Entreprises
Intel ouvre une usine en Chine
(Photo : Reuters)
Le leader mondial des semi-conducteurs, l’américain Intel a confirmé, lundi 26 mars, la construction de sa première unité de production en Chine, pour un investissement de 2,5 milliards de dollars. Baptisée «Fab 68», cette usine qui sera implantée à Dalian (province du Lioaning) dans le nord-est du pays, devrait être opérationnelle courant 2010. Elle ne produira que des «wafers» de 300 mm (puces électroniques) qui, selon Intel, permettent de produire des micro-processeurs à un moindre coût, que les «wafers» de 200 mm plus utilisées.
Avec ce nouvel investissement, Intel renforce ses positions sur le marché chinois, qu’il juge être le plus dynamique : en 22 ans, le groupe y aura investit près de 4 milliards de dollars au total. Et Paul Otellini, le patron d’Intel de confirmer : «La Chine est notre marché le plus dynamique et nous pensons qu’il est important d’investir dans des marchés qui représentent la croissance future pour mieux servir nos clients».
Contrer son rival AMD
Pour les autorités chinoises, ce projet permettra de dynamiser le nord-est de la Chine, ancienne région industrielle frappée de plein fouet par les restructurations provoquées par les réformes économiques. Cette usine, qui emploiera dans un premier temps 1500 personnes, aura «un impact pour toute la province du Liaoning», selon les propres termes du maire de Dalian. Cette opération confirme l’émergence de la Chine comme «usine de la planète» dans le secteur électronique. Pour l’heure, les usines chinoises ne font qu’assembler les ordinateurs, les appareils photos numériques, les lecteurs DVD et les téléphones portables du monde entier. Avec cette entrée d’Intel, la Chine passe au secteur de la production. Reste que l’usine chinoise ne fabriquera pas les super-puces, gravées en 65 nanomètres, le cœur de la technologie d’Intel, mais seulement des puces gravées en 90 nm, des technologies affichant deux générations de retard par rapport au reste du monde. En effet, Washington s’oppose au transfert vers la Chine des dernières technologies en matière de cœur de processeurs.
Pour Intel, cette opération est un moyen de lutter contre ses difficultés actuelles comme l’a précisé Paul Otellini : «Notre objectif est de pouvoir essayer de nouvelles techniques de production pour abaisser nos coûts». En 2006, le groupe californien a subi une baisse de 42% de son bénéfice net, tandis que son chiffre d’affaires a reculé de 9% pour atteindre 35,4 milliards de dollars. Intel a fait face à un ralentissement de la croissance des ventes de PC et donc de la croissance des ventes de microprocesseurs. Mais, plus que tout, le leader mondial a perdu des points face à la concurrence acharnée d’Advanced Micro Device (AMD). Depuis trois ans, AMD est plus compétitif sur le marché de détail des ordinateurs fixes, portables et des serveurs d’entreprises. Intel conserve, néanmoins, la première place sur le marché des micro-processeurs, même si sa part a été ramenée de 77% à 74,4% en 2006. Celle d’AMD est passée de 21,4% à 24%.
Dans ce conteste, au début de l’été 2006, Intel a annoncé un vaste plan de restructuration prévoyant 10 500 suppressions d’emplois d’ici à la mi-2007, prévoyant des départs en retraite mais aussi une réduction du nombre d’intérimaires et des contrats à durée déterminée. Les effectifs seront ramenés à 92 000 personnes. Les économies escomptées sont de 2 milliards de dollars sur 2007, puis 3 milliards en 2008 . Outre les suppressions d’emplois, Intel s’est lancé dans une nouvelle stratégie commerciale. Pour ravir des places à son rival, Intel a, notamment, progressivement abandonné la gamme Pentium, vieille de dix ans, pour adopter un nouveau processeur, le Core 2 Duo, inspirée des ordinateurs portables.
par Myriam Berber
Article publié le 26/03/2007 Dernière mise à jour le 26/03/2007 à 15:10 TU