Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Madagascar

Présidentielle: Ravalomanana archi-favori

Quatre ans après la crise politico-militaire de 2002, les Malgaches étaient appelés aux urnes, dimanche, pour élire leur président. Quatorze candidats en lice, dont le chef de l’Etat sortant, Marc Ravalomanana, dans un scrutin qui devrait lui permettre d’être reconduit haut la main.

A Antananarivo. Parmi les 13 candidats d’opposition, 4 sont des challengers sérieux du chef de l’Etat malgache. 

		(Photo: Stéphanie Pailler/RFI)
A Antananarivo. Parmi les 13 candidats d’opposition, 4 sont des challengers sérieux du chef de l’Etat malgache.
(Photo: Stéphanie Pailler/RFI)

De notre correspondante à Antananarivo

Il n’y a pas de sondages à Madagascar. Pourtant, il ne fait aucun doute que le président sortant sera réélu pour un second mandat. Reste à savoir si Marc Ravalomanana passera dès le premier tour, comme ses partisans le prédisent. « Dans tous ses déplacements, il y  avait foule, affirme Moxe Ramandimbilahatra, le conseiller politique du président. Une foule qui voulait montrer qu’elle renouvelle sa confiance à Marc Ravalomanana ».

Et de fait, lors de son dernier meeting, vendredi, au grand stade d’Antananarivo, l’ancien maire de la capitale a réuni près de 40 000 personnes, arborant toutes un tee-shirt à l’effigie de leur candidat. Dans une ambiance survoltée, les militants ont passé trois heures au soleil à reprendre en chœur les hymnes de campagne de Marc Ravalomamana. « C’est le meilleur, il va gagner au premier tour à 80% ! », assurait Rado un jeune militant. « Il a fait beaucoup pour nous et on veut que ça continue », expliquait Tiana, une agricultrice de Talatamata, non loin de la capitale.

Les partisans du président sont donc enthousiastes et très confiants, après trois semaines de campagne électorale à travers tout le pays. Marc Ravalomamana s’était engagé à rendre visite aux 116 districts de la Grande Ile et le pari est réussi. Il faut dire que le Comité de campagne de l’ancien maire de la capitale a déployé les grands moyens : déplacements en hélicoptère et en avion privés, grands concerts avec les plus grandes stars de la chanson malgache comme Bodo ou Jerry Marcoss, distribution généreuse de tee-shirts, casquettes et fanions à l’effigie du président.

Pas de discours fleuves ni de débats de fond, dans cette campagne. Lors des meetings, le président-candidat a simplement martelé son slogan « Continuons la route » et fait la chasse aux abstentionnistes. Il aura très peu défendu son bilan ou présenté son fameux programme d’action pour les cinq années à venir : le MAP (« Madagascar Action Plan »). Quant à ses adversaires, beaucoup se sont focalisés sur l’organisation du scrutin, dénonçant des fraudes dans la constitution des listes électorales et réclamant un report du premier tour.

Quatre challengers sérieux

Parmi les treize candidats d’opposition, quatre ont largement émergé pendant la campagne, faisant figure de challengers sérieux du chef de l’Etat. Norbert Ratsirahonana, d’abord. A 68 ans, il se présente comme un sage capable de rassembler la population. C’est loin d’être un inconnu pour les Malgaches : il a été président du pays en 1996, pendant le régime de transition qui a suivi la mise à l’écart d’Albert Zafy.

Herizo Razafimahaleo ensuite, un homme d’affaires de 51 ans, à la tête de huit sociétés. Deux fois ministre dans les années 1990, sous Albert Zafy et Didier Ratsiraka, il se présente pour la 3è fois à la présidentielle. Comme Norbert Ratsirahonana, il a déployé d’importants moyens pour faire campagne et vise la deuxième place pour affronter le président sortant au second tour.

Les deux autres challengers de Ravalomamana sont des « côtiers » : Rolland Ratsiraka, le neveu de l’ancien chef de l’Etat. C’est la surprise de cette campagne. Car il a rassemblé beaucoup de monde dans ses meetings, et pas seulement à Tamatave, la grande ville de la côte-est dont il est le maire. Enfin, Jean Lahiniriko, l’ancien président de l’Assemblée nationale. Il a été destitué en mai dernier par le parti présidentiel à cause de ses critiques répétées contre le gouvernement. Originaire de Tuléar, sur la côte-ouest, il est très populaire dans sa région natale mais souffre d’un déficit de notoriété dans le reste du pays.

Chacun de ces quatre challengers espère rallier les mécontents et les déçus du régime, ceux qui ont porté Marc Ravalomamana au pouvoir en 2002 et attendaient beaucoup de lui. Car, lorsqu’il est arrivé à la tête du pays, l’ancien maire d’Antananarivo avait promis un décollage économique rapide de la Grande Ile. Mais aujourd’hui, 80% de la population vit toujours en dessous du seuil de pauvreté.

Néanmoins, après quatre années de mandat, Marc Ravalomamana est toujours populaire parmi la population malgache, y compris parmi les plus démunis. Le président dispose également du soutien inconditionnel des bailleurs de fonds. Son objectif, s’il est élu : faire passer le taux de pauvreté de 80 à 50% de la population d’ici 2012.



par Stéphanie  Pailler

Article publié le 02/12/2006 Dernière mise à jour le 02/12/2006 à 11:01 TU