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Côte d'Ivoire

La ZDC va disparaître

Les casques bleus de l'Onuci en position dans le village de Bania. 

		(Photo : AFP)
Les casques bleus de l'Onuci en position dans le village de Bania.
(Photo : AFP)

Au cours de leur réunion mercredi 11 avril à Abidjan, les représentants des forces loyalistes et rebelles ivoiriennes, ceux des Nations unies et de l’armée française ont entériné officiellement la suppression de la «zone de confiance» (ZDC) à partir du lundi 16 avril à minuit, comme le prévoit l'accord signé le 4 mars à Ougadougou. Depuis 2002, cette zone démilitarisée sépare le nord rebelle du sud loyaliste. Il s'agit d'un tournant politique après plus de quatre ans de crise. Cette réunion devait également permettre aux quatre parties de se mettre d'accord sur la façon dont les forces ivoiriennes vont reprendre le contrôle de la ZDC.


Le démantèlement de la «zone de confiance» (ZDC) est une des dispositions majeures de l’accord inter-ivoirien conclu le 4 mars sous les auspices du Burkina Faso. Cet accord stipule que les «forces impartiales» - casques bleus et soldats français sous mandat des Nations unies (Onu) - se replieront dans des postes d'observations placés le long de la «ligne verte», et que le nombre de ces postes «sera réduit de moitié tous les deux mois jusqu'à leur retrait total». Ces «forces impartiales» internationales seront remplacées progressivement, à partir du 16 avril prochain, par des patrouilles mixtes ivoiriennes composées de loyalistes et d’ex-rebelles.

La semaine dernière, les responsables de l’armée ivoirienne et de l’ex-rébellion des Forces nouvelles ont convenu de déployer une force mixte de 180 hommes pour commencer à prendre le contrôle de la ZDC. Beaucoup de questions restent cependant en suspense : combien de postes d'observations seront mis en place ? Combien de soldats ivoiriens assureront les patrouilles mixtes? Seront-elles associées à des «forces impartiales» dans un premier temps? Les «forces impartiales» vont-elles se redéployer ailleurs dans le pays, où le quitter progressivement?

Quelque 7 800 casques bleus de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) et 3 500 militaires français de l’opération Licorne, déployés sous mandat de l’Onu, étaient notamment chargés de surveiller la ZDC, bande démilitarisée de quelque 12.000 km2 qui s'étend d'est en ouest du pays. Instaurée après la tentative de coup d'Etat rebelle contre M. Gbagbo à la fin 2002, la ZDC avait pour objectif éviter les affrontements entre les forces loyalistes, au sud, et les rebelles des Forces nouvelles, au nord.

«J'irai brûler les fusils à Korhogo, à Bouaké, à Man»

Le mandat de ces «forces impartiales» des Nations unies en Côte d’Ivoire a été prorogé, en janvier dernier, jusqu’à la fin juin 2007. Jusqu’ici, ni l’Onuci ni le gouvernement français n’ont annoncé officiellement un retrait de leurs troupes du pays. Les autorités françaises ont, à plusieurs reprises, montré des signes d’une volonté de désengagement de Côte d’Ivoire. Le gouvernement français n'a eu de cesse de souligner ces derniers mois le coût élevé de l’opération Licorne pour le contribuable français, soit 250 millions d'euros par an.

Quelques heures à peine après la signature de l’accord du 4 mars, la ministre déléguée à la Coopération, Brigitte Girardin, avait estimé qu'un retrait de la communauté internationale de Côte d’Ivoire était envisageable «dès maintenant». Puis, le 22 mars, l’armée française a annoncé une réduction de son contingent à moins de 3 000 militaires dans les deux mois. Néanmoins, Paris reste prudent et évite toute précipitation. Tout en souhaitant que les «premières étapes» sur le retrait des troupes françaises puissent être «définies» avant le départ du gouvernement actuel en mai prochain, le Premier ministre français Dominique de Villepin a aussi déclaré à la mi-mars que la France ne décidera pas unilatéralement le retrait de ses troupes de Côte d’Ivoire mais le fera «en liaison avec la communauté internationale et l’ensemble de la région». La France envisagerait un retrait progressif après les élections ivoiriennes.

Le président Laurent Gbagbo, célébrant les fêtes de Pâques dimanche à Kouadioblékro, dans le département de Bocanda (centre-est du pays), a annoncé qu’il fixerait prochainement par décret la date des élections, sans cesse repoussées depuis la fin de son mandant en 2005. «Nous avançons vers la paix», a déclaré le chef de l’Etat. Tout en se réjouissant de la suppression de la «zone de confiance», le président ivoirien a annoncé pour bientôt une tournée dans tout le pays, y compris dans le nord rebelle où il ne s’est pas rendu depuis 2002. «A partir du 16 avril, à minuit, vous aurez la liberté de circuler sur toute l’étendue du territoire (…) Quand on aura levé la zone de confiance, moi-même, j'irai brûler les fusils qu'on a ramassés. J'irai brûler les fusils à Korhogo, à Bouaké, à Man. Et puis, je vais faire une tournée à travers la Côte d'Ivoire», a-t-il affirmé.



par Elisa  Drago

Article publié le 11/04/2007 Dernière mise à jour le 11/04/2007 à 18:02 TU