Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Irak - France

Talabani à Paris

Jacques Chirac au président irakien, Jalal Talabani : «<em>Aux yeux de la France, il est important de fixer une perspective de retrait</em>» des forces internationales. 

		(Photo : AFP)
Jacques Chirac au président irakien, Jalal Talabani : «Aux yeux de la France, il est important de fixer une perspective de retrait» des forces internationales.
(Photo : AFP)

Le président irakien Jalal Talabani a été reçu jeudi à l’Elysée par le président Jacques Chirac qui lui a exprimé le soutien de la France à la «politique de réconciliation nationale, de dialogue inclusif et d’action en faveur de l’unité de l’Irak et de sa reconstruction». Jacques Chirac a souligné qu’il est important de «fixer une perspective de retrait» de la force internationale déployée en Irak depuis 2003. Cette visite intervient alors que la violence s’accroît en Irak  tandis qu’aux Etats-Unis l’opinion publique se montre de plus en plus critique à l'égard de la présence des troupes américaines en Irak. Pour Talabani leur retrait devra attendre encore deux à trois ans, sinon, dit-il, ce serait «une catastrophe».


La rencontre entre Chirac et Talabani a duré une heure et demie. Il s’agit de la deuxième visite officielle d’un président irakien à Paris, depuis le renversement du régime de Saddam Hussein en 2003. Jalal Talabani a voulu que sa visite puisse «donner un nouvel élan » aux relations entre Bagdad et Paris. Il a aussi appelé les Français à regarder l’Irak avec un «œil neuf». Pour Jalal Talabani il s’agit de tourner la page. En 2003 Jacques Chirac avait refusé d’engager la France dans la guerre en Irak, lancée par les Etats-Unis avec l’appui notamment du Royaume-Uni. «Le passé est le passé. Je ne regarde pas derrière moi, mais devant», dit aujourd'hui Jalal Talabani qui a reçu de Jacques Chirac l'assurance de «l'appui de la France».

Talabani qui a participé jeudi matin à une conférence à l’Institut français de relations internationales (Ifri) a observé que «sans cette guerre, ce n’est sans doute pas comme président que je serais devant vous aujourd’hui, mais peut être comme réfugié». Le président irakien a exprimé son souhait de voir la France participer à la formation des forces de la police nationale «utilisées contre le terrorisme». 

Un retrait des soldats américains possible dans deux ou trois ans selon Talabani

Lors de cette conférence à l’Ifri, le président irakien a évoqué le retrait des troupes étrangères de son pays. «Je pense personnellement que deux ou trois années pourraient être suffisantes pour reconstruire nos forces et dire à nos amis ‘bye bye et merci’», a-t-il lancé. Près de 150 000 soldats américains sont actuellement déployés en Irak, selon le Pentagone. Mais l’opinion publique aux Etats-Unis se prononce de plus en plus contre la guerre en Irak, à une semaine environ des élections de mi-mandat qui semblent très difficiles à emporter pour l’administration Bush. Selon les sondages, 58% de la population des Etats-Unis ne veut plus de cette guerre où plus de 2 800 soldats américains ont été tués.

Le général George Casey, qui commande les forces américaines en Irak, s’est dit convaincu que les forces armées irakiennes devraient être en mesure d’assurer la sécurité du pays dans 18 mois, ou même avant. Et le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, s’est déclaré favorable à l’augmentation des effectifs de l’armée irakienne, de 310 000 hommes à 325 000 à la fin de l’année. Les Etats-Unis prévoient un transfert progressif des responsabilités militaires vers l’armée irakienne, ce qui semble impossible à réaliser à court terme étant donné l’actuelle vague de violence 

Réconciliation nationale

Jalal Talabani a affirmé dans un entretien publié mardi par le quotidien français Le Figaro que «la guerre civile peut être évitée». Selon lui, il ne s’agit pas seulement d'une «violence confessionnelle». Il évoque aussi une «menace des terroristes étrangers». Pour y faire face, le président irakien préconise «une voie double : un meilleur entraînement des forces de sécurité, qui doivent être mieux équipées, et le renforcement du projet de réconciliation nationale», que le Premier ministre Nouri al-Maliki est en train de mettre en oeuvre.

Le ministre irakien des Sciences et de la Technologie, Raed Fahmi Jahed, qui accompagne le président Talabani a indiqué jeudi à RFI que le gouvernement de Bagdad discute actuellement avec certains groupes armés en vue d’une conférence de réconciliation nationale. Jalal Talabani doit recevoir vendredi le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, et la députée socialiste Ségolène Royal, tous deux candidats potentiels à l'élection présidentielle de 2007.

Cette visite officielle de deux jours a une dimension économique importante. Pour sa part, Paris rappelle l'annulation de 80% de la part française de la dette irakienne extérieure, soit quelque quatre milliards d’euros. De son côté Jalal Talabani, qui a rencontré à Paris les dirigeants du groupe pétrolier Total, présente l'Irak comme «une terre fertile pour les investissements, avec une économie libérée». Il détient les deuxièmes réserves mondiales d’hydrocarbures, après l’Arabie Saoudite. Sa production, de 2,3 millions de barils de pétrole par jour actuellement, devrait atteindre les 3 millions fin 2006.

Sous Saddam Hussein, la France était un partenaire économique de premier plan pour l’Irak. Talabani souligne qu’il ne peut pas garantir les accords conclus avec l’ancien régime. Mais, dit-il à ses interlocuteurs français : «vos compagnies peuvent venir en Irak. Les Américains ne vont pas interférer, ils n’en ont pas le droit ».



par Antonio  Garcia

Article publié le 02/11/2006 Dernière mise à jour le 02/11/2006 à 19:34 TU

Audio

Raed Fahmi Jahed

Ministre irakien des Sciences et des technologies

«Nous accepterons pas, (dans les négociations), les gens qui sont responsable de crimes atroces contre la population.»

[02/11/2006]

Articles