Territoires palestiniens
Situation explosive après l’annonce de Mahmoud Abbas
(Photo : AFP)
Le discours très attendu samedi de Mahmoud Abbas était censé apporter une issue à la crise politique qui déchire les territoires palestiniens. La décision du président de provoquer des élections générales anticipées aura eu l'effet inverse. Des partisans de Mahmoud Abbas ont pris dimanche le contrôle de deux ministères dont les titulaires sont des membres du Hamas. Un peu plus tôt dans la journée, un membre de la garde présidentielle a été tué au cours d'affrontements qui ont opposé la garde de Mahmoud Abbas à des hommes du Hamas. Samedi soir, d’autres accrochages armés entre les partisans des deux camps ont causé la mort d'un adolescent de 13 ans et blessé une vingtaine de personnes.
Le Hamas ne veut pas entendre parler d’un nouveau scrutin. Bien au contraire pour le Premier ministre islamiste Ismaïl Haniyeh, il risque d’aggraver la situation sur le terrain «Le gouvernement appelle chacun à faire preuve de retenue et à faire baisser les tensions», a-t-il déclaré au lendemain de cette annonce. Et de rappeler que «le combat du peuple palestinien n’est pas une lutte interne. C’est un combat contre l’occupation ».
Soutien de Londres et de Washington
La veille, le Hamas avait dénoncé «une tentative de coup d'état» contre la volonté du peuple. «Ce que nous avons entendu est un appel à la guerre civile», prévenait Ahmed Youssef, conseiller du Premier ministre islamiste Ismaeïl Haniyeh. Pour Mahmoud Abbas, il s'agit au contraire de sortir de l'impasse dans laquelle le gouvernement est plongé depuis des mois, le Hamas et le Fatah n'arrivant pas à former un cabinet d'Union nationale en raison notamment du refus du Hamas de modifier sa position vis-à-vis d’Israël.
La loi fondamentale, qui fait office de Constitution, ne contient aucune disposition pour la tenue d’élections anticipées. Selon des responsables du Fatah, Mahmoud Abbas dispose de ce pouvoir par décret présidentiel. Le Hamas affirme que ce serait illégal. L’épreuve de force est donc engagée entre les deux principales formations palestiniennes. Dimanche, Mahmoud Abbas a rencontré à Ramallah des responsables de la Commission électorale pour commencer à organiser le scrutin qui ne devrait pas avoir lieu avant le milieu de l’année prochaine pour des raisons légales et pratiques, selon Saëb Erekat, un proche conseiller du président.
L’initiative de Mahmoud Abbas a été encouragée par l'Occident qui voit là un moyen de sortir les territoires palestiniens de l'impasse. Dès samedi, Israël a salué cette décision. En tournée dans la région, le Premier ministre britannique Tony Blair a lancé, depuis le Caire en Egypte, un appel à la communauté internationale à soutenir Mahmoud Abbas. De leur côté, les autorités américaines espèrent que ces élections ramèneront le calme dans les territoires. A Bruxelles, l’Union européenne estime que de nouvelles élections pourraient contribuer à mettre fin aux violences. Reste que ce scrutin est à risque, la victoire d’Abbas et du Fatah est loin d’être acquise. Bon nombre d'analystes estiment que la popularité du Hamas a peu faibli malgré la crise politique.
par Myriam Berber (avec AFP)
Article publié le 17/12/2006 Dernière mise à jour le 17/12/2006 à 15:29 TU