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Informatique

Microsoft-Novell : une paix à prix d’or

Le patron de Novell, Ron Hovsepian (à gauche) et le président de Microsoft, Steve Ballmer ont souligné l'importance de cette alliance sur le front de l'interopérabilité, une notion chère à la communauté des utilisateurs de logiciels libres. 

		(Photo : AFP)
Le patron de Novell, Ron Hovsepian (à gauche) et le président de Microsoft, Steve Ballmer ont souligné l'importance de cette alliance sur le front de l'interopérabilité, une notion chère à la communauté des utilisateurs de logiciels libres.
(Photo : AFP)
Microsoft, le numéro un mondial des logiciels, créateur de Windows, a conclu la semaine dernière une alliance stratégique avec son concurrent Novell, l’un des éditeurs du logiciel libre de droit Linux. Le partenariat annoncé va rendre leurs systèmes d’exploitation compatibles. Les termes financiers de l’accord viennent d’être rendus publics. Microsoft a accepté de verser une véritable petite fortune pour sceller son pacte avec le monde de l’informatique libre.

Novell vient de préciser les modalités financières de l’accord historique signé la semaine dernière avec Microsoft sur un partenariat dans les domaines technique et commercial afin de rendre leurs environnements logiciels compatibles. Dans le cadre de ce partenariat, Microsoft va verser à  Novell 348 millions de dollars, dont 240 millions de dollars pour l’utilisation de son logiciel Suse Linux et 108 dollars pour l’exploitation de ses brevets. Mais ce n’est pas tout. 

Sur le plan commercial, Microsoft versera également 94 millions de dollars pour supporter les campagnes marketing et de vente d’une offre conjointe associant Linux et Windows. Du côté de Linux, cette offre conjointe revient moins cher. Novell s’engage à payer la somme de 40 millions de dollars sur cinq ans afin de partager les revenus dégagés par le partenariat.

Cet accord est un tournant historique pour les deux sociétés qui ont passé les quinze dernières années à s’affronter puis dans les tribunaux. Pourquoi le géant américain a-t-il décidé de nouer une alliance stratégique avec une petite compagnie qui défend la  philosophie opposée, «l’Open Source », incarnée par Linux. Qui défend, autrement dit, la liberté d’accès, d’utilisation et de modification de son programme informatique.

Une machine virtuelle pour exécuter les deux systèmes

Des raisons techniques expliquent cet engagement du géant de Redmond pour l’Open Source, l’informatique libre. Au terme de cet accord, Windows sera en effet, interopérable avec le système de Novell, ce qui permettra à l’usager d’utiliser indifféremment Windows comme Suze Linux. A terme, une machine virtuelle sera capable d’exécuter simultanément les deux systèmes sur un même serveur. Une telle alliance est une première du genre, Linux étant généralement considéré comme une alternative à Windows.

Les attentions affichées sont également économiques. Linux, à la différence des logiciels sous licence comme Windows, est un logiciel libre d’accès, dont le code source est libre d’utilisation et ouvert aux développeurs pour pouvoir être modifié. Concrètement, le logiciel libre est un moyen de développer des logiciels rapidement, à faible coût et de façon plus sécurisée. Cette audace commence à être payante. Aujourd’hui tous les grands noms de l’informatique, qu’ils soient constructeurs, éditeurs, distributeurs, brandissent l’emblème de Linux, un pingouin sympathique au ventre rondouillard. IBM, Bull, Corel, Oracle, Dell, Compaq, Intel, Sun ou Apple, ont porté bon nombre de leurs produits sous ce «noyau logiciel ».

A l’heure actuelle, si le système d’exploitation Windows de Microsoft équipe 90% des ordinateurs individuels dans le monde, Linux équipe 30% des serveurs informatiques des entreprises et plus de 50% des sites web dans le monde tournent sous Apache, un système libre. Et c’est loin d’être fini puisqu’on annonce de nouvelles victoires pour la communauté du libre. Les terminaux internet, les assistants personnels (PDA), le marché de l’informatique industrielle embarquée (électroménager, téléphonie, automobile, machine outil, etc.) sont également un secteur de croissance pour les logiciels libres. De quoi donner des sueurs froides au géant Microsoft qui cherche désormais des alliés et des clients à tout prix.



par Myriam  Berber

Article publié le 09/11/2006 Dernière mise à jour le 09/11/2006 à 17:20 TU