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Guinée

Arrestations par centaines

Un étudiant raconte comment il a été frappé par des militaires dans la banlieue de Conakry. 

		(Photo : AFP)
Un étudiant raconte comment il a été frappé par des militaires dans la banlieue de Conakry.
(Photo : AFP)
Les responsables des organisations de la société civile guinéenne ont fait état de centaines d’arrestations à Conakry et dans plusieurs villes du pays, après la proclamation, lundi dernier, de l’état de siège donnant de larges pouvoirs à l’armée. Le blocage se maintient, suite à l’annulation de la rencontre, samedi, entre les syndicats et les représentants des institutions. Les dirigeants syndicaux, qui exigent la levée de l’état de siège comme préalable à toute négociation avec les autorités, ont voulu rencontrer, dimanche, des responsables religieux. Par ailleurs, la mission de Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) s’est limitée à effectuer samedi des contacts exploratoires à Conakry.

Ben Sékou Silla, président du Conseil national des organisations de la société civile, a affirmé dimanche que «des centaines de personnes ont été arrêtées ces derniers jours pendant la nuit et généralement sur indication de responsables du parti au pouvoir». Il s’agit, selon lui, d’une «véritable razzia contre des militants et manifestants opposés au pouvoir». Ces personnes arrêtées sont ensuite «conduites dans des camps militaires et les brigades de gendarmerie». Thierno Maadjou Sow, président de l’Organisation guinéenne des droits de l’homme (OGDH) affirme, également, qu’il y a «beaucoup d’arrestations, notamment parmi les militants des partis de l’opposition». 

Ces arrestations sont effectuées par les forces militaires et policières pendant le couvre-feu de 18 heures sur 24. La circulation est autorisée entre 12 et 18 heures locales, aux termes du décret présidentiel qui autorise les forces de l’ordre «à mener en tout lieu des perquisitions de jour et de nuit». Les soldats ont été accusées d’avoir menacé et agressé des citoyens, pendant l’heure du couvre-feu. Ces pratiques ont été également condamnées par les organisations humanitaires internationales.

Mission exploratoire de la Cedeao

Les autorités de Conakry ont rejeté vendredi l'envoi d'une commission d'enquête internationale après plusieurs semaines de manifestations hostiles au pouvoir qui ont fait au moins 113 morts et conduit le président Lansana Conté à décréter l’état de siège lundi dernier. Mais une mission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), s’est rendue samedi à Conakry pour des contacts «exploratoires». L’ex-président nigérian, Ibrahim Babangida, et le président de la commission de la Cedeao, Mohammed Ibn Chambas, ont pu rencontrer samedi le président Lansana Conté et des diplomates occidentaux, qui leur ont demandé de revenir «très vite en Guinée, car il y a urgence».

Selon l’envoyé spécial de RFI à Conakry, Olivier Rogez, le général Babangida «a souhaité que la Guinée puisse éviter une situation chaotique», pouvant menacer la stabilité d’autres Etats de la région, comme le Liberia, la Sierra Leone, et la Guinée-Bissau. L’instauration de l’état de siège avait suivi la reprise de la grève générale illimitée, provoquée par la nomination le 9 février d’Eugène Camara au poste de Premier ministre.

Les dirigeants syndicaux guinéens, qui ont refusé samedi de discuter avec les autorités, exigeant la levée de l’état de siège, ont voulu rencontrer dimanche des responsables religieux à la grande mosquée de Conakry. Selon notre envoyé spécial, «cette rencontre a permis simplement une prise de contacts informels». Il faut souligner que le pape Benoît XVI a appelé dimanche «au respect des droits humains et civils en Guinée», souhaitant que «la voie du dialogue permette de surmonter la crise».



par Rédaction Internet  (avec AFP)

Article publié le 18/02/2007 Dernière mise à jour le 18/02/2007 à 17:02 TU