Pour la Biélorussie du président Alexandre Loukachenko, la facture du gaz va doubler en 2007, à 100 dollars les mille mètres cubes, contre quelque 46 dollars précédemment, un prix d’ami concédé par Moscou, bien en deçà des 230 dollars du prix du marché. Mais il a bien fallu céder, le géant russe Gazprom menaçant de couper les robinets le 31 décembre à minuit si Minsk refusait de régler l’addition, 105 dollars les mille mètres cubes initialement. Bruxelles aussi retenait son souffle. Gazprom est le premier fournisseur de gaz d'Europe et 20% de ses livraisons transitent en Biélorussie. Les approvisionnements de l'Allemagne, de la Pologne ou de la Lituanie risquaient d’être perturbés. Finalement le bras de fer s’est arrêté à la Saint Sylvestre. Il était minuit moins deux.
Le siège de Gazprom à Moscou.
(Photo: AFP)
Comme l’a annoncé le patron de Gazprom, Alexeï Miller, en échange de ses concessions sur le prix du gaz - toujours inférieur à celui que paient les autres Républiques émancipées du giron soviétique malgré cette augmentation - la Russie prend le contrôle de 50% de Beltransgaz, maître d'oeuvre du réseau de gazoducs biélorusses, moyennant quelque 2,5 milliards de dollars dont le versement sera échelonné sur les quatre prochaines années. En outre, le transit du gaz russe en Biélorussie verra ses tarifs relevés de 0,75 dollar à 1,45 dollar pour 1 000 m3 par tranche de 100 kilomètres de gazoduc. «
La partie biélorusse a signé un accord dans des termes regrettables. Et cela dans un climat lourd à la veille du Nouvel An», lance le Premier ministre biélorusse Sergueï Sidorski. Depuis, le climat en question ne s’est pas vraiment allégé car outre le gaz, c’est aussi le pétrole livré par Moscou et qui oxygénait jusqu’à présent le régime Loukachenko, qui va voir son prix grimper.
Alexandre Loukachenko : «Un coup porté à une amitié séculaire»
Le 13 décembre dernier, en engageant la bataille du gaz, Moscou avait aussi annoncé qu’au 1er janvier 2007, la Biélorussie ne serait plus exemptée des taxes pétrolières, 180 dollars la tonne, que la Russie prélève sur ses exportations auprès de ses autres partenaires commerciaux. Une perte sèche pour Minsk qui revendait régulièrement en Europe au prix fort une partie de ce pétrole russe. «Un coup porté à une amitié séculaire», selon Alexandre Loukachenko qui, dans ses vœux de Nouvel An, appelle ses administrés à «faire des économies» pour «faire face à de nouvelles réalités économiques». Celle-ci ne seront sans doute pas sans conséquences politiques pour ce pays très isolé sur la scène diplomatique. Mais dans l’immédiat, le Premier ministre Sidorski va tenter de négocier un rabais sur les droits de douane sur le pétrole. «On nous a proposé de diviser les droits de douane à 50-50», assure-t-il d’ores et déjà.