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Chine-Soudan

Diplomatie pétrolière

La diplomatie chinoise vole au secours de son modèle économique. Les autorités chinoises ne se sont pas embarrassées de principes moraux concernant le conflit dans le Darfour avant d’apporter leur soutien au régime de Khartoum. Les intérêts économiques ont primé sur toute autre considération.

 

Le président chinois Hu Jintao reçoit son homologue soudanais Omar el-Béchir le 2 novembre 2006 à Pékin. 

		(Photo: AFP)
Le président chinois Hu Jintao reçoit son homologue soudanais Omar el-Béchir le 2 novembre 2006 à Pékin.
(Photo: AFP)

La présence chinoise dans l’industrie pétrochimique au Nigeria ou en Angola se double aujourd’hui d’une offensive diplomatique en Afrique. La Chine veut garantir ses appuis en ménageant ses alliés. Le soutien apporté au Soudan dans son différend avec le Conseil de sécurité de l’Onu à propos du Darfour s’inscrit dans cette logique politique. Le président Omar el-Béchir s’est opposé au déploiement des troupes onusiennes (17 000 militaires et 3 000 policiers) en remplacement des soldats de l’Union africaine. La Chine, qui n’a pas voté la résolution s’est aussi opposée à l’adoption de toute sanction contre le régime soudanais. Au détriment d’une action commune internationale dans le cadre du règlement d’un conflit, Pékin a plutôt privilégié ses intérêts avec Khartoum. Toutefois, le président chinois Hu Jintao a demandé à son homologue soudanais de trouver «une solution correcte au Darfour et de continuer à améliorer la situation humanitaire».

La Chine est le plus important partenaire commercial du Soudan. Des entreprises chinoises détiennent 40% des concessions pétrolières dans le Darfour et contrôlent des gisements pétroliers dans le Haut Nil occidental. Ce sont également des entreprises chinoises qui construisent un pipeline de 1 400 kilomètres reliant le Bassin de Melut à Port-Soudan. C’est encore la Chine qui installe dans cette ville un terminal pétrolier destiné à l’exportation des hydrocarbures. La Chine est enfin un important fournisseur d’armes au régime de Khartoum. 

Une politique de «partenariat stratégique»

La Chine a entrepris depuis quelques années avec l’Afrique une politique dite «nouveau type de partenariat stratégique». Selon les services officiels chinois de commerce et d’industrie, les échanges avec l’Afrique sont passés de 12,11 millions de dollars dans les années 1950 à près de 30 milliards de dollars en 2004. Cette évolution est intimement liée au développement économique de la Chine. Avec plus de deux millions d’entreprises privées, elle a besoin de sources d’approvisionnement et de marchés diversifiés. Son «nouveau type de partenariat» devient effectivement «stratégique».

La Chine est le deuxième consommateur mondial d’énergie après les Etats-Unis avec un taux de dépendance pétrolière de 40%. Ses besoins s’élèvent à plus de 1,6 million de barils par jour. Alors que sa consommation est en évolution constante, la production nationale tend à se réduire. Selon l’organe de planification économique «en 2010 la moitié des besoins pétroliers de la Chine viendra des importations, ce taux pouvant atteindre 80% en 2020». C’est pourquoi, il est essentiel pour le développement économique et commercial de la Chine que l’offre et la demande soient équilibrées.



par Didier  Samson

Article publié le 03/11/2006 Dernière mise à jour le 03/11/2006 à 19:14 TU