Etats-Unis - Irak
Bush soutient le Premier ministre Maliki
(Photo : AFP)
«C’est le gars qu’il faut pour l’Irak et nous l’aiderons. Il est de notre intérêt de l’aider», a déclaré George Bush lors d’une conférence de presse avec le chef du gouvernement irakien dans la capitale jordanienne. Le président américain a aussi souligné le «courage» du Premier ministre irakien, musulman chiite, qui a été souvent accusé de ne pas être capable de mettre un terme aux attaques des milices chiites contre les sunnites et d’empêcher les vengeances de ces derniers. «Je parle en tête à tête avec cet homme[Maliki], qui dit comprendre qu’un gouvernement unifié, une société pluraliste, sont importants pour réussir et qu’il prend des décisions difficiles pour atteindre ce but», a ajouté le président Bush. De son coté, Nouri al-Maliki a affirmé que son gouvernement est engagé à faire progresser les efforts en vue de la réconciliation nationale : «nous avons utilisé la politique pour accroître l’influence du gouvernement sur les milices et nous utiliserons la force pour les affronter si nécessaire».
Le chef du gouvernement irakien s’est déclaré satisfait de sa rencontre avec le président des Etats-Unis, d’autant plus que la presse américaine avait fait état d’une note confidentielle, rédigée par le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, qui mettait en doute la capacité de Maliki à gouverner l’Irak. Une première rencontre entre Bush et le Premier ministre irakien, en présence du roi Abdallah II de Jordanie, a du être annulée mercredi. Mais la Maison Blanche a voulu minimiser clore cet incident.
Il faut noter que Nouri al-Maliki doit maintenant faire face à l’opposition du chef radical chiite Moqtada Sadr, qui dirige l’armée du Mahdi, la plus importante des milices irakiennes. Ce courant avait la responsabilité de cinq ministères et disposait de 30 élus sur 275 au Parlement, formant ainsi l’un des plus importants groupes de députés. Moqtada Sadr a décidé de former une coalition politique contre la présence militaire américaine en Irak et il a qualifié de «provocation» la rencontre entre Bush et Maliki, à Amman.
Les violences continuent
Le président américain et le Premier ministre irakien ont aussi exclu tout projet de division de l’Irak, comme moyen de mettre terme aux violences interconfessionnelles. Selon Bush, cette division territoriale «aboutirait seulement à une aggravation des violences de type religieux».
Bush et Maliki se sont déclarés d’accord pour accélérer l’instruction des forces nationales irakiennes, pour qu’elles puissent prendre en charge la sécurité de l’Etat, ce qui semble être une tache de longue haleine, vu la vague de violence qui atteint l’Irak. Ainsi, le 23 novembre plus de 200 personnes ont été tuées dans une série d’attentats dans le quartier chiite de Sadr City de Bagdad, provoquant ensuite une série de représailles antisunnites.
Le Premier ministre irakien et le président américain ont promis de juger les auteurs de ces violences qui se poursuivent. Les corps de plus de 90 victimes d’exécutions sommaires ont été découverts ce jeudi dans des fosses communes à Bagdad et à Baaqouba, où 16 autres personnes, dont un responsable sunnite, ont également été tuées dans des incidents armés.
Vers un retrait graduel des américains
Un soldat américain a été abattu mercredi à Bagdad, ce qui porte à 2 881 le nombre de militaires tués en Irak, depuis le début des opérations dans ce pays en mars 2003.
Un Groupe d’études indépendant doit présenter, le 6 décembre prochain, un rapport qui recommande un retrait graduel des troupes américaines présentes en Irak. Le New York Times affirme dans son édition de jeudi que ce Groupe, coprésidé par l’ancien secrétaire d’Etat républicain James Baker et par l’ancien représentant démocrate Lee Hamilton, ne fixe aucun calendrier précis pour le retrait des 15 brigades de combat américaines actuellement déployées en Irak. Chaque brigade est composée de 3 000 à 5 000 soldats et selon le New York Times ce retrait devrait intervenir «relativement tôt», probablement l’année prochaine.
Il s’agit, selon ce quotidien, d’un compromis étant donné que George Bush refuse l’idée d’avancer un calendrier concernant ce retrait, mais la commission affirme que l’engagement des soldats américains en Irak ne devait pas être indéfini.
Des sources proches des membres de cette commission - formée par cinq républicains et cinq démocrates - soulignent, néanmoins, que les militaires américains vont être obligés de fournir une assistance accrue aux forces irakiennes. Le président Bush a laissé entendre à plusieurs reprises qu’il ne se sentait pas lié par les recommandations de divers groupes qui étudient actuellement ces scénarios. «Nous resterons en Irak pour finir le travail, à la demande d’un gouvernement souverain élu par le peuple. Cette histoire de sortie honorable n’est tout simplement pas réaliste», a déclaré George Bush jeudi à Amman.par Antonio Garcia
Article publié le 30/11/2006 Dernière mise à jour le 30/11/2006 à 18:54 TU