Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Irak

Ballets diplomatiques autour de l’Irak

Le président irakien Jalal Talabani annule sa visite en Iran pour des raisons de couvre-feu décrété dans son pays. 

		(Photo: Chris Kutschera)
Le président irakien Jalal Talabani annule sa visite en Iran pour des raisons de couvre-feu décrété dans son pays.
(Photo: Chris Kutschera)
Le président irakien Jalal Tabalani a reporté sa visite prévue ce samedi à Téhéran en raison de la fermeture de l’aéroport de Bagdad. Après le sanglant attentat anti-chiite de jeudi dernier, un couvre-feu avait été décrété et prorogé jusqu'à lundi . Samedi soir, le président syrien Bachar al-Assad n’avait toujours pas confirmé sa présence dans la capitale iranienne. Cependant, le vice-président américain Dick Cheney est arrivé en Arabie saoudite pour préparer la rencontre prévue les 29 et 30 novembre en Jordanie entre le président Bush et le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki.

L'Irak est au centre d’une offensive diplomatique qui devait débuter ce week-end avec la visite du président irakien Jalal Talabani en Iran. Accusé par Washington d’attiser la violence par son soutien aux milices chiites irakiennes, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a convié ses homologues irakien et syrien à un mini-sommet tripartite dans la capitale iranienne. Mais, vendredi soir, le président Talabani a annoncé le report de sa visite prévue ce samedi dans la capitale iranienne en raison de la fermeture de l’aéroport de Bagdad suite au couvre-feu décrété à Bagdad après l’attentat sanglant de jeudi dernier. Jalal Talabani n'a pas exclu de s'y rendre ce dimanche sauf que le couvre-feu qui l'avait empêché de voyager est prorogé jusqu'à lundi. La Syrie n’a pas non plus confirmé la présence du président Bachar al-Assad à Téhéran.

Ce n’est pas la première fois que le président Ahmadinejad invite la Syrie et l’Irak à Téhéran mais, cette fois-ci, le contexte a changé. En effet, l’Irak vient d’entamer un rapprochement historique avec la Syrie. Mardi dernier, les deux pays ont rétabli des relations diplomatiques qui étaient rompues depuis un quart de siècle. Visiblement, Washington n’a pas pris ombrage du rapprochement entre Bagdad et Damas. Au contraire, les Etats-Unis souhaitent un «engagement constructif» des deux pays pour oeuvrer au retablisement de la paix dans la région. Mais, l’assassinat au Liban du ministre Pierre Gemayel vient brouiller la donne. En effet, le président américain a implicitement pointé du doigt l'Iran et la Syrie en les accusant de déstabiliser le Liban. Il serait donc peu probable que le président syrien se déplace à Téhéran, selon des observateurs.

La stratégie Bush

C’est dans ce contexte de dégradation de la situation au Moyen-Orient que le président Bush se rendra en Jordanie au milieu de la semaine prochaine. Il y rencontrera le Premier ministre irakien, le chiite Nouri al-Maliki. Pour préparer cette visite le vice-président américain Dick Cheney est arrivé ce samedi en Arabie Saoudite. Le voyage de George Bush à Amman pourrait être l’occasion pour le président américain de donner des signes de sa nouvelle stratégie politique. C’est en tout cas ce que semblent attendre les responsables de la région.

L'Arabie Saoudite, à majorité sunnite, a mis en garde cette semaine contre «toute atteinte à l'équilibre social» en Irak. Les Arabes sunnites majoritaires au pouvoir avant la chute en 2003 du régime de Saddam Hussein, se plaignent d'être marginalisés par le gouvernement actuel dominé par les chiites. Le gouvernement saoudien, dans une allusion à l'influence de l'Iran chiite, a en outre appelé les forces américaines à mettre fin à «l'hégémonie extérieure» en Irak.

Pour sa part, la Jordanie qui s’apprête à recevoir le président américain a exprimé sa préoccupation par la voix de son Premier ministre, Maarouf Bakhit. «Une division de l'Irak signifierait une descente vers l'abîme et une guerre civile qui (…) aurait des répercussions dangereuses sur tous les pays voisins», a déclaré Maarouf Bakhit qui recevait ce samedi à Amman son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier a affirmé que la Turquie «n'acceptera pas une division de l'Irak en trois régions» (kurde, chiite et sunnite) ce qui conduirait au «début d'une guerre civile».

Sous la pression des démocrates qui contrôlent désormais le Congrès et de l’opinion publique américaine, le président Bush a promis une révision de sa politique en Irak. Deux rapports, l’un officiel et l’autre indépendant, sont attendus dans les prochaines semaines.



par Elisa  Drago

Article publié le 25/11/2006 Dernière mise à jour le 25/11/2006 à 17:50 TU