Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Iran/Royaume-Uni

Londres durcit le ton sur fond de négociations

La capture d’écran de la télévision iranienne montrant les marins britanniques, lundi 2 avril. 

		(Photo : Reuters)
La capture d’écran de la télévision iranienne montrant les marins britanniques, lundi 2 avril.
(Photo : Reuters)
Londres et Téhéran souhaitent trouver une issue honorable à la crise qui envenime les relations bilatérales, dix jours après la capture par des Gardiens de la Révolution de quinze marins et fusiliers-marins britanniques, dans le Golfe, le 23 mars dernier. Cependant le Premier ministre britannique Tony Blair a prévenu, ce mardi, que si l’Iran ne relâchait pas les militaires de la Royal Navy, «des décisions de plus en plus fermes seront prises».

Si, à la mi-journée de mardi, le Premier ministre Tony Blair s'était montré relativement optimiste quant à une solution diplomatique de l'affaire des marins britanniques capturés, en fin de journée, la secrétaire au Foreign Office appelait à la prudence au sujet d'un éventuel dénouement rapide de ce dossier. Auparavant, Margaret Beckett, chef de la diplomatie britannique, avait déclaré : «Ce que nous voulons, c’est trouver une issue de façon pacifique».

Réaction similaire, côté iranien. Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, Ali Larijani a déclaré, hier lundi, sur la chaîne britannique Channel Four, vouloir privilégier «la voie diplomatique ».

Pour le gouvernement iranien, l’heure n’est plus au procès, ni aux excuses officielles, comme l’exigeait dimanche encore le président Mahmoud Ahmadinejad, qui dénonçait «l’arrogance» de la Grande-Bretagne. En revanche, les responsables britanniques sont sommés de fournir une «explication de la violation de la souveraineté iranienne», et de donner des garanties pour éviter que ne se reproduise ce genre d’incident. M. Larijani, lundi, et le président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement, Allaeddine Broujerdi, mardi, ont demandé, l’envoi d’une mission par Londres en Iran.

Selon le quotidien britannique The Guardian, Londres pourrait envoyer une équipe d’experts de la marine et des diplomates pour discuter des conditions d’un accord bilatéral, afin d’éviter une répétition de la crise. Téhéran accuse les marins britanniques d’avoir violé les eaux territoriales dans la partie iranienne du Chatt-al-Arab, ce que, images satellites à l’appui, conteste Londres, qui parle d’une mission de routine dans les eaux irakiennes.

La prudence est de mise

L’ex-ambassadeur britannique en Iran, sir Richard Dalton, s’est montré prudent, mardi, sur la chaîne de télévision News 24. Selon lui, il ne faut pas s’attendre à une libération immédiate, «car il y a encore beaucoup à discuter».

Tony Blair indigné par la présentation, à deux reprises, des prisonniers à la télévision iranienne, avouant être entrés illégalement dans les eaux territoriales iraniennes, a ajouté que «Téhéran ne trompe personne, en tentant ainsi d’instrumentaliser les militaires».

Le chef de gouvernement britannique a reçu le soutien de la communauté internationale qui craint, par ailleurs, que cette affaire ne vise, pour le régime islamique, à détourner l’attention du dossier nucléaire iranien. Suite à la demande onusienne au gouvernement iranien de permettre «un accès consulaire aux quinze marins», le président américain George W.Bush a dénoncé depuis Camp David «le comportement inexcusable de Téhéran». Et dans un discours prononcé à l’Université hébraïque de Jérusalem, la chancelière allemande, Angela Merkel, dont le pays assure la présidence de l’Union européenne, a assuré le Royaume-Uni du «soutien total des Etats-membres» pour exiger la libération des quinze soldats.

Le président Ahmadinejad a repoussé de 24 heures une conférence de presse prévue ce mardi. De nouvelles photos des marins capturés ont été diffusées également ce jour par l’agence de presse iranienne semi-officielle Fars. La seule femme du groupe, Faye Turney, est photographiée sans le foulard islamique qu’elle portait dans ses apparitions précédentes. Six marins souriants et sans uniforme sont assis sur un tapis, autour d’un plat de nourriture. Alors que Téhéran se dit optimiste sur une prochaine libération, le Premier ministre Tony Blair affirme de son côté que les deux prochains jours seraient cruciaux.



par Françoise  Dentinger

Article publié le 03/04/2007 Dernière mise à jour le 03/04/2007 à 16:21 TU