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Territoires palestiniens

Gouvernement d'union nationale en perspective

Mohammad Chbeir,  l’ancien président de l'Université islamique de Gaza devra diriger le futur gouvernement palestinien d’unité nationale suite aux négociations entre le Hamas et le Fatah. 

		(Photo : AFP)
Mohammad Chbeir, l’ancien président de l'Université islamique de Gaza devra diriger le futur gouvernement palestinien d’unité nationale suite aux négociations entre le Hamas et le Fatah.
(Photo : AFP)
Les mouvements Hamas et Fatah sont tombés d’accord dimanche pour nommer Mohammad al-Chbeir à la tête du futur gouvernement palestinien d’union nationale. Ce cabinet devrait voir le jour début décembre, dès que les deux partis rivaux auront trouvé un accord au sujet de la répartition des portefeuilles. La formation d’un gouvernement dirigé par une personnalité indépendante est nécessaire pour que l’aide financière internationale puisse être rétablie, à cause du boycott occidental contre le Hamas accusé d’être une mouvement terroriste. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert s’est déclaré prêt à discuter avec le nouveau gouvernement palestinien.

Il a fallu de laborieuses discussions avant que le parti Hamas et son rival Fatah tombent d’accord pour que Mohammad al-Chbeir, 60 ans, ancien président de l’Université islamique de Gaza, devienne le successeur de l’actuel chef du gouvernement palestinien Ismaïl Haniyeh, dont le départ était pressenti depuis plus d’une semaine. La nomination de Mohammad al-Chbeir, qui n’appartient à aucun parti mais qui est  considéré comme étant un proche du Hamas, devrait être approuvée bientôt par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, lequel est devenu le nouveau chef suprême du Fatah. Les négociations entre les deux partis rivaux avaient été suspendues à plusieurs reprises, suite aux divergences entre le Hamas et le Fatah et à cause des violentes opérations militaires israéliennes à Gaza, notamment à Beit Hanoun la semaine dernière.

Tout porte à croire que Mohammad al-Chbeir, docteur en biologie d’une université des Etats-Unis, devienne le chef du futur gouvernement. Celui-ci sera composé essentiellement de technocrates avec peu d’attaches aux partis islamistes, une exigence des pays donateurs occidentaux. L’actuel premier ministre Ismaïl Haniyeh avait annoncé son intention de quitter le gouvernement pour faciliter la formation d’un cabinet d’union nationale. Les discussions vont continuer pour l’attribution des différents portefeuilles et tout particulièrement ceux des Affaires étrangères, des Finances, de l’Intérieur et de l’Information qui sont considérés comme étant les plus importants. 

Vers la levée des sanctions occidentales

Les Palestiniens espèrent ainsi que les Etats-Unis et l’Union européenne reprennent leur aide financière directe, suspendue depuis la formation du gouvernement palestinien en mars dernier, suite à la victoire écrasante du mouvement islamique Hamas aux élections générales du 25 janvier. L’ancien Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï, qui a participé en tant que représentant du Fatah aux négociations avec le Hamas, a déclaré que le nouveau gouvernement devra rétablir la confiance du peuple palestinien et du monde, pour que les sanctions occidentales puissent être levées.

Le Quartette international - formé par les Etats-Unis, l’Union européenne, la Russie et les Nations unies - exige que le gouvernement palestinien reconnaisse, notamment, le droit à l’existence d’Israël et la validité des accords israélo-palestiniens conclus dans le passé. La communauté internationale veut aussi que les Palestiniens renoncent à la violence envers l’Etat hébreu. L’Union européenne et les Etats-Unis qui sont les principaux donateurs de l’Autorité palestinienne, considèrent, notamment, que le Hamas est un groupe terroriste, tant qu’il ne renoncera pas à la violence contre Israël. Le boycott financier appliqué par Washington et Bruxelles empêche notamment le paiement de dizaines de milliers de fonctionnaires, contribuant ainsi à aggraver la crise économique qui atteint les territoires palestiniens.

Olmert disposé à discuter sous conditions

Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a déclaré dans une interview publiée lundi par le journal palestinien al-Quds, qu’il était prêt à discuter avec un futur gouvernement palestinien d’union, même si celui-ci inclut des ministres du Hamas. Olmert exige pourtant que  ce mouvement accepte les conditions du Quartette. Mais il est peu probable que le Hamas modifie ses positions concernant Israël, même si Ehud Olmert s’est déclaré favorable à l’existence d’un Etat palestinien «contigu», une position aussi défendue par le président américain George Bush. Ainsi, le ministre palestinien des Affaires étrangères, Mahmoud Zahar, interviewé par le journal arabe Asqharq al-Awsar, publié dimanche à Duabai, a notamment déclaré : «nous ne voulons pas répéter les erreurs commises par le Fatah qui a reconnu Israël et fait des concessions. Le résultat, c’est la tragédie que nous vivons aujourd’hui». Il a toutefois parlé de «trêve» avec les Israéliens, ce qui ne semble pas être suffisant pour que le boycott international soit mis entre parenthèses.

Les pays arabes contre le blocus

Les pays arabes se sont engagés dimanche au Caire, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères, à briser le blocus économique international, en versant des fonds à l’Autorité palestinienne. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré que «les banques arabes vont transférer les fonds sans se soumettre à de quelconques restrictions». Cette décision a été saluée par le gouvernement palestinien, lequel a souligné que le Koweit avait déjà transféré 30 millions de dollars, mais on ignore comment les banques des Etats arabes vont pouvoir contourner le boycott financier américain et européen. 

Les ministres arabes se sont néanmoins déclarés favorables à la tenue d’une conférence internationale sur le conflit israélo-palestinien afin de parvenir à un règlement de la présente crise, aggravée notamment par les bombardements contre la population civile de Beit Hanoun. Pour le moment, les Palestiniens se montrent assez sceptiques quant à l’intérêt d’une telle conférence. Il faut noter que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, va visiter plusieurs capitales arabes, notamment Aman et Le Caire. La Jordanie et l’Egypte ont été les seuls Etats arabes à conclure des accords de paix avec Israël. Ils pourront ainsi contribuer à convaincre le Hamas d’adopter une position plus modérée, ce qui faciliterait énormément la formation du futur gouvernement d’union.

par Antonio  Garcia

Article publié le 13/11/2006 Dernière mise à jour le 13/11/2006 à 14:12 TU