Territoires palestiniens
Les appels au calme se multiplient
(Photo :AFP)
La crise se poursuit à Gaza, avec des confrontations entre les islamistes du Hamas et les combattants du Fatah, fidèles au président de l’Autorité palestinienne, en dépit de la trêve conclue dimanche soir entre les deux factions. Deux membres des services de sécurité du Fatah ont été retrouvés morts, après avoir été enlevés. Le Fatah affirme qu’ils ont été exécutés par les policiers qui dépendent du ministère de l’Intérieur contrôlé par le Hamas, lequel nie ces accusations. Deux autres membres du Fatah et deux policiers du Hamas ont également été tués dans des combats de rue à Gaza.
Des incidents ont également opposé les deux factions à Jabaliya, au nord de la ville de Gaza, où le quartier général des services de sécurité (fidèles au président Mahmoud Abbas) a été encerclé par près d’une centaine de membres de la branche armée du Hamas et de sa Force exécutive qui dépend du ministère de l’Intérieur. Des témoins, cités par l’AFP, ont affirmé que les membres du Hamas tentaient d’obtenir la libération de plusieurs de leurs camarades qui avaient été arrêtés par le Fatah. L’actuelle crise a commencé samedi, suite à l’annonce d’élections législatives et présidentielle anticipées par le président Abbas, qui a été accusé par le Hamas de vouloir déclencher un «coup d’Etat». Au moins onze personnes ont été tuées dans cette vague de violence à Gaza, opposant depuis cinq jours les forces du parti islamiste Hamas aux combattants du Fatah, le mouvement nationaliste laïc crée en 1965 par Yasser Arafat.
Face aux risques d’un guerre civile à grande échelle, Mahmoud Abbas a appelé mardi les factions palestiniennes à cesser les combats, pour sauver l’unité nationale : «En tant que président du peuple palestinien, j’appelle tout le monde sans exception à cesser le feu et les meurtres…pour sauver notre unité».
Le président de l’Autorité palestinienne a également rappelé que «l’accord signé dimanche entre les factions palestiniennes doit être appliqué sur le terrain et les forces de sécurité palestiniennes doivent être déployées pour mettre fin aux actions des combattants. Le dialogue est le seul moyen pour atteindre nos buts». La déclaration d’Abbas a été publiée par le secrétariat de la présidence, à Ramallah, en Cisjordanie.
«Nous sommes tous à bord du même navire»
De son coté, le Premier ministre Ismaïl Haniyeh a considéré que l’appel du président Abbas à des élections anticipées est «anticonstitutionnel et risque de nous ramener dix ans en arrière». Il a ajouté que son parti ne pouvait pas accepter cet appel, insistant «sur la nécessité de respecter le choix du peuple palestinien».
Les derniers combats ont aussi obligé le Premier ministre islamiste Ismaïl Haniyeh à faire un appel au cessez-le-feu et il en a profité pour appeler les Palestiniens à l’unité, face à Israël : «Ce peuple restera uni face à l’occupation et l’agression. Il ne sera pas détourné par des luttes intestines». Dans cette déclaration, diffusée mardi en fin d’après midi par la télévision de Gaza, Ismaïl Haniyeh a également affirmé que «la moindre goutte de sang palestinien nous est chère et elle ne doit couler que pour la défense de notre terre. Nous sommes tous à bord du même navire et sommes attachés à ce qu’il parvienne à bon port, afin que notre peuple puisse jouir de sa liberté et de son indépendance».
Haniyeh a également accusé les Etats-Unis de vouloir faire chuter son gouvernement qui est l’objet de sanctions de la communauté internationale, étant donné que le mouvement Hamas figure sur des listes d’organisations terroristes établies par le gouvernement américain et par l’Union européenne. Le Hamas ne veut pas reconnaitre l’existence d’Israël, refuse les accords conclus dans le passé et ne veut pas arrêter définitivement les actions armées contre les Israéliens.
La présente situation dans les Territoires palestiniens est préoccupante, selon Leïla Chahid, représentante de l’Autorité palestinienne à Paris, qui a déclaré ce matin sur les ondes de RFI que les Palestiniens avaient franchi «le seuil de la guerre civile, un seuil qui était un tabou». Elle a souligné qu’il faudra «une vraie initiative internationale» pour ramener le calme à Gaza. La diplomate palestinienne considère qu'aujourd’hui, «il y a au Proche-Orient un axe américain avec Israël comme allié principal et un axe iranien avec comme alliés la Syrie, le Hezbollah, le Hamas». Selon Leïla Chahid, «le peuple israélien se retrouve malgré lui, Mahmoud Abbas aussi, un peu prisonnier de cette instrumentalisation».
Médiation du roi de Jordanie
La situation à Gaza préoccupe également plusieurs Etats de la région, notamment l’Arabie saoudite qui a invité les palestiniens à éviter les conflits internes. De son coté le Premier ministre israélien Ehud Olmert a effectué une visite surprise à Amman pour s’entretenir avec le roi Abdallah II, à la demande de ce dernier, au sujet de la reprise des contacts israélo-palestiniens. Le monarque a également appelé au téléphone le président palestinien Mahmoud Abbas, en vue d'une rencontre à Amman entre ce dernier et le Premier ministre Haniyeh. La Jordanie deviendrait ainsi une pièce importante, dans le cadre d’un règlement des tensions au Proche-Orient. Il faut noter que la Jordanie et l’Egypte sont les seuls Etats arabes qui ont des relations officielles avec Israël.
par Antonio Garcia
Article publié le 19/12/2006 Dernière mise à jour le 19/12/2006 à 20:12 TU