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Chine-Afrique

Hu Jintao en Afrique : opération séduction

La tournée africaine du président chinois, Hu Jintao, le conduira au Cameroun, au Liberia, au Soudan, en Zambie, en Namibie, en Afrique du Sud, au Mozambique et aux Seychelles. 

		(Photo : AFP, Carte : RFI)
La tournée africaine du président chinois, Hu Jintao, le conduira au Cameroun, au Liberia, au Soudan, en Zambie, en Namibie, en Afrique du Sud, au Mozambique et aux Seychelles.
(Photo : AFP, Carte : RFI)

Le président chinois, Hu Jintao, a entamé, ce mardi, une tournée de douze jours en Afrique, la troisième sur le continent africain depuis qu’il est arrivé au pouvoir en 2003. Le chef d’Etat chinois visitera huit pays : Cameroun, Liberia, Soudan, Zambie, Namibie, Afrique du Sud, Mozambique et Seychelles. La Chine vient d’annoncer un plan de trois milliards de dollars de crédits préférentiels sur trois ans pour l’Afrique. Cette tournée sera néanmoins dominée par l’étape soudanaise. Alors que la Chine est accusée de freiner les pressions internationales sur Khartoum pour mettre fin au conflit du Darfour, le président chinois est appelé à jouer de son influence pour convaincre les autorités soudanaises d'accepter l’envoi d’une force de l’Onu dans cette province soudanaise en proie à une guerre civile depuis 2003.


Le président Hu Jintao va chercher à montrer que son intérêt pour l’Afrique n’est pas uniquement commercial. Dans ce sens, sa visite au Soudan s’avère particulièrement importante et devrait être dominée par le conflit dans la province soudanaise du Darfour. Le Chine, l’un des principaux acheteurs de pétrole soudanais et membre permanent du Conseil de sécurité avec droit de veto, est accusée de bloquer les pressions internationales sur le régime de Khartoum.

L’arrivée de Hu Jintao au Soudan intervient alors que le président soudanais, Omar el-Béchir,  vient de participer au sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, où les appels se sont multipliés pour qu’il accepte l’envoi de casques bleus de l’Onu au Darfour, ce qu’il a jusque-là refusé. Dans un entretien en marge du sommet, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, lui a demandé de «construire un consensus pour le déploiement d’une force Onu-UA» au Darfour. Le président chinois pourrait le convaincre d’accepter l’envoi de cette force.

En effet, les Etats-Unis ont récemment envoyé en Chine leur émissaire pour le Darfour, Andrew Natsios. Lors de sa visite dans la capitale chinoise, du 9 au 12 janvier, Andrew Natsios avait annoncé que Washington et Pékin avaient décidé de coopérer pour obtenir une paix négociée au Darfour. «Les Chinois vont jouer un rôle important pour nous aider à résoudre cette question», a indiqué l'émissaire du président Bush. A cette occasion, le porte-parole du département d’Etat, Sean McCormack, avait affirmé que les Chinois avaient des moyens de pression sur les Soudanais en raison de leurs liens commerciaux. La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice s’est aussi entretenue à ce sujet avec son homologue chinois Li Zhaoxing. Khartoum s’était déclaré surpris par la volonté américaine de pousser la Chine à intervenir sur ce dossier.

Des prêts préférentiels sans conditions

Hu Jintao arrive en Afrique avec des valises pleines d’accords commerciaux et de promesses de dons et de prêts. A la veille de sa tournée, le gouvernement chinois a annoncé un programme de trois milliards de dollars de crédits préférentiels sur trois ans pour le continent africain. Ce plan prévoit un doublement de l’aide publique au développement et des prêts à taux zéro. Ces aides s'inscrivent dans les cinq milliards de dollars promis par Hu Jintao, lors du premier sommet Chine-Afrique, en novembre dernier, à Pékin.

Ces crédits sont destinés essentiellement au financement d’infrastructures de base, des projets dans le domaine de l’énergie et pour la création d' entreprises mixtes, avec des partenaires chinois, affirme le ministère chinois du Commerce qui souligne : «Les prêts préférentiels fournis par la Chine ne sont assortis d’aucune condition politique», souligne le ministère du Commerce chinois. Voilà de quoi séduire les pays africains, habitués à ce que les pays occidentaux conditionnent leur aide financière à des contraintes politiques, notamment la «bonne gouvernance».

Et pour cause. L’Afrique représente une source d’approvisionnement en énergie cruciale pour la croissance effrénée de l’économie chinoise. Depuis quatre ans, la Chine connaît une croissance économique à deux chiffres de son produit intérieur brut (PIB). En 2006, le pays a enregistré sa plus forte croissance depuis onze ans (10,7%). Quatrième économie mondiale aujourd’hui, la Chine pourrait ravir la troisième place à l’Allemagne, l’année prochaine, affirment les experts.

Depuis 2000, date de la création du Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC), la coopération économique et commerciale s’est accélérée. Le commerce avec l'ensemble du continent africain est passé de 10 milliards de dollars en 2000 à 39,7 milliards de dollars en 2006. Les exportations chinoises ont représenté 26,7% milliards de dollars, les importations 28,8% milliards. Néanmoins, les investissements directs chinois ont été seulement e 370 millions de dollars en 2006.

Certains observateurs considèrent que cette «coopération pragmatique» entre la Chine et l’Afrique pourrait s’avérer désastreuse pour certains pays africains, qui disposent d’un secteur manufacturier très vulnérable, incapable de concurrencer l’arrivée massive de produits chinois à bas prix. D’autres analystes estiment, néanmoins, que cet intérêt de la Chine pour l’Afrique oblige les grandes puissances occidentales à revoir leurs stratégies pour le continent.



par Elisa  Drago

Article publié le 30/01/2007 Dernière mise à jour le 30/01/2007 à 17:06 TU