Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Proche-Orient

Flambée de violence post-électorale

L'attentat suicide de Kedumim, qui a tué jeudi quatre Israéliens, est le premier depuis deux mois.(Photo : AFP)
L'attentat suicide de Kedumim, qui a tué jeudi quatre Israéliens, est le premier depuis deux mois.
(Photo : AFP)
En riposte à un attentat suicide qui a tué jeudi quatre Israéliens et à des tirs de roquettes contre son territoire, Israël a attaqué vendredi matin une quinzaine de cibles. Le chef d’un groupe armé palestinien a été tué à Gaza dans une explosion - sans doute une voiture piégée -, l’armée israélienne démentant toute implication. Ce regain de violence survient peu après l’entrée en fonction, mercredi, du nouveau gouvernement palestinien dirigé par le Hamas et la courte victoire aux législatives israéliennes du parti centriste Kadima d’Ehud Olmert.

Le kamikaze, déguisé en juif ultra-orthodoxe, faisait de l’auto-stop près de l’implantation juive de Kedumim, en Cisjordanie. A peine monté dans la voiture d’un couple de colons, il déclenchait sa charge, forte d’un dizaine de kilos d’explosifs, tuant le couple ainsi qu’un adolescent et une jeune femme qui effectuait son service civil dans la région. Cet attentat suicide, le premier depuis deux mois, a été revendiqué par les Brigades des Martyrs d’al-Aqsa, liées au Fatah, « pour venger la mort » d’un de leurs chefs militaires, tué le 23 février lors d’un raid de l’armée israélienne en Cisjordanie.

Le ministre palestinien de l’Information, membre du mouvement radical Hamas - récent vainqueur des élections -, s’est refusé à condamner l’opération. « L’occupation israélienne », a commenté Youssef Rizka, pousse les Palestiniens à se « défendre ». Cette réaction, ajoutée à celles, analogues, d’autres hauts responsables du Hamas, renforce l’isolement d’un président palestinien à la ligne modérée. Mahmoud Abbas, en visite en Afrique du Sud, a déclaré que « l'Autorité palestinienne n'accepte pas cela. Nous le condamnons (l'attentat) et pensons que cela ne favorisera pas le processus de paix (…) Il est nécessaire de respecter la trêve signée par tous les groupes palestiniens. »

« Quand il est arrivé à sa hauteur, elle a explosé » 

Quelques heures après l’attentat, l’armée israélienne ripostait. Des avions ont frappé dans la nuit plusieurs objectifs au nord de la bande de Gaza, dont des terrains vagues utilisés, selon Tsahal, pour tirer des roquettes contre le territoire israélien. Plusieurs arrestations ont eu lieu en Cisjordanie. L’armée a également renforcé le bouclage de la ville de Naplouse et les contrôles aux barrages.

Vendredi à la mi-journée, à Gaza, un activiste palestinien a été tué par une explosion – celle semble-t-il d’une voiture piégée - dont Israël dément être responsable. « Abou Youssef al Gouga se rendait à pied à la mosquée pour prier, il y avait une voiture garée dans la rue. Quand il est arrivé à sa hauteur, elle a explosé », a affirmé à l'AFP Abou Abir, un porte-parole des Comités de la résistance populaire, accusant Israël d'être derrière l'explosion. Ce groupe est soupçonné par l’armée israélienne d’être responsable de nombreux tirs de roquettes.

Tractations pour former un gouvernement d’union

L’attaque suicide de Kedumim survient peu après l’entrée en fonction, mercredi, du nouveau gouvernement palestinien dirigé par le Hamas, et la courte victoire, aux législatives israéliennes de mardi, du parti centriste Kadima d’Ehud Olmert. Des représentants des colons israéliens ont immédiatement appelé le Premier ministre sortant par intérim à « donner la priorité, dans son prochain cabinet, à la lutte contre le terrorisme, au lieu de préparer de nouveaux renoncements », en allusion au plan de retraits partiels qu’il projette en Cisjordanie.

Ehud Olmert entamait vendredi des tractations pour former un gouvernement d’union qu’il dirigerait, sachant que Kadima n’a pas obtenu un succès assez net pour imposer ses conditions à d’éventuels partenaires. Cependant, l'annonce jeudi soir, après le dépouillement de la totalité des bulletins de vote, que son parti avait remporté 29 sièges, soit un de plus que lors des précédents décomptes, pourrait faciliter la constitution d'une coalition gouvernementale.

Officiellement, c’est dimanche que le président Moshé Katzav doit entamer des consultations formelles avec les douze partis représentés au Parlement, après quoi il chargera Ehud Olmert de constituer un cabinet. Le parti travailliste d’Amir Peretz, deux formations ultra-orthodoxes et le parti des Retraités ont déjà fait part de leur volonté de participer à la coalition.


par Philippe  Quillerier

Article publié le 31/03/2006 Dernière mise à jour le 31/03/2006 à 15:52 TU