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Somalie

Les Tribunaux islamiques avancent sur la côte

Le cheikh Hassan Dahir Aweys, principal chef militaire des Tribunaux islamiques, qui a conduit mercredi la bataille d'Hobyo.  

		(Photo : AFP)
Le cheikh Hassan Dahir Aweys, principal chef militaire des Tribunaux islamiques, qui a conduit mercredi la bataille d'Hobyo.
(Photo : AFP)

Les forces de l’Union des Tribunaux islamiques ont pris mercredi le contrôle du port stratégique d’Hobyo, dans le centre du pays. Le gouvernement fédéral intérimaire, installé à Baïdoa, est dans une position délicate, d’autant plus que des dizaines de soldats gouvernementaux ont déserté pour rejoindre les islamistes, ce qui inquiète les Etats voisins notamment l’Ethiopie. Les discussions entre les islamistes somaliens et les autorités de transition sont toujours bloquées. Les Nations-Unies craignent une crise humanitaire en Somalie.


Les Tribunaux islamiques ont conquis de nouvelles positions stratégiques, dans le centre de la Somalie, notamment le port d’Hobyo situé à près de 500 kilomètres au nord de la capitale Mogadiscio. Selon des habitants de Hobyo, cités par les agences de presse, les miliciens islamiques, commandés par le principal chef militaire des Tribunaux islamiques, le cheikh Hassan Dahir Aweys, ont pu entrer dans la ville sans tirer le moindre coup de feu. Les troupes d’un chef de guerre local s’étaient auparavant rendues aux forces des Tribunaux islamiques qui encerclaient Hobyo avec une quarantaine de véhicules tout-terrain, des «technicals» équipés de mitrailleuses lourdes.

Les pirates de la mer délogés

Quelques jours plus tôt, les milices islamiques, qui se réclament du Conseil islamique suprême de Somalie (SICS), avaient déjà pris le contrôle d’autres localités côtières, Harardheere et Eldher, par exemple, connues comme des ports d’attache pour les pirates qui opèrent dans cette partie de l’océan Indien, l’une des plus dangereuses du monde. Pour la seule année 2005, en effet, ce sont des dizaines de bateaux qui ont été attaqués dans cette région devenue infréquentable depuis le début des années quatre-vingt-dix.

Les Tribunaux islamiques affirment être venu avec «un message de paix au peuple d’Hobyo», rappelant leur volonté d’instaurer la loi islamique dans tout le pays. Avec la prise d’Hobyo, ils confirment aussi leur intention de consolider leur pouvoir sur la partie sud de la Somalie. Et cela, après leur victoire dans la capitale, Mogadiscio, au début du mois de juin. Celle-ci avait constitué un revers très important pour l’alliance des chefs de guerre soutenue par les Etats-Unis qui accusent le SICS d’avoir des liens avec le réseau terroriste al-Qaïda.

Le gouvernement intérimaire mis en échec

Les Tribunaux islamiques contrôlent désormais un territoire qui s’étend du littoral à la frontière éthiopienne, à l’exclusion de la zone qui entoure la ville de Baïdoa, où est installé le gouvernement fédéral intérimaire, à 250 kilomètres à l’ouest de Mogadiscio. Soutenu par la communauté internationale depuis sa création en 2004, ce gouvernement a été récemment abandonné par nombre de ses ministres. Il n’est plus guère que virtuel, en dépit du déploiement de troupes éthiopiennes dans la région.

Bien évidemment, le SICS s’oppose fermement aux appels lancés par les autorités intérimaires de Baidoa qui demandent l’intervention d’une force étrangère, notamment africaine. Les Tribunaux islamiques revendiquent le droit de garantir eux-mêmes la sécurité de la Somalie et d’y appliquer la loi islamique. Forts de leurs succès militaires, ils ne paraissent pas intéressés à négocier avec le gouvernement.

Pourparlers ajournés sine die

A l’initiative de la Ligue arabe, des pourparlers entre le gouvernement intérimaire somalien et les Tribunaux islamiques étaient prévus mardi à Khartoum. Ils ont été ajournés, les Tribunaux exigeant le retrait immédiat des troupes éthiopiennes qu’ils accusent d’occuper «certaines parties de la Somalie». Addis Abeba dément ce qu’il qualifie de «mensonges et de propagande ».

Le gouvernement intérimaire et le SICS avaient signé le 22 juin, à Khartoum, un accord de reconnaissance mutuelle et de cessation d’hostilités. Il est resté sans effets, les Tribunaux, confortés par leurs dernières avancées sur le terrain, pariant visiblement sur la démission pure et simple du pouvoir intérimaire.



par Antonio  Garcia

Article publié le 16/08/2006Dernière mise à jour le 16/08/2006 à TU