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Somalie

L'Ethiopie entre en guerre

Situation géographique de la Somalie. 

		(Carte : Silvio M. Segala/ RFI)
Situation géographique de la Somalie.
(Carte : Silvio M. Segala/ RFI)

Pour la première fois ce dimanche, l’Ethiopie a reconnu publiquement son engagement militaire en Somalie pour soutenir le gouvernement de transition encerclé dans la ville de Baïdoa, située à 250 kilomètres au nord-ouest de Mogadiscio, par des combattants de l’Union des tribunaux islamiques (UTI) qui ont pris le contrôle de la capitale en juin dernier après plusieurs mois de combats contre une alliance de chefs de guerre soutenue par les Etats-Unis. Justifiant son intervention militaire pour des questions de «sécurité» et de «souveraineté», Addis-Abeba a confirmé une «contre-attaque», tout en démentant l’implication de l’armée de l’air, alors que les combattants islamistes ont accusé l’Ethiopie de bombarder leurs positions.


Depuis des mois, des témoins signalent la présence de soldats éthiopiens en Somalie pour la protection du gouvernement de transition mais jusqu’à aujourd’hui, l’Ethiopie avait seulement reconnu y avoir envoyé quelques centaines d'instructeurs militaires. Ce dimanche à la mi-journée, pour la première fois Addis-Abeba a officiellement confirmé son implication dans l’offensive contre les combattants des Tribunaux islamiques. Invoquant son «droit de légitime défense», le gouvernement éthiopien a déclaré que ses «forces de défense ont commencé à attaquer les forces anti-éthiopiennes». Selon le ministre éthiopien de l'Information, Berhan Hailu l’opération vise plusieurs secteurs, dont Beledweyne, Bandiradley, Bur Hakaba et Dinsoor. Pour sa part, le porte-parole du ministère de l'Information, Zemedkum Tekle, a confirmé l’utilisation de chars mais démenti l'implication d'avions de combat.

Les combattants islamistes somaliens ont accusé ce dimanche l'aviation éthiopienne d'avoir bombardé leurs positions. Des témoins ont affirmé que des raids aériens avaient été menés contre un des fiefs des Tribunaux islamiques aux environs de la localité de Kalaberka, située à une trentaine de kilomètres de la frontière éthiopienne et environ 300 kilomètres au nord de la capitale somalienne. D’autres témoignages ont fait état de bombardements dans le centre du pays, dans la localité de Bandiradley, située à environ 630 kilomètres au nord de Mogadiscio.

L'Ethiopie se défend de vouloir imposer un gouvernement en Somalie

Dimanche soir, le Premier ministre éthiopien s'est adressé à la nation en amharique, la langue nationale, pour expliquer que l’Ethiopie avait été «contrainte d’entrer en guerre pour protéger la souveraineté de la nation et repousser les attaques répétées des terroristes des tribunaux islamiques et des éléments anti-éthiopiens qui les soutiennent». Dans son allocution télévisée, Meles Zenaw a affirmé que l’Ethiopie n’essayait pas «d'imposer un gouvernement à la Somalie» et n’avait pas l'intention de «s'immiscer dans les affaires internes de la Somalie». Il s’est déclaré favorable à des négociations entre le gouvernement éthiopien de transition et les tribunaux islamiques pour mettre en place un gouvernement.

Depuis mercredi dernier, après l'expiration d'un ultimatum posé par les islamistes aux troupes éthiopiennes pour quitter la Somalie, les combats font rage entre les forces du gouvernement de transition et les combattants des Tribunaux islamiques qui contrôlent la majorité du centre et du sud du pays et ont déclaré ces derniers mois le «jihad» (guerre sainte) contre l'Ethiopie qu'ils accusent d'avoir «envahi» la Somalie.

Face à cette détérioration rapide de la situation dans cette région de l’Afrique de l’Est, le commissaire européen au Développement et à l'aide humanitaire, Louis Michel, a condamné l’escalade du conflit et appelé les parties à un cessez-le-feu immédiat. Pour sa part, la présidence finlandaise de l'Union européenne a appelé les Etats de la région à trouver une solution pacifique.

Selon des observateurs, l'Ethiopie aurait déployé entre 15 000 à 20 000 soldats en Somalie tandis que l'Erythrée (ancienne province éthiopienne ayant acquis son indépendance en 1993) fournirait environ 2 000 hommes aux islamistes, ce qu'Asmara a toujours démenti. Mercredi dernier, le président érythréen Issaias Afeworki avait déclaré ne pas croire que la crise somalienne déboucherait sur une guerre régionale dans la Corne de l'Afrique, comme semblaient le redouter de nombreux experts de la région.



par Elisa  Drago

Article publié le 24/12/2006 Dernière mise à jour le 24/12/2006 à 20:19 TU