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Irlande du Nord

Et maintenant... s'entendre

Contre toute attente, les Nord-Irlandais ont élu les deux grands partis traditionnels. 

		(Photo : AFP)
Contre toute attente, les Nord-Irlandais ont élu les deux grands partis traditionnels.
(Photo : AFP)
Londres et Dublin ont appelé ce vendredi les dirigeants nord-irlandais à ne pas rater une «occasion historique» de gouverner ensemble, après les élections visant à remettre en route les institutions de la province. Les DUP, protestant unioniste, et le Sinn Fein, républicain catholique, arrivés tous deux en tête des législatives de mercredi, ont désormais jusqu'au 26 mars pour s'entendre sur un partage du pouvoir.

De notre envoyée spéciale à Belfast

Il y aura une morale à ces élections : ne surtout pas écouter les rumeurs. En Irlande du Nord, il n’y a pas de sondages d’opinion pour les élections locales. Alors les médias y sont allés de bon cœur pour annoncer dès avant le scrutin un fort taux d’abstention.

Les candidats l’ont cru ; et pour lutter contre un désintérêt massif pour la «chose politique», ils ont pris quelques précautions en publiant notamment des listes de mesures qu’ils jugeaient plus «proches des gens». Chacun y est allé de sa patte pour promettre des efforts en matière de santé, d’éducation, de vie culturelle, de lutte contre la ségrégation communautaire.

De plus, comme pour raviver leurs craintes, le soir du vote, le 7 mars dernier, le match de football entre les Anglais de Manchester United et les Français de Lille avait lieu dans la capitale nord-irlandaise, faisant craindre que les bureaux de vote ne soient déserts.

Le taux de participation, s’élevant à 60% - contre 70% en 1998, date à laquelle cette assemblée avait été élue une première fois avant d’être dissoute en 2002 en raison de conflits internes - constitue donc la première surprise du scrutin.

DUP et Sinn Fein au rendez-vous

Quelques jours avant le vote, en l’absence de chiffres fiables, on disait un peu tout et son contraire dans les salles de rédaction des principaux médias de Belfast, mais aussi dans les QG des différents partis en lice dans les 18 comtés d’Irlande du Nord. Ainsi il a été avancé que les votants étaient lassés des éternelles simplifications religieuses entre protestants et catholiques, qu’ils sanctionneraient par l’abstention le ras-le-bol de voir les mêmes visages à la tête des grands partis, unioniste et républicain, qu’ils n’avaient cure des querelles politiciennes et qu’ils chercheraient à donner plus de poids aux partis modérés ou indépendants.

Contre toute attente – et c’est la deuxième surprise du scrutin – les Nord-Irlandais ont élu les deux grands partis traditionnels : le DUP du protestant unioniste Ian Paisley et le Sinn Fein des catholiques républicains Gerry Adams et Martin McGuinness. 36 sièges sur 108 pour le DUP, 24 pour le Sinn Fein, selon les résultats définitifs.

Pour la fin de la tutelle britannique

C’est donc là une réelle volonté de la part des habitants de voir se reformer un gouvernement local. Promenez-vous sur les trottoirs de Belfast, vous ne rencontrerez pas un passant qui ne vous exprimera pas son agacement face à la mainmise de la tutelle londonienne. Pas un Nord-Irlandais qui ne soit préoccupé par la future taxe sur l’eau courante que les britanniques veulent imposer à la province. Cette assemblée, si elle est établie d’ici le 26 mars, date limite posée par Tony Blair, servira d’outil efficace pour refuser en bloc la nouvelle charge.

par Marina  Mielczarek

Article publié le 09/03/2007 Dernière mise à jour le 09/03/2007 à 15:36 TU

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Wesley Hutchinson

Professeur à l'université Paris X, spécialiste de l' Irlande du Nord

«Les élections constituent une étape vers la véritable échéance : la désignation du Premier ministre et de son adjoint le 26 mars.»

[06/03/2007]

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