Somalie
Menaces de conflit régional
(Photo: AFP)
Les Nations unies veulent éviter que l’instabilité chronique de la Somalie ne se propage aux autres Etats de la région. C’est pour cela que le représentant spécial de l’ONU a initié une série de contacts avec les autorités de six Etats de la Corne de l’Afrique, plus le Yémen. François Fall a déclaré que l’un des buts de sa mission était de «faire baisser la tension dans la région, parce que la crise somalienne a une répercussion régionale». Il s’est entretenu mardi à Addis-Abeba avec le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi au sujet des «problèmes de dialogue et de la question du déploiement d’une force internationale en Somalie». François Fall s’est déplacé mercredi à Asmara pour rencontrer les responsables érythréens. Les relations entre ces deux Etats sont très tendues, suite au conflit frontalier de 1998 à 2000. La crise en Somalie est de nature à aggraver les rapports entre ces deux gouvernements rivaux.
Les autorités éthiopiennes qui ne veulent plus discuter du tracé de leurs frontières, accusent, en effet, leurs voisins érythréens de fournir des armes aux tribunaux islamiques somaliens, tandis que ces derniers affirment que l’Ethiopie a déployé des militaires dans la zone de Baïdoa pour défendre le gouvernement fédéral de transition. Les autorités éthiopiennes ont démenti ces accusations, tout en reconnaissant avoir fourni des instructeurs militaires pour former les forces de sécurité du gouvernement de transition. Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a déclaré que ce gouvernement «reconnu par la communauté internationale ne devrait pas être renversé par la force». Le chef du gouvernement d’Addis-Abeba a aussi accusé les islamistes somaliens de représenter une «sérieuse menace pour la région». Ces déclarations font suite à l’avancée des forces des Tribunaux islamiques qui se sont emparées de la capitale, Mogadiscio, début juin, ainsi que du port de Kismayo, troisième ville du pays, le 24 septembre.
Menace de djihad
Les islamistes s’opposent fermement au déploiement d’une force de paix africaine qui est réclamée par les autorités éthiopiennes et soutenue par les autres Etats qui font partie de l’IGAD, l’Autorité intergouvernementale pour le développement, notamment le Kenya, le Soudan, Djibouti, l’Erythrée et l’Ouganda. Des centaines de musulmans ont manifesté à Kismayo, mercredi, contre tout déploiement d’une force de paix étrangère, menaçant de déclencher une «guerre sainte contre l’ennemi d’Allah».
Les dirigeants du Conseil islamique suprême de Somalie (SICS) ont aussi accusé l’Ethiopie d’être devenue l’ «ennemi numéro un» pour avoir encouragé une milice à reprendre Kismayo par la force. Il s’agit de l’Alliance de la vallée de Juba (JVA) qui affirme avoir conclu un accord avec le gouvernement de transition pour reprendre cette ville, située à 200 kilomètres de la frontière kenyane, qui a une position stratégique très importante, dans l’éventualité du débarquement de forces étrangères dans le sud de la Somalie.
Entre-temps le gouvernement éthiopien a décidé de placer ses forces de sécurité en état d’alerte sur la côte, en raison de l’instabilité en Somalie qui provoque un grand afflux de réfugiés. Le Programme alimentaire mondial (PAM) pourrait être obligé de procéder à un rationnement de la nourriture distribuée aux réfugiés somaliens.
Après l’Ethiopie et l’Erythrée, l’envoyé spécial des Nations unies, François Fall, doit se rendre à Djibouti, au Yémen, au Soudan, en Ouganda et aussi en Egypte, siège de la Ligue arabe. Il devra préparer la prochaine réunion du Conseil de sécurité consacrée à la Somalie qui devra avoir lieu début novembre.par Antonio Garcia
Article publié le 04/10/2006 Dernière mise à jour le 04/10/2006 à 18:45 TU