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Israël

L'armée perd son chef, Olmert menacé

Le chef d'état-major Dan Haloutz (droite) a démissionné. Une enquête pénale est ouverte contre le Premier ministre Ehud Olmert. Le gouvernement israélien est de plus en plus fragilisé. 

		(Photos : AFP)
Le chef d'état-major Dan Haloutz (droite) a démissionné. Une enquête pénale est ouverte contre le Premier ministre Ehud Olmert. Le gouvernement israélien est de plus en plus fragilisé.
(Photos : AFP)
La démission du chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Dan Haloutz mercredi dans la nuit, est un coup dur pour le gouvernement. D’autant plus qu’au même moment, le procureur d’Israël ordonnait l’ouverture d’une enquête pénale contre le Premier ministre, Ehud Olmert qui serait impliqué dans un scandale financier lié à la privatisation de la banque Leumi, la deuxième du pays. Le Premier ministre est soupçonné d’être intervenu, alors qu’il était ministre des Finances en 2005, en faveur de deux hommes d’affaires, finalement écartés lors de la reprise de la banque.

L’annonce de la démission du général Dan Haloutz a été faite mercredi, peu après minuit, à la radio publique israélienne. «Alors que le bruit des armes s’est dissipé, j’ai décidé de prendre mes responsabilités», a écrit le général dans sa  lettre de démission remise au Premier ministre, Ehud Olmert et au ministre de la défense, Amir Peretz. L’annonce suivait d’à peine quelques heures, celle faite par le procureur de l’Etat israélien, révélant sa décision d’ouvrir une enquête pénale sur le rôle du Premier ministre, Ehud Olmert, lors de la privatisation de la banque Leumi, alors qu’il était ministre des Finances en 2005. Bien que les deux affaires ne soient pas liées, elles se conjuguent pour affaiblir un peu plus le gouvernement d’Olmert qui ne bénéficie déjà plus que du soutien de 14% des Israéliens, selon un sondage publié vendredi dernier.

Le gouvernement Olmert fragilisé

Depuis la deuxième guerre du Liban et sa désastreuse gestion, le départ de Dan Haloutz semblait inéluctable. Souhaitée ouvertement ou non, autant dans certains milieux militaires, politiques que civils, sa démission pourrait amorcer une série de changements, notamment politiques, dans le pays. Dan Haloutz, qui avait jusqu’à présent exclu de démissionner, alors que deux généraux qui avaient dirigé l’offensive l’avaient fait, a finalement dû s’y résoudre devant la conclusion des différentes enquêtes de commandement ouvertes par l’armée. Il est reproché au chef d’état-major sa mauvaise gestion du conflit. Lancée le 12 juillet après l’enlèvement de deux soldats israéliens par des miliciens du Hezbollah, l’offensive, qui a duré trente-quatre jours, n’a atteint aucun de ses objectifs : libérer les deux militaires et neutraliser le mouvement pro-iranien.

Le départ du général Dan Haloutz fragilise le gouvernement. En exprimant «son profond regret», Ehud Olmert pensait probablement à la large brèche que ce départ ouvre pour lui. En effet, la mise en cause sévère de l’état-major ne saurait laisser indemne le ministère de la Défense et son patron Amir Peretz, lui aussi sur la sellette pour ses décisions. Quant à Ehud Olmert, le départ du chef de l’armée ne peut que l’exposer davantage aux pressions de son opinion qui, majoritairement, estime qu’il devrait lui aussi démissionner, tout comme devrait le faire Amir Peretz.

Chacun son tour

La commission d’enquête nommée par le gouvernement, la commission Winograd, chargée d’examiner le comportement du Premier ministre et de son équipe durant l’offensive libanaise, doit rendre un premier rapport dans quelques semaines. Il serait miraculeux que cela parvienne à apaiser le climat de colère qui règne actuellement sur cette question. Atmosphère que traduit bien le quotidien Maariv qui souligne qu’après le départ de Dan Haloutz, «c’est désormais au tour d’Amir Peretz de quitter ses fonctions… Quant à Olmert, c’est à l’opinion publique de décider».   

La situation du Premier ministre est d’autant plus chancelante qu’il est soupçonné d’être intervenu, en tant que ministre des Finances, en faveur d’hommes d’affaires étrangers, candidats finalement malheureux, à la reprise de la banque Leumi. Si l’enquête ouverte par la police aboutit à l’inculpation d’Ehud Olmert, il sera contraint de démissionner. Mais jusqu’à ce jour, l’intéressé nie toute action illégale dans cette affaire. Le chef de Kadima n’a jamais été inculpé au cours de sa longue carrière malgré de nombreuses allégations de corruption. Il est également mis en cause dans des transactions immobilières mais aucune charge n’est encore retenue contre lui.

Toutes ces affaires ont ébranlé la crédibilité du gouvernement Olmert. Normalement, les élections législatives ne sont pas prévues en Israël avant 3 ans, mais vu les circonstances actuelles, il ne serait pas surprenant qu’elles surviennent avant. Si les élections devaient se tenir maintenant, selon un sondage du quotidien Haaretz, le parti Kadima d’Ehud Olmert ne récolterait que 12 sièges contre les 29 qu’il a remportés il y a à peine neuf mois.

par Claire  Arsenault

Article publié le 17/01/2007 Dernière mise à jour le 17/01/2007 à 16:26 TU