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Biélorussie

«La révolution est terminée»

A Minsk, la place d'Octobre, ce 24 mars, est vide de tous ses occupants.(Photo: AFP)
A Minsk, la place d'Octobre, ce 24 mars, est vide de tous ses occupants.
(Photo: AFP)
En quelques minutes, la répression s’est abattue la nuit dernière sur les opposants qui manifestaient depuis dimanche sur la place d’Octobre de Minsk contre la réélection contestée d’Alexandre Loukachenko. Au cours de l’opération, les forces de l’ordre ont procédé à des arrestations d’opposants. Le chef de file de l'opposition Alexandre Milinkevitch maintient son appel à la manifestation, samedi au centre de Minsk.

Il aura fallut moins d’un quart d’heure au troupes anti-émeutes biélorusses pour nettoyer la place d’Octobre, en plein centre de Minsk, où depuis lundi soir quelques 300 personnes, jeunes pour la plupart campaient dans des tentes igloos : une occupation pacifique en signe de résistance au régime d’Alexandre Loukachenko, proclamé président pour un troisième mandat consécutif après une élection qui, selon les observateurs internationaux, ne répond à aucun critère d’un scrutin démocratique. Peu après 3 heures de matin, une centaine de policiers ont embarqué les manifestants, trop peu nombreux pour opposer une quelconque résistance.

«La révolution est terminée», a indiqué le colonel Youri Podobed, qui dirigeait l’opération, sur la radio Echos de Moscou. « Le pouvoir a montré une nouvelle fois son vrai visage », a déclaré de son côté le leader de l’opposition Alexandre Milinkevitch, devant la prison où ont été enfermés les manifestants, dont son beau-fils et un diplomate polonais. Au total, ce sont plus de 600 personnes qui ont été emprisonnées depuis dimanche dernier. Le régime biélorusse poursuit ainsi sa campagne d’intimidation mais l’opposition maintient son appel à un grand rassemblement samedi et espère plus que jamais le soutien des Occidentaux face au pouvoir dictatorial d’Alexandre Loukachenko.

Propagande grossière

L’intervention au milieu de la nuit des forces spéciales pour nettoyer le noyau de résistance de la place d’Octobre s’inscrit dans la droite ligne de la campagne d’intimidation de la population et de harcèlement de l’opposition menée par le régime Loukachenko depuis déjà plusieurs mois. Cette fois il s’agit de dissuader celles et ceux qui avaient l’intention de répondre à l’appel d’Alexandre Milinkevitch et de participer au rassemblement de samedi sur cette même place d’Octobre : «Ces jeunes ont montré qu’il est possible de lutter pour la liberté dans un régime dictatorial», a déclaré le leader de l’opposition à l’Agence France Presse, confirmant l’appel à la manifestation.

Mais la répression brutale des autorités complique singulièrement la mobilisation : faute d’accès aux médias quels qu’ils soient, le bouche à oreille et l’Internet sont les seuls moyens dont disposent l’opposition pour convaincre de se rassembler en masse samedi. A l’inverse, le pouvoir va, d’ici là utiliser toutes les méthodes dont il dispose pour empêcher la manifestation de se tenir ; déjà, les campeurs pacifiques de la place d’Octobre étaient décrits à la télévision comme une bande d’enragés extrémistes et même alcooliques, voulant mettre en danger la sécurité de la Biélorussie. Cette propagande grossière risque néanmoins de faire peur et de limiter le nombre des manifestants.


par A Moscou, Jean-Frédéric  Saumont

Article publié le 24/03/2006 Dernière mise à jour le 24/03/2006 à 14:50 TU

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