Irak/Etats-Unis
Washington en première ligne
(Photo : AFP)
Avant le discours du président Bush sur l’état de l’Union, le numéro deux d’al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri a défié le président américain, lui demandant d’envoyer toute son armée en Irak. Alors que viennent d’arriver à Bagdad les premiers militaires des renforts prévus par l’administration américaine pour sécuriser Bagdad, la capitale irakienne a connu lundi une série d’attentats qui ont fait 100 morts. L’armée américaine a perdu quelques 50 soldats depuis le début de l’année, 25 dans la seule journée de samedi. Dans ce contexte, les soldats américains ont accentué la pression sur les milices radicales chiites, annonçant l’arrestation de 600 miliciens de l’Armée du Mahdi, du chef radical chiite Moqtada Sadr.
Ce mardi, alors que le discours du président américain sur l’état de l’Union était très attendu, plusieurs sondages révélaient que le président Bush bat des records d’impopularité. Seulement 28% d’Américains sont contents de sa politique d’après l’un des sondages effectué pour la chaîne CBS et le journal New York Times. Depuis 60 ans, seuls deux présidents ont été dans une position aussi faible au moment de prononcer leur discours sur l'état de l'Union : Harry Truman pendant la guerre de Corée en 1952 et Richard Nixon après le Watergate, en 1974, indique le Washington Post. C’est donc affaibli par les sondages que le président Bush se présente pour la première fois face à un Congrès dominé par les démocrates qui s’opposent à l’augmentation des troupes américaines en Irak.
C’est dans ce contexte que, dans un nouvel enregistrement attribué au numéro deux du réseau terroriste al-Qaïda, le huitième depuis juillet dernier, Ayman al-Zawahiri défie George Bush. «Dans son dernier discours, Bush a dit, dans ses divagations, qu’il allait envoyer 20 000 de ses soldats en Irak. Je lui demande : pourquoi envoies-tu seulement 20 000 soldats? Pourquoi n’envoies-tu pas 50 ou 100 000?», s’interroge-t-il, promettant qu’ils seront «anéantis par les mains des moudjahidine» ajoutant que «les lions de l’islam les attendent pour les lui renvoyer morts et blessés».
L’élimination des milices chiites radicales
On assiste en Irak à une recrudescence de la violence et la pression est de plus en plus forte sur les milices extrêmistes. L’armée américaine vient d’annoncer l’arrestation de 600 miliciens de l’Armée du Mahdi, l’organisation de l’imam chiite radical Moqtada Sadr, le résultat de 45 jours de raids contre les milices chiites qui s’opposent à l’occupation américaine de l’Irak.
L’armée du Mahdi compterait 60 000 miliciens, d’après l’armée américaine. Washington la considère aujourd’hui comme la grande menace pour la sécurité en Irak. En effet, selon un rapport trimestriel du Pentagone, publié en décembre dernier, «le groupe qui a actuellement l’impact le plus négatif sur la situation sécuritaire en Irak est l’Armée du Mahdi, qui a remplacé al-Qaïda en Irak comme l’accélérateur le plus dangereux d’une violence confessionnelle potentiellement durable».
Cette annonce des arrestations intervient alors qu’un rapprochement politique se dessine entre chiites au pouvoir. En effet, le mouvement politique de Moqtada Sadr, après près de deux mois de boycott des institutions, vient d’annoncer dimanche dernier son retour au Parlement. En effet, Moqtada Sadr n’est pas qu’un chef de milice. Il est aussi le chef d’un mouvement politique qui dispose de six postes de ministres et de secrétaires d’Etat sur 37 au gouvernement et de 32 sièges sur 275 au Parlement. Le leader chiite radical avait décidé de suspendre leur participation au processus politique pour exiger que soit établi un calendrier de retrait des troupes américaines du pays et pour protester contre la rencontre entre le Premier ministre irakien, le chiite Nouri al-Maliki et le président américain George Bush, le 30 novembre dernier, en Jordanie. Le ralliement des radicaux chiites à la coalition au pouvoir renforce le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, dont les capacités de gouvernement ont été mises en cause par l’administration Bush.
Le revirement de Moqtada Sadr
Par cette décision, Moqtada Sadr chercherait à échapper à la confrontation avec les forces américaines. La réintégration dans le processus politique devrait permettre la protection des dirigeants politiques du mouvement, tandis que, selon des experts, les chefs du groupe armé sont déjà rentrés dans la clandestinité ou passés à l’étranger. La pression exercée sur le mouvement chiite radical est d’autant plus forte que l’armée américaine a annoncé dimanche l’arrivée à Bagdad de la première des cinq brigades américaines prévue en renfort par le nouveau plan Bush et qui devrait être «pleinement opérationnelle vers le 1er février».
L’arrivée la semaine dernière de 3 200 militaires américains sur les 17 000 supplémentaires décidés par le président Bush pour sécuriser Bagdad, a été suivie de l’attaque la plus meurtrière depuis le début de l’année. En effet, au moins 100 personnes ont été tuées lundi dans des attentats presque simultanés perpétrés sur des marchés à Bagdad et dans sa région. D’autre part l’armée américaine n’a pas été épargnée. Le nombre de soldats américains tués depuis le début de l’année s’élève déjà à quelques 50, parmi lesquels 25 dans la seule journée de samedi, dont 12 dans la chute d’un hélicoptère et cinq dans la ville sainte chiite de Kerbala, à 110 kilomètres au sud de Bagdad. Ceux-ci ont été victimes d’affrontements, à la veille du lancement des cérémonies chiites de l’Achoura, période de deuil de dix jours qui devrait culminer le 30 janvier prochain avec un rassemblement auquel sont attendus quelques trois millions de pèlerins.
par Elisa Drago
Article publié le 23/01/2007 Dernière mise à jour le 23/01/2007 à 21:13 TU