porte-parole militaire, précisant qu’il s’agissait d’un maître-chien.
Tandis que le secteur était survolé par la chasse israélienne, des hélicoptères et des drones d’observation, des bulldozers de l’armée ont rasé trois maisons en totalité. Une dizaine d’autres habitations ont été endommagées par des obus de char. Des soldats avaient également pris position sur des toits, échangeant des tirs avec des militants de groupes armés palestiniens.
Un peu plus tôt, les services israéliens avaient brouillé les ondes des radios locales pour diffuser des messages en arabe exhortant la population à évacuer certaines zones. Selon des sources de sécurité palestiniennes, l’armée a également opéré une incursion dans le secteur de l’aéroport de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Cette opération est l’une des plus importantes lancées par Israël, dans le cadre de l’offensive déclenchée après l’enlèvement, par des groupes palestiniens, le 25 juin dernier, du caporal Gilad Shalit. Selon l’un des messages diffusés par l’armée israélienne, « les activités se poursuivront jusqu’à la libération du soldat Shalit ».
Mahmoud Abbas en appelle à la communauté internationale
L’Autorité palestinienne a réagi par la voix de son président, dénonçant un « crime odieux » dans un communiqué publié alors que le bilan était encore de 6 morts. Mahmoud Abbas a « condamné fermement le massacre israélien qui a fait six martyrs et près de quarante blessés à Beit Hanoun » et a appellé « le gouvernement de l’occupation à cesser immédiatement toutes ses actions hostiles contre notre peuple ». Le président palestinien demande, en outre, à la communauté internationale « d’intervenir rapidement pour faire cesser ces agressions ». Quant au Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, il estime que « ce massacre est la première conséquence de l’entrée de Lieberman au gouvernement israélien ».
L’incursion israélienne survient dans un contexte économique particulièrement difficile pour l’Autorité palestinienne. Un rapport publié ce mercredi par le Fonds monétaire international (FMI) révèle que ses finances ont connu un déclin « sans précédent » à la suite de l’arrêt, par Israël, du versement des taxes prélevées pour le compte de l’Autorité, une mesure de rétorsion après la victoire du Hamas aux élections législatives, au mois de janvier. Selon le FMI, les ressources de l’Autorité palestiniennes ont accusé, sur la période avril-septembre, une chute de 60% par rapport à la même période de l’année précédente.
par Philippe Quillerier
Article publié le 01/11/2006 Dernière mise à jour le 01/11/2006 à 16:56 TU