Réchauffement climatique
La Grande-Bretagne se voit en pionnière
(Photo: AFP)
La Grande-Bretagne «montre l’exemple», a assuré, mardi, le ministre britannique de l’Environnement, David Miliband, alors qu’il rendait public son projet de loi sur le réchauffement climatique. Ce texte, qui sera soumis au débat public avant de faire l’objet d’un vote au Parlement, en 2008, fixe des objectifs précis et contraignants en matière de réduction de gaz carbonique (dioxyde de carbone, CO2). Ce gaz, produit, notamment, par la combustion des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel), est identifié par les scientifiques comme étant la cause principale de l’effet de serre, donc du réchauffement de la planète.
Le projet, ambitieux, prévoit des réductions très fortes : une baisse de 26% à 32% d’ici 2020, pour parvenir à une diminution totale de 60% d’ici 2050. Il instaurerait, également, des «budgets d'émission de carbone» sur cinq ans, décidés au moins quinze ans à l'avance pour permettre aux entreprises de s'y préparer. La progression serait contrôlée par une commission indépendante chargée, chaque année, d’évaluer les résultats acquis et de les présenter aux parlementaires. Si le gouvernement ne parvenait pas à se conformer aux objectifs, il pourrait se voir poursuivre en justice par des associations écologistes comme Greenpeace.
Une «étape révolutionnaire»
Le Royaume-Uni souhaite devenir, ainsi, le premier Etat à se fixer, par la loi, des objectifs quantifiés de réduction de CO2. «Le projet de loi sur le changement climatique, le premier de ce genre à être élaboré dans un pays, démontre notre volonté de rester les leaders en la matière», a déclaré David Miliband, relayant les ambitions affichées depuis quelques années par le Premier ministre, Tony Blair. En 2005, alors qu’il assurait la présidence du G8, le groupe des pays les plus industrialisés, celui-ci avait placé le problème du réchauffement climatique en tête des priorités internationales. Parlant du plan présenté mardi, Tony Blair a affirmé y voir une «étape révolutionnaire».
Les écologistes saluent, pour la plupart, un progrès dans la lutte contre l’effet de serre, même si certains souhaitent que l’objectif de réduction des émissions de gaz carbonique soit porté à 80%, avec un seuil annuel minimal de 3%. Mais le gouvernement se refuse à imposer des objectifs annuels, jugés trop rigides. Si, en effet, l’opinion britannique se montre, à travers les sondages, très sensible aux questions d’environnement, elle reste réticente à des sacrifices trop importants. Peter Ridell, éditorialiste du quotidien conservateur The Times, écrivait mardi, dans l’édition électronique du journal : «Les électeurs sont verts sur le principe, mais plus ambigus dans la pratique (…) Ils préfèrent la carotte au bâton (…) La plupart veulent bien sauver la planète, mais sont réservés sur une augmentation des taxes».
D’où l’insistance du gouvernement à mettre en avant l’aspect incitatif de son programme. Lundi, lors d’un débat sur l’environnement à la chambre des Communes, Gordon Brown, le ministre des Finances, a insisté sur ce point. Pressenti pour succéder, cet été, à Tony Blair jusqu’aux prochaines élections législatives prévues en 2009, il a évoqué la nécessité de modifier les comportements individuels et d’inciter la population à réduire sa consommation d’énergie. Mais, dans le même temps, il s’est montré plus évasif quant à une augmentation des taxes sur les carburants et les voyages aériens.par Philippe Quillerier
Article publié le 13/03/2007 Dernière mise à jour le 13/03/2007 à 16:52 TU