Etats-Unis
Bush défié par le Congrès
(Photo : AFP)
Si Karl Rove, stratège électoral de George W. Bush et éminence grise de la Maison Blanche, refuse de témoigner volontairement sous serment devant la Commission des affaires judiciaires, il pourrait y être contraint juridiquement. Une épée de Damoclès, qui plane également au dessus de plusieurs têtes, celles de l’ancienne conseillère juridique, Harriet Miers et d’autres, proches du président américain.
Avec l’adoption d’une procédure de citations à comparaître, cette Commission de la Chambre des représentants s’est dotée de la possibilité d’entendre les conseillers de George W. Bush, mis en cause dans le scandale du limogeage de huit procureurs fédéraux.
Le renvoi de ces hauts magistrats par la présidence, bien que parfaitement légal, avait néanmoins suscité de vives contestations car les circonstances donnent à penser que ce renvoi était motivé par des raisons politiques. Des documents, publiés ces derniers jours, révèlent que la loyauté des procureurs à l’égard du président Bush et de son ministre de la Justice, Alberto Gonzales, avait été un critère important pour juger le travail de ces magistrats. Les démocrates reprochent à l’administration un «abus de pouvoir» et exigent la démission du ministre Gonzales. Certains membres du camp républicain du chef de l’’Etat se sont aussi joints à cette chorale des voix indignées par le scandale.
Peut-être des témoignages, mais à huis clos
Entre-temps et en guise de contre-attaque, George W. Bush a pris mardi l’initiative rare de faire venir son ministre pour l’assurer explicitement de son «ferme soutien» avant d’annoncer qu’il s’opposerait à toute citation à comparaître de n’importe lequel de ses conseillers dans cette affaire. Au lieu de quoi, le président a proposé que ses collaborateurs soient entendus dans un cadre informel, non sous serment, sans transcription et surtout à huis clos.
Cette proposition - qui, selon le démocrate William Delahunt, «frise l’insulte» - a probablement fait déborder le vase. «Il faut que nous nous préparions à la possibilité que le département de la Justice et la Maison Blanche continuent à cacher la vérité», a déclaré la démocrate Linda Sanchez pour justifier le feu vert de la sous-Commission des affaires juridiques dont elle est la présidente.
C’est la dernière d’une longue série d’attaques que les démocrates, majoritaires depuis les dernières élections législatives de mi-mandat, lancent contre le camp du chef de l’Etat. Qu’il s’agisse du scandale sur l’assistance et la prise en charge des anciens combattants des guerres en Irak et en Afghanistan, des méthodes du FBI dans le cadre d’enquêtes liées au terrorisme, ou du bras de fer sur le retrait des troupes américaines d’Irak, les adversaires de George W. Bush ne ratent aucune occasion de lui porter des coups.
Pour George W. Bush, la bataille pour le maintien d’Alberto Gonzales à son poste de ministre de la Justice prend, dans ce contexte, une importance cruciale. En effet, il ne s’agit plus de sauver la tête de son ministre ni de protéger ses proches collaborateurs d’éventuelles poursuites judiciaires, mais plutôt d’éviter le pire : que son gouvernement plonge, dès à présent, dans la fin de son règne avant l’heure, même si les prochaines élections présidentielles, prévues pour l’automne 2008, pointent déjà à l’horizon.
par Stefanie Schüler
Article publié le 22/03/2007 Dernière mise à jour le 22/03/2007 à 16:05 TU