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Médecine

Un vaccin contre le cancer du col de l'utérus

Représentation graphique du col de l'utérus. 

		(Photo : http://www.eccce-cervical-cancer.org)
Représentation graphique du col de l'utérus.
(Photo : http://www.eccce-cervical-cancer.org)
Chaque année, près de 3 400 cancers du col de l’utérus sont diagnostiqués en France et plus de 1 000 femmes en meurent. Très répandu dans le Tiers Monde, ce type de cancer est devenu moins fréquent dans les pays développés, où des dépistages efficaces ont été mis en place. Le vaccin Gardasil est conçu pour protéger les très jeunes femmes contre certaines infections causées par des papillomavirus (HPV), infections qui peuvent favoriser le cancer du col.

Le vaccin anti-papillomavirus est déjà autorisé aux Etats-Unis et dans plusieurs autres pays (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Brésil, Mexique…). Son autorisation de mise sur le marché par l’Union européenne le 22 septembre dernier ouvre donc la voie à sa commercialisation en Europe, et il est disponible ce 23 novembre dans les pharmacies françaises. Le Gardasil de Sanofi-Pasteur-Merck cible quatre types de papillomavirus humains : HPV6, HPV11, HPV16 et HPV18.

Ces quatre types font partie de plus de 100 papillomavirus aujourd’hui identifiés, dont un tiers sont transmissibles sexuellement. Les scientifiques les ont classés en deux catégories, selon qu’ils soient à «bas» ou «haut risque». Les 6 et 11 peuvent causer des verrues génitales (non cancéreuses). Parmi les papillomavirus «à haut risque» figurent les 16 et 18 (tout comme les 31 et 45, que cible le vaccin concurrent de Sanofi, produit par la firme Glaxo, non encore commercialisé). Ces types de virus seraient responsables, selon l’Institut national du cancer des Etats-Unis, de 70% des cancers du col - qui est l’un des rares cancers où un virus est directement impliqué. Les scientifiques, qui poursuivent l’investigation de l’ensemble des facteurs et co-facteurs favorisant ce cancer, soulignent aussi que la plupart des infections liées à des papillomavirus et dites «à haut risque» disparaissent spontanément et ne causent pas de cancer.

Facteurs de risque

Quels sont les autres facteurs de risque du cancer du col ? Les chercheurs ont retenu, depuis longtemps, la cigarette. De même que la multiparité (le fait d’avoir de nombreux enfants), ainsi que les relations sexuelles non protégées et nombreuses, mais ce dernier point est discuté. L’usage prolongé de la pilule anticonceptionnelle (plus de dix années) est également retenu comme augmentant ce risque. Peut-être, en partie, parce que les femmes sous pilule ont tendance à oublier l’existence du préservatif et des MST (maladies sexuellement transmissibles). En France, les femmes sous pilule sont régulièrement suivies par un gynécologue, mais ce n’est pas le cas dans les pays où la pilule est en vente libre.

Le suivi gynécologique reste, en effet,  primordial pour le cancer du col : le «frottis» (prélèvement de sécrétions vaginales) effectué tous les trois ans, suivi de tests aujourd’hui très performants permet de détecter la dégradation de la muqueuse utérine qui peut, au fil des ans, devenir pré-cancéreuse. Certains médecins cherchent alors à améliorer l’état de cette muqueuse. Si le stade est plus avancé, on utilise des médicaments, des hormones, ou la cryothérapie (traitement par le froid) qui permet de nettoyer les lésions. Si c’est plus grave encore, le chirurgien effectuera une conisation, c’est-à-dire qu’il excisera une petite partie du col. Mais l’idéal, bien sûr, est de prévenir, ce qui implique un système immunitaire en bon état.

Nécessaire dépistage

Dans le document accompagnant le vaccin Gardasil et destiné aux médecins, le fabricant souligne qu’en effet le vaccin «ne remplace pas les tests de dépistage de routine, étant donné qu’aucun vaccin n’est efficace à 100%» et  que «Gardasil ne protège pas contre les types de virus non contenus dans le vaccin ou contre des infections déjà existantes dues aux HPV».

Si la femme a déjà été en contact avec ces virus, son efficacité est moindre. De même, cette efficacité diminuera avec l’âge, et elle risque de ne pas être satisfaisante dans tous les cas d’immunodéficience ou de prise de médicaments qui font baisser l’immunité (cortisone ou autres). Le vaccin n’est pas recommandé en cas de grossesse. Il est très cher pour le moment et non remboursé par la Sécurité sociale : près de 150 euros la dose, et il faut une première injection et deux rappels. La protection annoncée est de 4 à 5 ans.

C’est dans le Tiers Monde que la situation est vraiment grave : selon l’Organisation mondiale de la santé, les cancers du col font 288 000 morts par an dans le monde, où plus de 500 000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année, dont 80% dans les pays en développement. Les femmes étant peu suivies, et le cancer ayant peu de symptômes pendant longtemps, la plupart des cas sont irréversibles. C’est ici où un vaccin peut bien sûr paraître le plus utile, mais ici aussi que les situations d’immunodéficience (diminution ou disparition de la résistance naturelle ou acquise d’un organisme face à des agents reconnus comme étrangers) sont le plus nombreuses, et où il ne faudrait pas pour autant renoncer à mettre en place des soins de base et un suivi gynécologique des femmes.

C'est la première fois que des chercheurs mettent au point un vaccin pour prévenir un cancer. 

Pour en savoir plus sur les recommandations de l’OMS : http://www.who.int/reproductive-health/cancers/prevention_control_cervical_cancer.html



par Henriette  Sarraseca

Article publié le 23/11/2006 Dernière mise à jour le 23/11/2006 à 18:05 TU