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RDC

Le pays attend son gouvernement

Antoine Gizenga, nommé Premier ministre samedi, devrait commencer à former son gouvernement cette semaine. 

		(Photo : AFP)
Antoine Gizenga, nommé Premier ministre samedi, devrait commencer à former son gouvernement cette semaine.
(Photo : AFP)
Après la nomination, samedi, d’Antoine Gizenga au poste de Premier ministre, les prévisions vont bon train sur la formation du futur gouvernement. Le doyen des hommes politiques congolais et président du Parti lumumbiste unifié devait lancer ses consultations mardi mais elles ont été retardé «pour raisons techniques».

Antoine Gizenga, nommé samedi dernier au poste de Premier ministre du tout premier gouvernement de la troisième République de RDC, a déclaré vouloir travailler «vite». Mais, ce mardi, il a dû retarder ses consultations pour des «raisons techniques». «Il doit attendre que les bureaux de la Primature soient prêts», probablement au cours de cette semaine, a déclaré Adolphe Mozitu, le secrétaire national du Parti lumumbiste unifié (Palu) qu’Antoine Gizenga a créé en 1964 et dont il est le président.

En attendant, les prévisions vont bon train sur la formation du futur gouvernement. «Les observateurs s’interrogent sur la marge de manœuvre de Gizenga dans la conduite de affaires publiques, dans un environnement politique majoritairement sous influence du chef de l’Etat», écrit Le Potentiel. Le journal se demande ce que le Premier ministre fera «face aux prédateurs d’autrefois qui risquent d’opérer leur come back et qui lui seraient imposés comme ministres de la majorité AMP [Alliance pour la majorité présidentielle, coalition politique de Kabila]». Antoine Gizenga va devoir former un gouvernement de large coalition et se battre contre les clivages partisans. Il devra aussi préserver le soutien des bailleurs de fonds internationaux qui ont financé pendant la transition (2003-2006) plus de la moitié du budget de l’Etat.

On sait d’ores et déjà que des deux principales ex-rébellions de la dernière guerre (1998-2003), seul le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) d’Azarias Ruberwa a souhaité faire partie du gouvernement Gizenga. L’Union pour la nation (UN), plate-forme politique soutenant le candidat malheureux à la présidentielle Jean-Pierre Bemba, ne fera pas partie de l’équipe gouvernementale. L’UN a «levé l’option de rester dans l’opposition forte, républicaine et critique». De son côté, Jean-Pierre Bemba avait annoncé à la mi-décembre son intention de briguer un siège de sénateur à Kinshasa, ville dans laquelle il est très populaire, lors des élections sénatoriales qui auront lieu le 16 janvier.

Gouvernement «pléthorique» ?

«Combien faudra-t-il de membres pour qu’il y ait réellement un ‘gouvernement représentatif’ ?» s’interroge Le Potentiel. Qui poursuit : «A en croire les premiers éléments d’information, le futur gouvernement pourrait être constitué de 58 membres». Selon Congo Tribune, «ce gouvernement, que les bailleurs internationaux souhaitaient resserré et technique, promet d’être pléthorique, avec quelques 35 ministres et plus de 20 vice-ministres, selon certains observateurs».

Joseph Kabila a accompagné l’ordonnance de nomination d’Antoine Gizenga d’une lettre dans laquelle il lui demande de respecter, dans la composition de son gouvernement, les principes de «représentativité nationale» ainsi que les «critères de compétence, d’honorabilité, de crédibilité et d’intégrité». De fait, Gizenga avait déjà averti en décembre que «les pillards, sanguinaires, corrompus et autres sont exclus d’office». CongoTribune indique : «Gizenga s’oppose par principe à l’entrée au gouvernement de personnalités de l’entourage du président Kabila citées dans des rapports parlementaires sur les contrats miniers opaques ou dans ceux de l’Onu sur le pillage des ressources naturelles de la RDC, selon ses proches. Cette position rencontre l’assentiment d’un grand nombre de Congolais qui souhaitent voir enfin leur pays rompre avec les anti-valeurs des régimes précédents».

Homme de principes, Antoine Gizenga, ancien vice-Premier ministre de Patrice Lumumba, destitué et emprisonné en 1964, joue enfin un rôle politique majeur. Ceci après 25 ans d’exil et 16 ans d’opposition aux régimes de Mobutu puis de Kabila père et de Kabila fils. En effet, rentré à Kinshasa en 1992, après un exil en URSS, en Angola et à Brazzaville, il siège au Parlement de transition (2003-2006) mais refuse de participer au gouvernement de transition. Ce fils de la région du Bandundu, qui a fait ses études chez les jésuites, a aujourd’hui la lourde tâche de constituer l’équipe qui va devoir s'attaquer aux vastes chantiers de reconstruction du pays.

Nomination sans surprise

Sa désignation, samedi, était attendue depuis la prestation de serment de Joseph Kabila, le 6 décembre. Antoine Gizenga, 81 ans, doyen des hommes politiques congolais, était arrivé en troisième position, après Jean-Pierre Bemba, au premier tour de la présidentielle de juillet, avec 13,06% des voix. Suite à ce bon score, il avait signé, avant le second tour, un accord avec la coalition politique de Kabila, l’AMP, l’assurant de son soutien en échange de la promesse que le poste de Premier ministre irait à un membre de son parti.

Promesse tenue. Le 20 décembre, Kabila nomme d’abord Antoine Gizenga au poste d’informateur chargé d’identifier la coalition majoritaire qui constituera le futur gouvernement. Gizenga, qui avait 30 jours pour mener sa consultation, l’a clôturée le 26 décembre. Puis, il a été nommé Premier ministre, sans surprise, le lendemain de l’élection du bureau définitif du Parlement. Celui-ci est composé exclusivement des membres de l’AMP qui contrôle la Chambre basse de la nouvelle Assemblée nationale, avec 332 députés sur 500. Le président de l’Assemblée, élu jeudi dernier, est un conseiller du jeune président. Il s’agit de Vital Kamerhe, ancien ministre et secrétaire général du Parti populaire de la reconstruction et du Développement (PPRD) de Kabila.



par Olivia  Marsaud

Article publié le 02/01/2007 Dernière mise à jour le 02/01/2007 à 17:03 TU