Somalie
Les islamistes en guerre contre l’Ethiopie
(Photo : AFP)
(Carte : Silvio M. Segala/ RFI)
L’explosion d’une voiture piégée a provoqué au moins sept morts à un poste de contrôle situé dans la périphérie de Baïdoa, où est installé le gouvernement de transition somalien. Les autorités ont immédiatement affirmé que «les Tribunaux islamiques en sont responsables». Le vice-ministre de la Défense du gouvernement provisoire, cité par Reuters, a ajouté que l’explosion avait tué deux policiers et provoqué également des blessés. En septembre dernier, un autre attentat suicide avait visé le président Abdullahi Yussuf, lequel en est sorti indemne. Il avait accusé al-Qaïda d’être à l’origine de l’attaque.
Des confrontations armées se sont également produites jeudi à Deynunay, une localité située à une trentaine de kilomètres au sud de Baïdoa, où est installée une base militaire gouvernementale. Cette position a été atteinte par des mortiers et des tirs d’artillerie des combattants islamistes. Et les troupes gouvernementales ont attaqué des positions des Tribunaux islamiques, à Idale, position située à 60 kilomètres au sud de Baïdoa. Les deux camps affirment avoir infligé des pertes sévères à leurs ennemis, des informations qui n’ont pas pu être confirmées par des sources indépendantes. Le gouvernement intérimaire a également signalé des combats à Donsour, une localité située à une centaine de kilomètres au sud-ouest de la « capitale fédérale ».
Médiation du commissaire européen
Ces affrontements ont éclaté au lendemain de l’annonce faite par Louis Michel, le commissaire européen au Développement et à l’aide humanitaire, concernant la reprise des discussions, à Khartoum, entre les représentants du gouvernement de transition et les Tribunaux islamiques. Lors de cette mission comportant des risques, Louis Michel a pu rencontrer les dirigeants des deux camps à Baïdoa et à Mogadiscio. Il s’est dit convaincu que le gouvernement de transition et les islamistes étaient désireux de «trouver une solution politique à la crise somalienne».
Le médiateur européen a appelé les Tribunaux islamiques et le gouvernement de transition à participer à une quatrième série de conversations bilatérales, dans la capitale soudanaise, sous la responsabilité de la Ligue arabe.
Louis Michel
Le commissaire européen au développement
«J'ai décroché l'engagement des partis à retourner à la table des négociations.»
Les islamistes avaient menacé, il y a dix jours, de déclencher une «guerre sainte (jihad)» contre les forces éthiopiennes qui soutiennent le gouvernement de transition, exigeant que les troupes étrangères quittent la Somalie. Le leader des Tribunaux islamiques, Cheikh Hassan Dahir Aweys, cité par l’agence Associated Press, a décrété jeudi l’état de guerre contre l’Ethiopie. Mais le gouvernement d’Addis Abeba affirme qu’il n’a pas envoyé de troupes combattantes dans le pays voisin, seulement des instructeurs militaires. Les Ethiopiens affirment que les islamistes somaliens soutiennent des mouvements séparatistes de l’ethnie somali, en Ethiopie. Le Kenya subit également les effets de la crise somalienne, vu les milliers de réfugiés qui continuent de traverser les frontières entre les deux pays.
Un conflit qui atteint le Corne d’Afrique
La Somalie est ainsi devenue une sorte de carrefour de forces et d’intérêts étrangers, selon des rapports publiés par les Nations unies. Tandis que l’Ethiopie soutient les autorités de Baïdoa - qui sont reconnues par l’Union africaine et par l’ONU depuis 2004 - l’Erythrée appuie les islamistes de Mogadiscio, en leur fournissant notamment des armes.
Les Tribunaux islamiques se sont emparés de la capitale du pays, après avoir vaincu en juin dernier l’alliance des chefs de guerre soutenus par les Etats-Unis. Les Tribunaux islamiques refusent l’idée de déploiement d’une force de paix africaine en Somalie et affirment que les Ethiopiens sont manipulés par les Etats-Unis. De son côté, Washington accuse les islamistes somaliens d’être liés au réseau terroriste al-Qaïda et d’avoir protégé les auteurs des attentats contre les ambassades américaines à Nairobi et à Dar-es-Salaam, des attentats qui ont provoqué des centaines de victimes en 1998.
par Antonio Garcia
Article publié le 21/12/2006 Dernière mise à jour le 21/12/2006 à 15:13 TU