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Microsoft : Bill Gates passe la main
(Photo: AFP)
Il sera très bientôt le retraité le plus riche du monde. Après 30 années de bons et loyaux services, Bill Gates, le co-fondateur du leader mondial des logiciels Microsoft, a annoncé qu'il cesserait dans deux ans de superviser la gestion au quotidien de son groupe. «Il ne s’agit pas d’un départ en retraite mais d’une réorganisation de mes priorités », a-t-il déclaré. L’annonce de ce départ n’a pas surpris les spécialistes de la Silicon Valley aux Etats-Unis. Le processus était déjà en place depuis quelques années. En janvier 2000, Bill Gates a, en effet, laissé à Steve Ballmer la direction générale du groupe, préférant occuper le poste d’architecte logiciel en chef, un emploi taillé sur mesure.
Entre fascination et répulsion, l'homme à l'éternel visage d'adolescent est devenu le capitaliste le plus caractéristique de son époque : le groupe équipe aujourd’hui neuf ordinateurs sur dix dans le monde. Le génie de l'informatique crée Microsoft à l'âge de 19 ans, à sa sortie de Harvard en 1975, avec son ami Paul Allen. Son habileté dans les négociations commerciales et dans le domaine du marketing vont conduire Microsoft au sommet de l'industrie informatique, en deux décennies. Aujourd'hui, le fabricant de logiciels continue à faire un milliard de dollars de bénéfices par mois. En 2005, le groupe a dégagé plus de 12 milliards de bénéfices pour un chiffre d’affaires de près de 40 milliards.
Une fortune personnelle de 50 milliards de dollars
Son alter ego Steve Ballmer, l’actuel directeur général du groupe, devrait continuer à la tête de la compagnie. L’actuel responsable technique Ray Ozzie va prendre immédiatement le titre d’architecte en chef des logiciels et Craig Mundie, autre responsable technique, s’est vu confier le département de la recherche et de la stratégie. «Nous avons préparé une transition en douceur sur deux ans. L’équipe de Ballmer continuera notre travail. Nous avons plusieurs produits-clés leaders. Nos activités sont solides et ont de claires perspectives de succès », a expliqué Bill Gates. Son départ intervient toutefois à un moment où le règne de Microsoft n’est plus aussi incontesté qu’il y a quelques années, avec notamment la puissance de Google. Le leader de la recherche sur le Net ne cesse en effet de mordre sur son territoire en lançant des applications logicielles sur internet. Le groupe de Redmond a du également résister à des concurrents de plus en plus efficaces : les logiciels libres. Plus de 20 millions de personnes dans le monde utilisent le système d’exploitation libre Linux qui remplit les mêmes fonctions que Windows. Plus de 50% des serveurs Web dans le monde tournent sous le logiciel libre Apache. De quoi donner des sueurs froides au géant de l’informatique qui fait tout, depuis quelques années, pour modifier l’image de ses produits et leur positionnement.
Le visage caché derrière de grosses lunettes, l’homme le plus riche de la planète ne se fait pas remarquer par des démonstrations ostentatoires de richesse. On lui connaît seulement une immense demeure high-tech dominant un lac à Medina, non loin du siège du groupe à Redmond, dans l’Etat de Washington. Son immense fortune personnelle estimée à 50 milliards de dollars, selon le magazine Forbes, lui a permis de se lancer dans la philanthropie. Il crée en 2000 la «Bill and Melinda Gates Foundation» avec sa femme. Rencontrée alors qu’elle était ingénieur chez Microsoft, il l’a épousée en 1994. Le couple a aujourd’hui trois enfants. C’est à cette Fondation que veut se consacrer désormais le multimilliardaire américain.
Riche de 29 milliards de dollars, la Fondation œuvre dans le monde entier à grands coups de millions pour que les traitements médicaux liés au sida et à la tuberculose soient accessibles à tous ceux qui en ont besoin. Outre la lutte pour la santé publique, la Fondation investit dans l’enseignement. Elle a ainsi aidé la quasi-totalité des bibliothèques aux Etats-Unis à s’équiper en ordinateurs pour accéder à internet. Pour ses engagements humanitaires, l’homme, a été élu, par Time Magazine, personnalité de l’année 2005. Un sacré chemin pour Big Bill qui a été longtemps le capitaine d’industrie le plus détesté sur la Toile, la «tête à toto du rezo» : un des surnoms de Bill Gates dans les groupes de discussions.
par Myriam Berber
Article publié le 16/06/2006Dernière mise à jour le 16/06/2006 à TU