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Proche-Orient

Signes d'ouverture

Rencontre, lundi à Gaza, entre le diplomate norvégien, Raymond Johansen et le Premier ministre, Ismaïl Haniyeh, issu du Hamas.  

		(Photo : AFP)
Rencontre, lundi à Gaza, entre le diplomate norvégien, Raymond Johansen et le Premier ministre, Ismaïl Haniyeh, issu du Hamas.
(Photo : AFP)

Européens et Américains se sont mis d’accord pour attendre les premières décisions du nouveau gouvernement palestinien d’union nationale, regroupant les islamistes du Hamas et le Fatah, avant de décider de l'attitude à adopter à son égard. Tout en affichant leur fermeté face au Hamas, pour la première fois, un dialogue semble se profiler avec le nouvel exécutif. Washington s’est déclaré prêt à traiter avec certaines personnes «au cas par cas» et la France veut dialoguer avec les ministres palestiniens qui ne sont pas issus du Hamas. D’autre part, Paris plaide au sein de l'Union européenne pour une reprise de l'aide financière directe aux Palestiniens. La Norvège a été le premier pays à établir ce lundi un contact direct avec le chef du gouvernement palestinien, brisant l’embargo diplomatique imposé depuis un an.


Israël s'est félicité mardi de ce que les Européens et les Américains continuent à exiger du gouvernement palestinien d'union qu'il se soumette aux conditions posées par le Quartet (Etats-Unis, Union européenne, Russie et Onu) pour le Proche-Orient : la reconnaissance d'Israël, des accords israélo-palestiniens passés et la renonciation à la violence. En effet, les grandes puissances se sont consultées lundi sur l'attitude à adopter à l'égard du nouveau gouvernement palestinien d'union nationale, alors que plusieurs pays européens sont favorables à un assouplissement vis-à-vis de cette nouvelle équipe d’union nationale.

Un diplomate américain a rencontré un ministre palestinien

L'administration du président George W. Bush montre des signes d'infléchissement de sa politique étrangère, en se déclarant prête à établir le contact avec certains responsables palestiniens. Pour la première fois, un diplomate américain a rencontré, ce mardi, un ministre palestinien. Le consul général des Etats-Unis, Jacob Walles, s'est réuni, pendant près de deux heures, avec le nouveau ministre palestinien des Finances, Salam Fayyad à son bureau, à Ramallah. Le ministre palestinien, personnalité indépendante, ancien haut fonctionnaire du Fonds monétaire international, a précisé que l'objectif de cette rencontre était de rechercher les moyens d'obtenir la levée des sanctions financières décidées par les Occidentaux après l'arrivée au pouvoir du Hamas.

Dimanche, les Etats-Unis avaient affirmé par la voix de Stephen Hadley, le conseiller à la sécurité nationale du président George W. Bush, qu'ils refuseraient de discuter avec le gouvernement palestinien tant qu'il ne renoncerait pas à la violence et ne reconnaîtrait pas Israël. Néanmoins, ces propos ont été nuancés par le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, qui a souligné que les Etats-Unis boycotteraient les ministres issus du Hamas mais traiteraient avec certaines personnes «au cas par cas». Pour sa part, la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a réitéré les inquiétudes de l'administration américaine au sujet du «droit à la résistance sous toutes ses formes» revendiqué par Ismaïl Haniyeh.

Pour sa part, la France «est disposée à reprendre des contacts politiques avec les membres du gouvernement palestinien qui ne sont pas issus du Hamas», a déclaré le porte-parole du ministère, Jean-Baptiste Mattéi qui a souligné que le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a déjà adressé une invitation à son homologue palestinien, Ziad Abou Amr (personnalité indépendante) à se rendre en France. D’autre part, la France estime qu’il faut reprendre l'assistance financière directe au nouveau gouvernement et défend actuellement cette position auprès de ses partenaires européens. Le sujet sera abordé lors de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, prévue le 31 mars à Brême, en Allemagne.

«Ce qu'ils font est beaucoup plus important que ce qu'ils disent»

En attendant, les Européens ont décidé de prolonger de trois mois le mécanisme financier temporaire mis en place pour apporter une aide aux Palestiniens, a annoncé la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner qui participait lundi à Washington avec la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, à une réunion préparatoire du sommet annuel Etats-Unis / Union européenne, fin avril.

Tout en considérant que le nouveau gouvernement palestinien «ne répond pas pleinement aux principes que le Quartet a si souvent énoncés», le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana, a toutefois souligné que «ce qu'ils font est beaucoup plus important que ce qu'ils disent», laissant entendre que les grandes puissances allaient donner un délai au gouvernement palestinien pour qu'il satisfasse leurs demandes.

Les premiers contacts ont été établis avec les ministres palestiniens non issus du Hamas. Ce mardi, l'émissaire de l'Onu au Proche-Orient Alvaro de Soto s'est entretenu à Gaza avec le nouveau ministre de l'Intérieur palestinien Hani Al-Qawasmeh (indépendant), alors que, selon des sources officielles palestiniennes, l'envoyé de l'Union européenne Marc Otto devait rencontrer le ministre des Affaires étrangères Ziad Abou Amr (indépendant).

La Norvège pionnière

La Norvège, qui ne fait pas partie de l’Union européenne, a décidé de normaliser ses relations avec le nouveau cabinet palestinien, estimant que «le programme du gouvernement d'union fait des pas importants pour répondre aux exigences imposées par la communauté internationale». Lundi, le vice-ministre norvégien des Affaires étrangères, Raymond Johansen, a rencontré à Gaza le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh. Oslo, qui avait accueilli les négociations israélo-palestiniennes ayant abouti au premier accord de paix intérimaire, officiellement signé en 1993 à Washington, devient la première capitale européenne à établir un contact direct avec le chef du gouvernement palestinien depuis le boycott économique et diplomatique imposé par les Occidentaux.

«Par son geste, la Norvège a commencé à briser le boycott imposé à notre peuple», a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas, cité par le porte-parole de la présidence Nabil Abou Roudeina. Pour le nouveau ministre palestinien de l'Information, Moustapha Barghouthi, (indépendant) la visite du responsable norvégien signale «le début de contacts internationaux», tout en espérant que «l'embargo s'effondrera. C'est la priorité de ce gouvernement», a-t-il souligné.

Contrarié par cette rencontre du diplomate norvégien avec Ismaïl Haniyeh, qui marque la fin de l’isolement international du gouvernement palestinien, Israël a annulé une réunion prévue ce mardi avec le diplomate norvégien, alors que celui-ci devait être reçu par un membre du ministère israélien des Affaires étrangères.

La Belgique appelle à des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens

Le ministre belge des Affaires étrangères Karel de Gucht a appelé à des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens afin d'empêcher la situation régionale de se dégrader davantage. Lundi, au Caire, première étape de sa tournée dans la région, le diplomate belge a souligné la nécessité d’entamer des «négociations sérieuses», car «la situation est devenue plus difficile au Proche-Orient et ceci pourrait avoir de graves conséquences».

La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice est attendue à la fin de la semaine au Proche-Orient. La responsable américaine doit avoir des entretiens séparés avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président palestinien Mahmoud Abbas et va également rencontrer des responsables arabes en Egypte. Pour sa part, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, quittera New York jeudi pour une tournée de dix jours au Proche-Orient qui le mènera successivement en Egypte, dans les territoires occupés, en Israël, en Jordanie, en Arabie Saoudite et au Liban. En Arabie Saoudite, il assistera le 28 mars au sommet de la Ligue arabe.  Ban Ki-Moon constate «un nouveau dynamisme diplomatique dans le monde arabe». Lors de sa présence au sommet de la Ligue arabe, il veut «apporter son soutien aux efforts en cours pour revigorer le processus de paix au Proche-Orient et pour apporter paix et stabilité au Liban, en Irak et dans la région en général», a déclaré sa porte-parole, Michèle Montas.



par Elisa  Drago

Article publié le 20/03/2007 Dernière mise à jour le 20/03/2007 à 17:14 TU